BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN YASMINA KHADRA-
“LES VERTUEUX” (II/II)
Les vertueux.
Roman de Yasmina Khadra, Casbah Editions, Alger
2022.541 pages, 1500 dinars
Extraits : « Un homme sans honneur est plus à plaindre que l’épouvantail qu’on plante dans les champs.Sa vie est un brouillon sans queue ni tête.Personne ne viendra fleurir sa tombe.C’est
comme s’il n’avait jamais existé »
(p33), « La grossièreté , chez nous, était l’offense la plus proche du blasphème » (p45),
« Rien n’est tout à
fait fini avec la guerre, rien
n’est vaincu, rien n’est conjuré
ou vengé, rien n’est vraiment
sauvé .Lorsque les canons
se tairont et que sur les charniers
repousseront les prés , la
guerre sera toujours là,
dans la tête, dans la chair, dans l’air du temps faussement apaisé, collée à la peau , meurtrissant les mémoires, noyautant chacune de nos pensées, entière, pleine, totale, aussi indécrottable qu’une seconde nature »
(p90), « Oran, c’est ni
Mostaganem ni Sidi Bel Abbès.C’est une ogresse qui avale son monde et
qui rumine tout le temps.Tu
y pénètres par une porte, mais tu ne sais pas par quelle brèche en ressortir » (p205),
« La vie est une traversée et tu es un simple pèlerin.Le passé est ton bagage.Le futur , ta destination.Le présent , c’est toi.Si ton bagage t’encombre , dépose-le à la consigne.Si ta destination
est hasardeuse, sache qu’elle l’est
pour tout le monde.Vis à fond l’instant présent, car rien n’est aussi
concrètement acquis que cette
réalité manifeste que tu portes en
toi » (p463)
Avis :Un roman « pas comme les autres ».
Toujours une écriture directe, rapide et limpide
bien qu’ayant perdu, on ne sait où....(peut-être dans la sur-production ? Ou,
dans la recherche d’une écriture
se voulant universelle ) sa pureté
originelle diamantée . Se
lit d’un seul trait malgré quelques longueurs
réflexives , philosophiques
et/ ou moralisatrices ou....des raccourcis qui vous donnent un récit , certes homogène, mais
chargé de plusieurs (més-)aventures, de plusieurs histoires.
Citations : « Les hommes vrais ont la larme
facile parce qu’ils l’âme près du cœur.Quant
à ceux qui serrent les
dents pour refouler leurs sanglots, ceux-là ne font que mordre ce qu’ils
devraient embrasser »
(p 47), « L’armée, c’est
tout ou rien ; le juste milieu n’y a pas cours.Tu vas être sommé de gueuler pour te faire entendre et de ruer dans
les brancards pour te
donner une visibilité , sinon on te cassera
aussi facilement qu’une brindille » (p 62),
« Si nous avions été égaux
dans le martyre, l’Histoire
ne retiendra que les héros
qui l’arrangent » (p 145), « L’armée a sa pédagogie.C’est
comme ça qu’elle fonctionne.Je gueule, mais je ne mords pas
« (p 158), ; « Quand on se croit au-dessus de tout, on perd
de vue la chute » (p 164), « Être riche , n’est ni une fin ni
une sinécure.C’est la plus effroyable des solitudes « (p 243), « Quand on est jeune,
on est un peu simple
d’esprit (....) .On se berce
d’illusions.Puis on se réveille,
et on s’aperçoit qu’on est passé à côté de l’essentiel » (p 279), « La liberté
n’est pas une fin en soi.On n’accède
au salut de son âme que par la sagesse,
mère de toutes les paix et de toutes les libertés » (p 324), « La patriote
n’est pas celui qui aime son pays, mais celui qui en est digne
« (p378), « Quel sens
donner à la liberté, sinon celui de la simplicité ? »(p521),
« On peut soigner une pathologie inconnue ou améliorer une
mentalité compliquée, mais
on ne peut changer une
nature » (p538)