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Roman Anouar Benmalek-" L'Amour au temps des scélérats"

Date de création: 09-08-2022 18:37
Dernière mise à jour: 09-08-2022 18:37
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DÉFENSE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ROMAN ANOUAR BENMALEK L’AMOUR AU TEMPS DES SCÉLÉRATS »

 L’amour au temps des scélérats. Roman de Anouar Benmalek. Casbah Editions, Alger 2022, 446  pages, 1 200 dinars

Un roman d’aventures avec pour fonds les atrocités permanentes qui dévastent un pays martyr, aux racines séculaires. Un roman qui  se déroule à la frontière turco syrienne dans les années 2010 en des lieux improbablex. La guerre civile et  le terrorisme islamiste  dévastent et  ravagent le pays,  semant  désolation, peur, mort. Une floppée de  personnages que tout sépare, oppose, vont se croiser, se rencontrer. C’est foisonnant, tout à la fois tragique, cocasse, persifleur, violent. Pour pouvoir supporter les horreurs de cette tyrannie meurtrière, celles-ci sont noyées sous des vagues d’amour, d’un zeste de magie  et de beaucoup de suspense.

On a d’abord l’amour maternel d’une mère, Zayélé pour ses fils Reben et Aran, qu’elle souhaite sauver quel qu’en soit le coût. Membres d’une minorité confessionnelle millénaire, de tout temps pourchassée, celle des yézidis, ils doivent échapper au génocide lancé par Daech. À l’amour fraternel de l’aîné pour protéger son cadet dans les pires circonstances, se greffe un profond amour filial. On a  aussi l’amour ou la passion entre deux êtres, celui entre Houda, chanteuse, et son amant Yassir, qui ont fui pour échapper à la vindicte d’une famille, qui ont été remis ( par le père de la jeune fille lui-même) aux mains des djihadistes pour être lapidés.On a le coup de foudre d’Adams -un indien américain- pour Zayélé. Il se révèlera avec Ferhat, son copain kurde, d’une grande efficacité pour aider cette mère éplorée et désespérée, à la recherche de ses fils aux mains d’assassins fanatiques. Et, enfin, il faut ajouter Tammouz, épris de Houda et à la recherche d’une tablette sumérienne. Ce personnage énigmatique, ambigu, à la fois prophète et diable, aux pouvoirs extraordinaires (il dit errer  à travers des siècles de haines et de terreurs pour  apporter des visions historiques, philosophiques et religieuses sur le Monde) permet à Houda d’épanouir sa voix jusqu’à la propulser diva de la chanson orientale sous le nom d’Innana. Ah, ne pas oublier la présence des chats.....ceux-ci  très différents, qui se révoltent, sanguinaires, toutes griffes dehors, véritables sauveteurs, auteurs d’une scène d’anthologie, aux ordres de Tammouz.

L’Auteur : Il est né à Casablanca le 16 janvier  1956. Poète, romancier ,essayiste, enseignant universitaire (mathématicien) , journaliste (Algérie Actualités) , l’auteur est un grand amoureux des voyages, ayant vécu cinq ans en Ukraine du temps de l’Urss. Il a publié de grands reportages au Liban et en Syrie.Il a  pris le chemin de l’exil avec le début de la décennie rouge.Grand dénonciateur de la torture, il a été Sg du Comité national contre la torture après les événements d’Octobre 88.Plusieurs fois récompensé, auteur d’un grand nombre d’ouvrages .Des romans (dont « Ô Maria » en 2006, « L’Amour Loup » en 2014, «  Chroniques de l’Algérie amère » en 2011…..), de la poésie (en 1984 et 2005), des nouvelles….

Extraits : «  Des prophètes, il y  en a à foison dans cette région de soifs ardentes et d’oasis miraculeuses :barbus hirsutes, squelettiques pour la plupart, bavant tandis qu’ils déclament leurs sermons enflammés sur l’Apocalypse prochaine » (p 96), « De toutes les inventions insolites déversées par le Patron sur le monde d’ici-bas, le sexe reste l’une des rares que le Marcheur envie aux humains- avec celle de la certitude de la mort.Inconnu dans le royaume du Haut, le fugace secouement de l’orgasme se révèle, l’espace  d’une inspiration-expiration de plaisir, l’égal d’une implosion d’éternité , allégée cependant de la part sinistre de la véritable infinitude » (p 112), « Dieu a eu le choix de créer n’importe quel univers.Il aurait pu concevoir un univers  bienveillant (....).C’était tellement facile pour Lui, Il en avait les moyens puisqu’Il est le Tout-Puisant.mais Il s ’est décidé justement pour cet univers de folie ; peaufinat les moindres détails afin de le rendre  le plus terrifiant posible » (pp 303-304), « Personne n’a intérêt à se mêler d’un vrai chagrin, celui-ci est semblable à la boue gluante des sables mouvants, il enlaidit et tente d’engloutir tout ce qui s’y frotte » (p368),

Avis : Le titre qui semble emprunté pour partie à Gabriel García Márquez (L’Amour aux temps du choléra) est un bel hommage à l’écrivain colombien . Anouar Benmalek ne changera donc jamais, tant dans son écriture, que dans le choix des thèmes et  des publics ciblés. Force  et profondeur remarquables, universalité et ouverture sur le monde...... une plume  plus qu’habile et acérée mais à lire avec attention pour suivre le déroulé ....des récits qui se croisent...... une plume alerte et remplie d’imagination, tragique  mais aussi drôle, parfaitement ancrée dans la réalité.

Citations « La terreur ultime balaie tout : courage, dignité, contrôle des sphincters.. » (p 29), « Les enfants, c’est comme l’oxygène (...), ce n’est que quand il te fait défaut que tu t’aperçois qu’il est vital «  (p 48) , « Rien ne plaît autant à un humain que de le persuader qu’il est plus intelligent que son interlocuteur » (p124),« Si tu invites le loup chez toi, il ne se contentera pas de dévorer les enfants des autres, il croquera aussi les tiens ! » (p 272), « Quand on a goûté à la torture de ses semblables, on est comme un lion qui a goûté à la chair humaine, on en redemande » (p 373), « On finit par s’habituer à un malheur qaund il est interminable « (p 440)