CULTURE- PERSONNALITES-
BENHADOUGA ABDELHAMID (ECRIVAIN) (complément)
Natif de Bordj Bou-Arréridj en 1925, Abdelhamid Benhadouga
(1925- 1996) s'est
naturellement orienté vers le roman, une forme d'écriture toute désignée pour
exprimer les maux sociaux refoulés ou le quotidien difficile des Algériens,
inspiré par son environnement rural très affecté par la barbarie coloniale.
Ayant fait ses classes à Constantine, à l'institut El Ketania
proche du Parti populaire algérien (PPA), Abdelhamid Benhadouga
était très proche des militants de ce parti puis de ceux du Mouvement pour le
triomphe des libertés démocratiques (MTLD). Après un séjour et une formation
professionnelle en France, au plus proche des ouvriers algériens, il va
poursuivre ses études à Tunis à l'institut Zeitouna
et dans une école de théâtre. Militant dans le milieu estudiantin à Tunis,
Abdelhamid Benhadouga a été arrêté par les autorités
coloniales à Tunis en 1952. De retour en Algérie, il va enseigner à Constantine
avant de regagner Tunis en 1958, où il va produire des émissions culturelles et
littéraires à la radio, et écrire et traduire des pièces radiophoniques. Si
l'œuvre de Benhadouga mettait en lumière les
souffrances du peuple et les séquelles de l'occupation française, ses personnages
et héros de fiction étaient souvent «rebelles»,
révoltés et imprégnés d'idées novatrices et surtout opposés à l'ordre colonial
établi. Ses débuts dans l'écriture remontent à 1952 avec la poésie qui ne l'a
pas privé d'accéder à la notoriété par le roman avec notamment «Rih el djanoub» (Le vent du
Sud), son premier roman considéré comme précurseur de la littérature
d'expression arabophone en Algérie et marque le début d'une transformation
majeure dans le récit algérien. Adapté en téléfilm en 1975 par le réalisateur
Slim Riad, auquel participent de grands comédiens algériens,
«Le vent du Sud» qui a connu un large succès comme roman a inspiré une
œuvre cinématographique de référence pour le cinéma algérien. Benhadouga a publié également «Nihayat el ams» (La fin
d'hier, 1975), «Banae assoubh»
(1980) et «El-djaziya wa el
darawich» (1983), autre roman à grand succès, en plus
de «Ghadan yaoum djadid» (1997). Prolifique, Benhadouga
a publié de nombreuses nouvelles notamment «Dhilal djazaira» (Ombres
algériennes), son premier recueil de nouvelles sorti en 1961 et «Al achiâa essabaa» (1961) en plus
des poèmes avec «El arawah shaghira»
(Ames vacantes, 1967) et un ouvrage sur les proverbes algériens sorti en 1992.
Il a aussi écrit et traduit des pièces de théâtre en plus de la traduction de
nombreuses œuvres littéraires universelles et un essai de l'avocat français
Jacques Vergès qui a défendu notamment la militante et moujahida
Djamila Bouhired. Traduites dans plusieurs langues,
les œuvres de Benhedouga ont suscité l'intérêt des
universitaires et académiciens et fait l'objet de nombreux colloques et encontres qui ont revisité le parcours de cet auteur à la
riche carrière littéraire. En 2016, le prix»Katara»
du roman arabe a mis à l'honneur l'œuvre de Benhedouga,
consacré «personnalité de l'année». Benhadouga a
occupé plusieurs postes de responsabilité notamment comme directeur de
l'Entreprise nationale du livre avant d'être nommé en 1990 président du Conseil
national de la culture. En 2017, il est décoré, à titre posthume, de la
médaille de l'ordre du Mérite national au rang de «Djadir».