ECONOMIE-
ENQUETES ET REPORTAGES- ENTREPREUNARIAT FEMININ 2022
© Tahar Kaidi/ El Moudjahid,
samedi 6/8/2022
Tahir
Metaiche Fatima, enseignante à l'Ecole Supérieure de
Management de Tlemcen (ESMT), fait savoir que selon les données de l’Indice
Mastercard de l’entrepreneuriat féminin (MIWE) publiées en 2019, "la
présence des femmes entrepreneurs au niveau national est estimée à 7,3%, un
taux qui figure parmi les plus faibles du total des entreprises algériennes qui
sont détenues par des femmes dans le monde".
Pour l'universitaire, le pourcentage d’entrepreneurs féminins reste très faible
en Algérie, "que ce soit par rapport au pourcentage d’entrepreneurs
masculins ou par rapport à la proportion de femmes dans l’ensemble de la
population". D'après les résultats d'une étude que la chercheure a
réalisé, il s'avère que "les entraves à l’entrepreneuriat féminin
renvoient aux lourdeurs bureaucratiques, au poids des charges fiscales, à la
difficulté d’accès à la formation et au financement ainsi qu’à l’intégration de
réseaux entrepreneuriaux".
Dr. Tahir Metaiche explique que "les
femmes entrepreneurs ne se sentent pas discriminées, et estiment avoir acquis
un statut dans la société et apprécient l’accueil qui leur est réservé par les
différentes parties prenantes". L’intérêt porté à l’entrepreneuriat
féminin s'explique, selon elle, par "la volonté de la femme à s’affirmer
dans le monde du travail et son aptitude à s’adapter à un environnement en
évolution, la mettent à même d’être au rang des forces de progrès et de
développement économique et social de l’Algérie".
S'agissant de la réalité de l'entrepreneuriat féminin, l'universitaire regrette
le fait que "les données officielles relatives aux effectifs des femmes
entrepreneurs sont rares et peu précises, à l’exception de quelques articles de
presse, où le consensus est de mise quant à l’idée qu’il y a très peu de femmes
entrepreneurs en Algérie". L'absence de chiffres actualisée constitue,
selon elle, un handicap pour les chercheurs et spécialistes, "pour avoir
une vision assez claire concernant le nombre exact de femmes chefs
d’entreprises".
L’essor de l'entrepreneuriat féminin est le résultat d’un processus de
changements qui ont marqué la société algérienne et le statut de la femme. En
effet, selon Dr. Tahir Metaiche "la création
d’une entreprise et son adaptation aux besoins de développement social et
économique constituent, très souvent, une modalité forte d’accompagnement des
processus de mutation structurelle et de changement social et
organisationnel".
S'agissant de l'accès au financement, Dr. Tahir Metaiche
indique qu'au niveau des structures de financement "les femmes ont plus de
facilités que les hommes mais leurs projets ne représentent pas un intérêt en
termes d’importance financière du fait qu’elles empruntent des petits
crédits" d’une part, et "le choix du secteur d’activité du fait
qu’elles s’investissent dans des secteur purement féminins et local et ne
prennent pas des risques pour des projets d’une grande importance économique
national" a-t-elle ajouté.
Estimant que les obstacles "sont d'ordre objectif et liés à un
environnement de concurrence rude", Dr. Tahir Metaiche
précise qu'en dépit de cela, "une tendance à la hausse des projets féminin
est observée", grâce, principalement, aux mécanismes d'accompagnement et
l’aide des acteurs économiques et des pouvoirs publics pour le financement de
la femme créatrice d’entreprise", ainsi que "par la mobilisation de
plusieurs dispositifs de l’Etat, "tels que, l’ANDI, l’ANSEJ et la CNAC,
qui se basent sur le financement direct et l’allègement fiscal, ainsi que
la levée des contraintes bureaucratiques et réglementaires qui freinent encore
l’investissement" a-t-elle ajouté.