CULTURE- MUSIQUE- TETMA (CHEIKHA)
Cheikha Tetma fait partie de ces musiciens qui ont marqué la vie
artistique algérienne dans la première moitié du XXe siècle. Elle a été la
première femme à chanter et organiser des fêtes à Tlemcen. De son vrai nom Fatéma Tabet, née en 1891 à Tlemcen (Algérie) où elle
décéda le 22 avril 1962, est une interprète algérienne de musique et genre hawfi. Enfant, elle fréquente, comme beaucoup de gamins de
son âge, l’école coranique où elle y apprend le Coran et la langue arabe auprès
de cheikh el Iraqi el Hadj Mohamed. Mais c’est auprès de Moulay Ahmed Medeghri, dit Serfaqo, barbier
musicien et poète, qu’elle s’initie à la musique. Sa mère, issue d’une famille
de mélomanes, l’encourage. Plus tard, elle est prise en charge par les frères
Dib (Mohamed et Ghaouti), grands maîtres de la
musique andalouse de l’époque à Tlemcen. C’est en 1916, qu’elle se produit pour
la première fois en public lors d’une fête foraine organisée place de la Mairie
à Tlemcen. Cheikha Tetma
joue au sein de l’orchestre de Braham ed Derrai, musicien de confession
juive. C’est le début d’une longue carrière. Jouant du luth, de la kouitra et du violon, elle et son orchestre vont enchanter
le site d’El Ourit (les Cascades) lors de ses
interprétations de hawfi, un genre musical propre aux
femmes. Le passage au hawzi se fait de manière aisée
et la musicienne va également interpréter les œuvres des maîtres El Mandassi, Bentriki, Ben M’Saïb et Bensahla. L’année 1918
verra l’enregistrement de ses premiers disques aux éditions Pathé dont «El akhbar dja
min el gharb» et «Hanina».
De 1919 à 1925, l’artiste est contrainte de s’exiler à Fès, au Maroc, à la
suite d'une cabale menée par certains notables conservateurs de la ville.
Revenue à Tlemcen, elle collabore avec Abdelkrim Dali avec lequel elle
interprétera en 1938 «Aziz el wissal»
et fait dans les années 1940 de fréquents séjours à Alger, sollicitée pour
animer les fêtes familiales algéroises. C’est sa consœur, Meriem Fekkaï qui se chargeait des commandes et de la programmation
des soirées. De 1950 à 1955 l’artiste s’établit à Alger sollicitée par Boudali Safir pour faire partie de l'orchestre féminin aux côtés de
Fadhela Dziria, Reinette
Daoud, Meriem Fekkaï, Alice Fitoussi... En 1954 elle
met fin à sa carrière musicale en faisant un ultime enregistrement aux éditions «Odéon», en l’occurrence une chanson à caractère mystique
puisée dans le diwan de cheikh Sidi Lakhdar Ben Khlouf «Chehal ‘eucht labod tendem».