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Population mondiale 2022

Date de création: 15-11-2022 19:32
Dernière mise à jour: 15-11-2022 19:32
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POPULATION- DEMOGRAPHIE- POPULATION MONDIALE 2022

 

© Afp, mardi 15 novembre 2022

Douze ans après avoir franchi le seuil des 7 milliards d'habitants, la population mondiale a dépassé ce mardi 15 novembre 2022  les 8 milliards d'habitants, selon l'ONU. Il faudra à peine un peu plus de temps, 15 ans, pour gagner un milliard d'habitants supplémentaires, et atteindre les 9 milliards d'habitants en 2037. L'ONU projette un « pic » à 10,4 milliards dans les années 2080 et une stagnation jusqu'à la fin du siècle.

Une croissance sans précédent (la population mondiale s'élevait à 2,5 milliards d'habitants en 1950) provenant par « l'augmentation progressive de la durée de la vie grâce aux progrès réalisés en termes de santé publique, de nutrition, d'hygiène personnelle et de médecine », rappelle l'ONU. Cette croissance démographique, qui s'accompagne d'une urbanisation croissante et majoritaire à l'échelle mondiale depuis 2010, pose aussi de redoutables défis aux pays les plus pauvres, où elle se concentre le plus.

La barre des 8 milliards est franchie en pleine conférence mondiale sur le climat, la COP27, à Charm el-Cheikh, qui souligne une fois de plus la difficulté des pays riches, les plus responsables du réchauffement de la planète, et des pays pauvres, qui réclament de l'aide pour y faire face, à s'entendre pour faire baisser de manière plus ambitieuse les émissions de gaz à effet de serre provenant des activités humaines. Or, rappelle l'ONU, « si la croissance démographique amplifie l'impact environnemental du développement économique », « les pays où la consommation de ressources matérielles et les émissions de gaz à effet de serre par habitant sont les plus élevées, sont généralement ceux où le revenu par habitant est le plus élevé et non ceux où la population augmente rapidement ».

« Notre impact sur la planète est déterminé bien plus par nos comportements que par notre nombre », résume pour l'AFP Jennifer Sciubba, chercheuse en résidence au cercle de réflexion Wilson Center.

Et c'est bien dans les pays qui concentrent déjà une forte pauvreté que la croissance démographique pose des défis majeurs.

« La persistance de niveaux de fécondité élevés, à l'origine d'une croissance démographique rapide, est à la fois un symptôme et une cause de la lenteur des progrès en matière de développement » écrit l'ONU. Ainsi, l'Inde, pays de 1,4 milliard d'habitants, qui deviendra le plus peuplé du monde en 2023, surpassant la Chine, devrait connaître ces prochaines décennies une explosion de sa population urbaine avec des mégapoles déjà surpeuplées et en manque d'infrastructures essentielles. A Bombay, 40% environ de la population vit dans des bidonvilles, des zones de misère surpeuplées, constituées de baraquements de fortune, pour la plupart dépourvues d'eau courante, d'électricité et de sanitaires. Les chiffres mondiaux masquent une immense diversité démographique. Ainsi, plus de la moitié de la croissance de la population d'ici 2050 viendra de seulement 8 pays selon l'ONU: République démocratique du Congo, Egypte, Ethiopie, Inde, Nigeria, Pakistan, Philippines et Tanzanie. Et à la fin du siècle, les trois villes les plus peuplées au monde seront africaines : Lagos au Nigeria, Kinshasa en RD Congo et Dar Es Salaam en Tanzanie.

 Faut-il faire moins d'enfants pour sauver la planète comme le préconisent certaines associations écologiques ?  Selon une enquête publiée en 2021 par The Lancet, menée auprès de 10.000 personnes, dans dix pays de tous les continents, 39% des jeunes de 16 à 25 ans « hésitent à faire des enfants » car ils sont inquiets face au changement climatique. L'idée a été relayée au Royaume-Uni en 2018 par les tenants d'une « grève des naissances » (« birthstrike »), et au Canada par des étudiants qui s'engageaient à ne pas avoir d'enfants tant que le gouvernement n'agirait pas davantage contre le changement climatique. En Allemagne, une autrice anti-nataliste, Verena Brunschweiger, a fait polémique en décrivant la parentalité comme une démarche « égoïste ».

« Beaucoup de gens s'interrogent » mais le phénomène reste difficile à quantifier, nuance le consultant français Emmanuel Pont, auteur du récent livre « Faut-il arrêter de faire des enfants pour sauver la planète? » (éditions Payot). D'autant que l'environnement n'est pas la seule motivation de ceux qui refusent de devenir parent et que certains finissent par changer d'avis. Selon une étude publiée en 2014 par deux chercheurs australiens, « même avec des politiques de l'enfant unique imposées partout dans le monde et des événements entraînant une mortalité catastrophique, il y aurait toujours probablement entre 5 et 10 milliards d'êtres humains en 2100 ».

En outre, au-delà de cette question de l inertie démographique », le lien entre démographie et protection du climat ne fait pas consensus. Une étude publiée en 2017 par deux spécialistes nord-américains du changement climatique avait conclu qu'avoir « un enfant de moins »  était beaucoup plus efficace en termes de bilan carbone que de renoncer à la voiture, aux voyages en avion ou à la consommation de viande. Mais d'autres scientifiques ont contesté ces résultats, au motif que les auteurs avaient considéré que les générations futures auraient forcément un niveau de consommation aussi néfaste pour l'environnement que leurs aînés. Or « nos enfants ne sont pas condamnés à rouler en SUV et à s'envoler tous les weekends pour Ibiza », ironise Emmanuel Pont. Pour autant, limiter la fécondité pour lutter contre le réchauffement n'a « rien d'absurde », selon lui... au même titre que faire isoler son logement ou limiter ses voyages en avion.