SCIENCES- ESPACE- AVENTURE SPATIALE ALGERIENNE
Il y a 20 années, le pays se tournait vers les étoiles
L’épopée spatiale algérienne
Une
belle aventure qui allait propulser l’Algérie dans le giron des grandes
nations, en quête de technologies spatiales avancées,
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L’Expression/ Mohamed Ouanezar , dimanche 4 décembre 2022
Jeudi 28 novembre 2002. Il est exactement 7h07
heure algérienne, (9h07 heure de Moscou). Une fusée porteuse légère Cosmos-3 m,
à bord de laquelle un satellite qui allait propulser l'Algérie au rang de
nation spatiale, fond le ciel moscovite à une vitesse vertigineuse. L'Algérie
venait de lancer son premier satellite Alsat 1,
pionnier dans l'histoire spatiale nationale, à partir de la station «cosmodrome de Plessetsk» en
Russie. Un instant magique et historique, surtout, puisqu'à partir de cet
instant les scientifiques algériens, hommes et femmes, soutenus par les
responsables du pays allaient franchir, inéluctablement, le grand pas vers la
conquête de l'espace. D´un poids d'à peu près 100 kg, ce premier satellite
allait faire profiter l'Algérie de précieuses techniques et données dans la
gestion des ressources naturelles et la prévention des comme les et les.
Faisant partie du programme Disaster Monitoring
Constellation (DMC) comprenant l'Algérie, le Royaume-Uni, la Chine, le Nigeria
et la Turquie. Un programme qui vise à prévenir les catastrophes naturelles
dans le monde. Ce premier satellite aura permis de «fournir
des informations sur les feux de forêt, lors de la canicule de 2003 touchant
plusieurs pays européens du Bassin méditerranéen (France, Portugal, Espagne),
ceux de la Grèce en 2008, les inondations survenues aux Philippines en 2004 et
le séisme de la même année qui a touché l'île de Sumatra, l'Indonésie ainsi que
le Sri Lanka». Alsat1 a permis également à l'Algérie d'assurer la présidence.
Le rêve fou d'une poignée de scientifiques algériens
Pour rappel, «Alsat-1 est le premier satellite lancé
de la constellation DMC. Plus de 20 années se sont écoulées depuis ce moment
historique et l'Algérie semble maîtriser, de mieux en mieux, ces techniques
spatiales et acquérir davantage d'expertises et d'expériences dans ce domaine
réservé aux grandes nations de ce monde. Le rêve spatial algérien était permis
et pouvait désormais prendre forme sur le terrain de la réalité. Alsat1,
pionnier des satellites algériens, était le prélude à une série de satellites
DZ, de plus en plus perfectionnés. Premier satellite artificiel algérien d'une
série de six autres satellites mis sur orbite depuis. Une belle aventure qui
allait propulser l'Algérie dans le giron des grandes nations, en quête de
technologies spatiales avancées, en vue de conquérir l'espace. Le rêve fou
d'une poignée de scientifiques algériens devenu réalité. Mais avant que toute
cette aventure ne prenne forme, il aura fallu toute une structuration et un
travail de fourmis, en amont et en aval, pour aboutir à ces résultats probants.
