FINANCES- ETUDES ET ANALYSES -RAPPORT ANNUEL 2022 DE LA
COUR DES COMPTES (EXTRAIT :RECETTTES BUDGETAIRES)
(II/V)
© Samir Rouha/L’Expression, S 26/11/2022
C'est un rapport sans complaisance
qu'a rendu public la Cour des comptes. Un rapport reprenant les principaux
résultats des travaux de contrôle réalisés par la Cour des comptes, au titre de
son programme d'activité de contrôle pour l'année 2021. Dans son rapport
annuel, l'institution présidée par Abdelkader Benmarouf
n'a pas fait dans la dentelle. Pire, elle tance plusieurs institutions
étatiques, régies par les règles de la comptabilité publique, et secteurs
économiques, régentés par la législation et la comptabilité commerciale. À ce
titre, l'accent est particulièrement mis sur l'évaluation des conditions de
recouvrement des recettes budgétaires ainsi que sur l'appréciation de
l'exécution des dépenses de fonctionnement et d'équipement publics. C'est ainsi
qu'au titre des administrations de l'État, le contrôle de la Cour des comptes
s'est penché sur les différents dispositifs de gestion et de supervision du
secteur public marchand dont les organes de gouvernance, successifs, mis en
place par l'État peinent à assurer une maîtrise des informations économiques et
financières, un suivi des fonds publics investis par l'État et l'élaboration
des stratégies y afférentes, relève le document. Tandis que de nombreuses
lacunes, entravant la mise en oeuvre de certains
programmes et mesures initiés par les pouvoirs publics dans les domaines
économique et social, ont été relevées. À titre d'exemple, le rapport cite le
programme de constitution d'un réseau logistique et d'entreposage frigorifique
public, destiné à assurer la régulation du marché des produits agricoles de
large consommation (ministère de l'Agriculture et du Développement rural), des
aides financières accordées par l'État pour la promotion des exportations
(ministère du Commerce et la Promotion des exportations) et du Programme
national de périnatalité, conçu pour réduire certains problèmes affectant la
paire mère et nouveau-né (ministère de la Santé). Le rapport a également mis en
exergue la difficulté des communes d'assurer aux élèves scolarisés un repas
conforme aux normes requises, en raison de multiples contraintes liées à
l'organisation, au fonctionnement et au financement des cantines scolaires.
Concernant l'évaluation du secteur public marchand, le rapport indique qu'il se
caractérise par une faible rentabilité, une valeur ajoutée peu contributive à
la formation du produit intérieur brut (PIB), mais surtout par un
surendettement des EPE (Entreprise publique économique) et une
faible retour des investissements de l'État. Une situation induite par
la faiblesse des dispositifs de gestion et de contrôle. D'ailleurs, souligne le
rapport, les états financiers des groupes et des EPE non affiliées de
l'exercice 2019 n'étaient pas encore approuvés par leurs assemblées générales.
Des entreprises surendettées et menacées par le risque d'incapacité de
rembourser leurs dettes. Il est également reproché à ces EPE du secteur
l'opacité dans laquelle elles sont gérées. Les procès-verbaux transmis au CPE
(Conseil de participation de l'État) ne comportent pas les rapports de gestion
et états financiers qui traduisent leur situation économique et financière et
leur performance. À cet égard, le rapport de la Cour des comptes fait ressortir
qu'en dépit d'une réduction de la capacité d'entreposage frigorifique à hauteur
de 600000 m3, le programme portant constitution d'un réseau logistique et
d'entreposage frigorifique public n'a pas été mené à terme au 31 décembre 2021,
alors que la consommation des crédits alloués au plan d'investissement n'a pas
dépassé 50%. «Le redimensionnement du plan
d'investissement, les lenteurs dans sa mise en oeuvre
et les réévaluations successives du coût des travaux ont induit une
multiplication par 5 du coût de sa réalisation et une hausse conséquente de la
charge financière y afférente, ce qui ramène le coût global du programme à près
de 54 Mrds de DA», indique le rapport. Il en est de même pour le Fonds spécial
pour la promotion des exportations (Fspe) qui n'a pas
contribué substantiellement au développement des exportations. Entre 2017 et
2020, les recettes disponibles, représentant 49 Mrds en 2020, n'ont été
utilisées qu'à hauteur de 3%. «Au-delà des retards
importants enregistrés dans le traitement des demandes des remboursements dus
aux exportateurs, peu d'entreprises bénéficient, actuellement de l'aide
financière au titre de la promotion des exportations», note le rapport.