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Situation El Watan/Opinion Pr Cheniki Ahmed

Date de création: 31-07-2022 11:06
Dernière mise à jour: 31-07-2022 11:06
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COMMUNICATION- OPINIONS ET POINTS DE VUE- SITUATION EL WATAN/OPINION Pr AHMED CHENIKI

 

© Pr Ahmed Cheniki, fb, mardi 21 juillet 2022

 

AVEC CETTE HISTOIRE D'EL WATAN, JE REPUBLIE CE TEXTE QUE J'AI POSTE L'ANNEE DERNIERE LE 28 JUILLET 2021

QUE CACHERAIT LA PROBABLE DISPARITION D’EL WATAN ?

Je m’y attendais. Ce SOS d’El Watan ne m’a nullement surpris. J’avais, il y a quelques semaines, soulevé la question en posant surtout le problème de la publicité, indicateur privilégié du mode de gouvernementalité. Je n’avais pas du tout dit qu’il fallait accorder préférentiellement la publicité aux uns aux dépens des autres, mais de laisser les entreprises publiques et privées, décider librement de la destination de leurs pages en fonction de la rentabilité de tel ou tel journal, gouvernemental ou privé.

Je suis de ceux qui disent que la transparence est fondamentale. Les Algériens en général et les lecteurs devraient savoir où va la publicité comme ils devraient aussi être informés des ventes et de l’audience du journal. L’OJD (Office de la Justification des Tirages) est d’une nécessité absolue. Avoir 100 ou 1000 journaux ne veut absolument rien dire, mais ce qui serait important, c’est leur impact (chiffré). Aucun responsable ne devrait avoir la latitude, le droit, il n’en a théoriquement pas, d’attribuer des pages de publicité pour services rendus ou arrêter un contrat parce que tel ou tel journal aurait déçu.

Le journal ne doit pas chercher à plaire, ce n’est pas son rôle. Mais s’il prend cette direction, il risque sa peau. Beaucoup ont préféré éviter les informations qui fâchent le distributeur de la publicité. Le journalisme, c’est l’écrit, sa justesse. A quoi serviraient mille ou cent mille journaux si tous écrivent la même chose, tout en tendant la main ? J’aime beaucoup cette déclaration d’Albert Londres : "Notre métier n'est pas de faire plaisir, non plus de faire du tort, il est de porter la plume dans la plaie en mettant dans la balance son crédit, son honneur, sa vie."

La fonction d’un journal n’est pas de faire de la propagande ou de l’opposition, mais de dire ce qui lui semble être la « vérité ». En faisant cela, il fait aussi acte de patriotisme, permettant ainsi de dévoiler les failles freinant le développement d’un pays, donc de contribuer à leur règlement.

Je ne comprends pas certains anciens journalistes qui justifient leurs haines des organes privés par le fait, selon eux, que les associés des journaux privés, leurs collègues, à un moment donné, se seraient enrichis. Drôle de raison ! La question fondamentale devrait-être ailleurs. Ce qui devrait-être important, c’est ce que les uns et les autres, organes de presse, ont apporté ou pas au secteur et les conditions dans lesquelles s’exerce le métier. Aujourd’hui, est-il possible d’avoir un débat sérieux sur la presse, en mettant sur la table tous les chiffres ?

Je reproduis ici le texte que j’ai publié le 10 juillet 2021 :

LES PARADOXES SANS FIN D’UNE PRESSE PARADOXALE

Le quotidien « El Watan » connaît de sérieuses difficultés financières dues essentiellement au COVID et à l’épineuse question de la publicité. El Khabar avait les mêmes problèmes . C’est du moins ce que révèlent certaines plumes de ce quotidien.

Je ne sais pas, mais j’ai toujours considéré que ces deux journaux peuvent être des centres importants de la cartographie médiatique. Paradoxalement, d’après des informations non vérifiées, El Watan serait le journal de langue française qui connaitrait le plus d’exemplaires vendus, El Khabar qui aurait perdu de nombreux lecteurs resterait un quotidien essentiel dans un pays où le lectorat bilingue commence à s’imposer. Mais un paradoxe en appelle un autre, des journaux, trop peu vendus, avec un extraordinaire bouillon, bénéficient de la manne publicitaire de l’ANEP au moment où la publicité privée recule très sérieusement.

J’ai toujours été critique à l’égard de ces deux journaux, comme d’ailleurs de la presse, mais il serait peut-être temps de comprendre que le pays devrait plutôt permettre à ses « bons » journaux d’exister tout en admettant leur ton critique. Ce n’est qu’ainsi que les fléaux et les maux sociaux et politiques seraient révélés. Charles de Gaulle dont la gestion était souvent critiquée par Sirius (Hubert Beuve Mery) dans Le Monde considérait ce quotidien comme un espace emblématique, représentatif de la France, au-delà de sa personne ou de l’institution présidentielle. D’ailleurs, ce quotidien a toujours été défendu par les pouvoirs publics malgré la férocité de ses critiques, comme d’ailleurs la BBC, The Guardian, The Times ou The Financial Times en Grande Bretagne ou The Washington Post ou The New York Times aux Etats Unis ou Die Welt, Frankfurter Allgemeine Zeitung et Bild Zeitung en Allemagne. Churchill, au moment d’une profonde crise traversée par Financial Times avait estimé que ce serait une tragédie si ce journal disparaissait, faisant intervenir le soutien indirect de l’Etat.

Ces deux journaux, El Watan, avec une meilleure distance et El Khabar devraient retrouver sa dimension professionnelle si la publicité allait aux journaux, gouvernementaux ou privés, ayant une grande audience et si on activait l’OJD (office de justification de la diffusion). Pourquoi n’impose-t-on pas aux journaux l’obligation de publier les chiffres du tirage quotidien ?

P.S: La discussion devrait être calme, argumentée. Tout post ne s'inscrivant pas dans la logique du débat qui implique la connaissance du terrain médiatique. Ceux qui ne maîtrisent pas les contours du sujet pourraient poser des questions, apprendre. Aujourd'hui, un peu partout dans le monde, la presse vit des moments difficiles, notamment avec l'apparition d'internet et le déficit en pages publicitaires.