Date de création: 03-08-2022 21:21 Dernière mise à jour: 03-08-2022 21:21 Lu: 594 fois
COMMUNICATION-
PRESSE- CRISE EL
WATAN JUILLET 2022
17/7/2022 : La grève des employés d’El Watan est reconduite pour trois jours à partir delundi 18 juillet
pour la deuxième semaine consécutive.
Le bureau syndical du journal a rappelé, dans un communiqué, que l’arrêt de
travail est motivé par le non versement des salaires depuis quatre mois. Le
mouvement de protestation, qui a duré deux jours, a commencé le 12 juillet
dernier, après un préavis de grève déposé le 22 juin 2022.« Dans le cas de
non paiement de salaires persiste, le mouvement de
grève reprendra dimanche 24 juillet pour une durée de quatre jours et sera
illimité à partir de vendredi 29 juillet », a averti le bureau syndical,
dirigé par la journaliste Salima Tlemçani.
Une rencontre entre les responsables syndicaux et le directeur de la
publication Mohamed Tahar Messaoudi a eu lieu ce
lundi 18 juillet après que le bureau syndicat ait regretté « l’absence de
dialogue » avec la direction du quotidien national.« Nous attendons
de l’employeur qu’il donne des garanties et des assurances aux travailleurs
pour que les salaires soient payés. Quel est le contrat entre un employé et un
employeur ? C’est le salaire. A partir du moment où vous n’êtes plus payés, il
y a une rupture de contrat. Ce n’est pas notre rôle de chercher la solution.
C’est à l’employeur de la trouver », a précisé Salima Tlemçani
dans une déclaration à 24 H Algérie.
Elle regrette l’absence de visibilité quant à l’avenir de l’entreprise
confrontée à un blocage des comptes bancaires résultant d’un contentieux avec
l’administration fiscale.« Jusqu’à quand allons
travailler sans salaire ? L’employeur laisse planer la menace d’un dépôt de bilan.
Ce n’est pas la faute aux travailleurs. La SPA El Watan
a toujours des actifs. Il est possible de trouver des solutions », a
ajouté la responsable syndicale.Les
membres fondateurs de la SPA El Watan ont examiné la
situation financière et le climat social au sein de l’entreprise lors d’une
Assemblée générale (AG) extraordinaire le mercredi 13 juillet.« Les
démarches de la direction d’El Watan en vue de
l’établissement d’un échéancier de paiement portant sur une dette d’un montant
de 55 millions de dinars n’ont pas abouti. De son côté, le CPA (Crédit
Populaire d’Algérie) réclame à l’entreprise le remboursement d’une partie de la
ligne de crédit d’un montant de 45 millions de dinars contractée auprès de la
banque. La dette de l’entreprise a été en large partie contractée durant la
période de la pandémie (Covid-19) qui a lourdement impacté la santé financière
de l’entreprise », est-il précisé dans un communiqué publié sur le site du
journal après cette AG.« L’Assemblée générale
lance un appel pressant aux autorités du pays pour aider au déblocage de la
situation conformément aux décisions gouvernementales visant à accompagner les
entreprises en difficulté du fait de l’impact de la Covid-19.
20/7/2022 : Mohamed Tahar Messaoudi,
directeur de la publication d’El Watan,
et membre fondateur de la SPA, revient(avec www.24h.com) sur la crise financière que traverse le
journal depuis quelques mois. Les travailleurs observent un mouvement de grève
cyclique depuis le 12 juillet 2022 pour réclamer le payement de salaires.
Quelle est la source de la crise financière que connaît la SPA El Watan actuellement ?
La situation que nous vivons actuellement est liée à la volonté des
pouvoirs publics de nous mettre sous une pression fiscale énorme. Pendant la
pandémie de Covid-19, le journal n’a bénéficié d’aucune aide publique
contrairement à d’autres entreprises. Pendant ce temps, des journaux qui tirent
à 2000 exemplaires/jour, continuaient de bénéficier de la manne publicitaire,
parfois sans être vendus.
El Watan, premier journal algérien à avoir investi
et acheté des rotatives et qui paye toutes ses charges, n’a bénéficié d’aucun
sou de l’Etat. En principe, l’Etat régulateur aurait dû intervenir pendant la
crise sanitaire en répartissant la manne publicitaire d’une manière juste. Cela
n’a pas été fait ou, pire, fait dans un cadre
illégal.
