SANTÉ- MALADIE-
CANCER DU SEIN (complément)
L a lutte contre le cancer du
sein est devenue une priorité pour les Etats puisqu’une femme sur 8 en
développe un durant sa vie. En Algérie, la courbe est en ascension. Le nombre
de nouveaux cas s’élève à 50.000 chaque année dont 15.000 cas de cancer du sein
devenu la première cause de mortalité chez les femmes, soit 40% du total des
cancers. Plusieurs spécialistes affirment que cette pathologie est un tabou
dans la société algérienne. Pour le Dr. Amina Abdelouahab,
sénologue au Centre Pierre et Marie Curie (CPMC) de l’hôpital Mustapha-Pacha
d’Alger, le nombre de femme touchées durant les années 90 n’a pas dépassé les
400 cas alors qu’en 2021 le chiffre est de 15.000 nouveaux cas avec plus de
3.500 décès par an soit un taux 28%. «Nous
souhaiterions que cette maladie soit plutôt dépistée que diagnostiquée»,
a-t-elle affirmé. «Ces chiffres nous font vraiment
peur, raison pour laquelle ils ont insisté sur le fait de dire qu’il s’agit
d’un réel cas de santé publique puisque toutes les femmes sont en danger»,
at-elle ajouté. La praticienne a invité toutes les femmes, à partir de 40 ans,
à faire une mammographie et une échographie mammaire et éviter les phases
métastatiques. «Il ne faut pas attendre d’être malade
pour aller consulter, le temps c’est la vie», a-t-elle dit. Dr. Abdelouahab a insisté sur la nécessité pour la femme de
procéder à une auto-palpation. Toutes les études
démontrent que le cancer du sein touche de plus en plus les femmes jeunes. Pour
le Dr. Lamia Kara, maître assistant en épidémiologie à l’Université
Ferhat-Abbas de Sétif, l'Algérie compte parmi les rares pays où l’âge est très
bas. Selon les données du Registre national du cancer, l’âge moyen est de 40
ans, voire moins. Elle a fait savoir que les projections entre 2020 et 2025
montrent que la courbe sera en exponentiel, le chiffre passera de 14.000
nouveaux cas en 2020 à plus de 17.000 en 2025. La tendance de la survie, selon
une étude internationale, montre que le taux de survie a connu une
amélioration. Il est passé de 55,6% entre 2006-2009 à 70% entre 2010-2014.
L’accent doit être mis sur la sensibilisation et le dépistage précoce pour
éviter les stades avancés de la maladie puisqu’actuellement plus de 67% des
femmes consultent au stade tardif. Le défi avec toute cette campagne de
sensibilisation sera de réduire ce taux à 30%.
Le Pr. Abderrazak Bouamra,
chef de service épidémiologie à l'hôpital de Tipasa, a fait savoir qu’au stade
précoce de la maladie, le taux de survie est de 99% et pour un cancer
diagnostiqué à un stade tardif, le taux de survie est de 26% d’où l’intérêt du
dépistage. Selon lui, les autorités sanitaires doivent investir encore plus
dans la prévention, clé de réussite, en commençant par la lutte contre les
facteurs de risque qui sont multiples et non totalement élucidés. Le facteur
génétique représente 5 à 10 % des cas. A cela s'ajoutent les antécédents
familiaux, hormones et antécédents menstruels et infections antérieures au
sein. Quant aux facteurs de risque liés au mode de vie, le professeur a cité le
tabac passif et actif, la sédentarité, l’obésité et alimentation déséquilibrée.
Il a enfin rappelé que les données recueillies par les registres des cancers
doivent être prises en considération dans l’élaboration et la planification des
actions de prévention pour rédu