CULTURE- PATRIMOINE- GROTTES D’IBN KHALDOUN ( FRENDA)
Érigées sur les vestiges
de Qalâat Beni Salama à Frenda, les grottes d’Ibn
Khaldoun (1332-1406) ont vu naître sa célèbre «Moqadima» ou introduction à l’Histoire universelle.
D’après les chercheurs, ces grottes existent depuis l’aube de l’humanité et
étaient habitées par des tribus berbères au IIe siècle avant JC. Les Romains,
venus par la suite, ont bâti la Qalaâ de Beni Salama,
occupée par la tribu de Beni Arif El Hilalia au 11e siècle,
selon Omar Mahmoudi, spécialiste dans l’histoire des grottes et ancien
directeur de la bibliothèque Jacques-Berque à Frenda. C’est en fuyant Tlemcen
qu’Ibn Khaldoun, après avoir offensé Abou Hammou
Moussa II en désobéissant aux ordres du souverain zianide
de recruter des mercenaires des tribus Douaouda et Riah, fixées à Biskra, trouva opportunément refuge à la Qalaâ des Beni Salama, en 1375, où il s'isola dans ses
grottes pour se consacrer à l'écriture pendant quatre ans. À l'intérieur, de
petites chambres isolées peuvent servir d'abri. C’est là qu’est née la «Moqadima» et «Kitab E Ibar» (le livre des exemples), sous la protection
des Ouled Arif (une Qalaâ
située à quelques dizaines de mètres seulement des fameuses grottes de Taoughzout). Selon les chercheurs, Ibn Khaldoun utilisait
une seule grotte pour exploiter son génie d’écrivain en raison de sa situation
stratégique, ce qui lui a conféré une dimension spirituelle et intellectuelle.
Les grottes sont classées en 1949 comme patrimoine naturel par la France,
reclassées par l'Algérie dans le Journal officiel n° 07 du 23 janvier 1968 sous
l'intitulé «Bled Touta Lakania» et se rapportent à la tradition de l'historien Ibn
Khaldoun. Aujourd’hui (2022) les grottes sont délaissées, subissant
l'usure du temps et les projets de revalorisation tardent à venir. Elles
souffrent ces dernières années de l'abandon et de la dégradation dus aux
différents facteurs atmosphériques et du problème des eaux usées provenant du
village qui se sont infiltrées dans le site, outre les déchets de toute nature jetés par des visiteurs inconscients.