Comment ?
Il y a eu l’octroi d’indus avantages. Pourquoi donne-t-on de la publicité à
des journaux qui ne sont pas vendus ou à très faible tirage?
Des journaux qui n’emploient même pas dix salariés. La SPA El Watan, qui emploie 150 salariés, a investi et contribué à
la création d’emplois et de la richesse en Algérie. En retour, nous risquons
aujourd’hui de perdre tous ces postes d’emploi. Avec la fermeture d’El Watan, l’imprimerie sera également fermée. Cela va
inévitablement entraîner la chute du quotidien El Khabar
qui tire dans ces rotatives. El Khabar, un journal à
gros tirage qui emploie beaucoup de salariés. Pourquoi tout ce gâchis. J’ai
soulevé ces problèmes devant le ministre de la Communication lors d’un colloque
sur le projet de loi sur l’information à Ain Benian
(Alger).
La SPA fait de l’investissement. Où sont les engagements annoncés sur le
soutien à l’investissement ? Nous nous sommes avancés avec tous nos moyens
sans garantie de réussite. Aujourd’hui, on nous en veut pour avoir réussi
malgré tout.
Vous pensez qu’El Watan subit des pressions ?
Oui. On ne supporte pas que d’autres voix contrarient le discours officiel
ou que des opposants puissent s’exprimer librement et critiquer l’action du
gouvernement. La liberté d’expression est inscrite dans la Constitution….
El Watan risque-t-il de déposer le bilan ?
Oui, on risque la fermeture du journal. Le syndicat a engagé une grève
cyclique. Les travailleurs sont excédés par le fait de n’avoir pas été payés
pendant quatre mois. Ils ont raison. C’est intenable pour un salarié de
travailler sans contrepartie.
Et pourquoi le journal n’arrive pas à payer ses salariés ?
Parce que les comptes de l’entreprise sont bloqués. L’administration
fiscale a bloqué nos comptes. Cela a commencé en mars 2022. Au début, c’était
le compte de l’agence principale (Crédit populaire d’Algérie). Là, tous nos
comptes sont bloqués : CPA, AGB, BNP Paribas El Djazair.
Il y a eu un redressement fiscal. En urgence, nous devons payer 2,5 milliards
de centimes. Et le reste par modération. Nous avons fait la proposition
d’établir un calendrier de paiement. Nous attendons toujours la réponse de
l’administration fiscale. Nous sommes dans la légalité. Nous avons choisi de
suivre pas à pas les exigences formulées par les impôts. Nous avons dit que
nous étions disposés à payer nos impôts avec un échéancier.
L’administration fiscale est en train de ponctionner dans nos comptes. Si
aucune mesure n’est prise pour desserrer l’étau, le
journal s’achemine vers la fermeture définitive.
Le journal n’a-t-il plus de moyens financiers ?
Le journal ne peut plus fonctionner sans argent, sans utiliser ses comptes,
sans payer ses salariés, les prestataires de services, le loyer. Nous avons un
tas de créances. Le Conseil d’administration doit se réunir pour étudier un
rapport d’experts que nous avons sollicité. Nous nous réunirons ensuite en
assemblée générale extraordinaire des associés pour décider de la fermeture ou
non du journal. Dans un mois, nous serons fixés.
Qu’en est-il du siège non encore occupé du journal à Alger ?
Il n’y a pas de problème pour le siège. On nous demande de terminer les
travaux de désenfumage. Ce que nous faisons actuellement. La location de ce
siège nous aurait beaucoup aidé pour payer le personnel et les impôts. Nous
sommes en train de vendre nos biens à l’intérieur du pays. Nous n’arrivons pas
à vendre un terrain à Oran. A chaque fois qu’un acheteur vient, il se rétracte.
On ne sait pas pourquoi.
Le bureau syndical vous reproche de n’avoir pas ouvert un dialogue…
La porte du dialogue est ouverte. Je me suis invité à une assemblée
générale des travailleurs pour expliquer la situation. Je tiens le langage de
la vérité. Nous ne pouvons rien promettre au milieu d’une situation figée. Ce
qui est sûr est que les salaires seront versés, demain?
dans quelques jours ? Je ne sais pas encore. Je ne veux pas mentir et m’engager
sur des choses que je maîtrise pas.