C'est à Arzew, une petite ville (un pôle pétrochimique d'envergure), située à
une quarantaine de kilomètres à l'est de la ville d'Oran, deuxième capitale à
l'ouest du pays, que le rêve a commencé entre une poignée de scientifiques
algériens visionnaires et précurseurs. Ils y avaient cru fermement. Conscients
des enjeux et des défis qui se dressent sur le chemin du pays, en quête de
développer et maîtriser les technologies spatiales, les responsables du pays
ont donné leur quitus à ces scientifiques et, à leur tête, le professeur
Azzedine Oussedik. «L'objectif
principal est de faire de l'outil spatial un vecteur performant de développement
économique, social et culturel du pays et d'assurer la sécurité et le bien-être
de la communauté nationale», pouvait-on conclure à l'époque du côté des hautes
sphères du pays. C'est en 1987 que l'Algérie se dote d'un Centre national des
technologies spatiales (Cnts) basé dans cette ville
pétrochimique. Le Cnts est chargé notamment de «projets intégrant la télédétection et les systèmes
d'information géographique (SIG) pour la gestion des ressources naturelles, la
protection de l'environnement, l'aménagement des territoires urbains et ruraux,
sans oublier les infrastructures routières et ferroviaires». Pour parfaire son
travail le Cnts fera appel au Surrey Satellite Technology Ltd (Sstl), relevant
de l'université britannique du Surrey. Loin de se contenter de cette structure
qui avait effectué, en amont, un travail remarquable par ces scientifiques
algériens précurseurs dans ce domaine précis. Sur recommandations de ces
derniers, les autorités nationales procéderont, le 16 janvier 2002, à l'installation
de l'Agence spatiale algérienne (Asal). C'est à cette
agence dotée d'une centaine de chercheurs et d'ingénieurs qu'échoit, désormais,
la mission de déployer la politique spatiale nationale;
l'espace doit devenir «un vecteur important pour le développement économique,
social et culturel du pays», devait-on considérer à l'époque. Déjà avec le
premier programme et grâce au niveau de maîtrise des équipes scientifiques
algériennes, Alsat1 permettra à l'Algérie de présider de 2014 à 2015, le comité
des Nations unies pour l'utilisation pacifique de l'espace extra-atmosphérique.
Face à cette ambition «démesurée» de ces chercheurs
algériens chevronnés, l'effectif activant au sein de l'agence passera de 100 à
600 entre chercheurs et ingénieurs entre 2002 et 2019.
Des ambitions spatiales effrénées
Aujourd'hui, l'Algérie compte un paysage structurel fourni d'institutions
spatiales qui n'ont rien à envier aux grandes institutions américaines, russes,
chinoises et autres européennes. Le premier noyau dur de cette folle expédition
aura été un groupe de chercheurs et de scientifiques, dont une dizaine a suivi
et accompagné l'ensemble du processus du programme spatial national. En effet,
le programme du premier satellite conjoint avec le centre spatial de Surrey du
Royaume-Uni, aura permis à une équipe de 11 chercheurs du Cnts,
ayant suivi tout le processus relatif à la conception, au développement, à la
réalisation des différents sous-systèmes composant Alsat-1, à leur assemblage,
à leur intégration et à leurs tests, d'acquérir l'expertise requise. Les
satellites algériens dont Alcomsat auront également
permis la constitution d'un fonds en exploitation, à travers des centaines de
milliers d'images et de photos collectées et servant dans différents domaines
d'application. Tel le cas pour les projets de développement de l'agriculture
saharienne (Biskra et El Oued), la gestion des zones steppiques, la
délimitation des périmètres miniers, une cartographie avec un système
d'information géographique de la zone de Béjaïa, mise à jour cartographique du
littoral national, etc. Forte de son expertise ascendante et de son potentiel
scientifique, l'Algérie a entamé un ambitieux programme de parachèvement de
cadre organisationnel et fonctionnel, à travers l'implantation de nouvelles structures
spatiales spécialisées, comme le Centre des applications spatiales (CAS), le
Centre de développement des satellites (CDS) et le centre d'exploitation des
systèmes de télécommunications (Cest). Le programme
spatial algérien a «contribué à renforcer la capacité
et l'autonomie de l'Algérie en matière d'imagerie satellitaire à haute
résolution nécessaire pour offrir des données transparentes pour la prise de
décision avec un temps de réponse réduit», devait-on souligner à l'époque. Pour
le professeur Oussedik, «le
renforcement de la souveraineté nationale en matière de télécommunications, à
travers la mise en place d'un réseau de transmissions approprié, performant et
sécurisé». Aujourd'hui, l'Algérie peut se targuer d'avoir des ingénieurs
capables de contrôler et de procéder à des tests en orbite, opérées de manière
autonome à partir du territoire national. C'est vous dire le génie algérien...