EDUCATION- ENQUÊTES
ET REPORTAGES- BACCALAUREAT 2022/TAUX DE REUSSITE
Près de 59% : tel est
donc le taux de réussite officiel au bac pour cette année 2022 au niveau national.
Par spécialité, ce sont les lauréats de la filière mathématiques qui arrivent
en tête avec 78,78% de réussite d’après les résultats communiqués ce samedi par
le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed.
A noter que la filière
mathématiques comprend : génie civil (65,43% de réussite au
baccalauréat), génie électrique (65,15%), génie des procédés (64,92%) et génie
mécanique (56,87% de réussite). Pour les autres filières, les langues
étrangères arrivent en seconde position derrière les maths avec 64%, suivies
des sciences expérimentales (59,32%), lettres et philosophie (54,80%) et enfin
gestion et économie (52,92%).
Ces résultats témoignent à première vue d’un intérêt accru de nos bachots pour
les maths, une branche pourtant réputée austère et difficile. Si ces scores
sont flatteurs, il n’est pas dit qu’au niveau du cursus universitaire, ces
belles dispositions se confirmeront. D’abord, il n’est guère certain que les
mathématiques pures soient le premier choix de nos brillants matheux. La plupart
préfèrent informatique, aéronautique, architecture, Ecole polytechnique ou
encore médecine.
Dans une interview accordée
récemment, le recteur de l’Université des sciences et de la technologie Houari Boumediène de Bab Ezzouar (USTHB), le professeur Djamal-Eddine
Akretche, révélait à propos des desiderata des
nouveaux inscrits en fonction des moyennes obtenues au bac : «La filière la
plus prisée, c’est clair, c’est l’informatique. Il y a aussi le génie
électrique, tout ce qui est télécommunications, automatique, électronique,
robotique… Tout ça c’est très demandé.Derrière,
il y a le génie des procédés qui attire aussi de plus en plus
d’étudiants».
Le campus de Bab Ezzouar qui compte près
de 50 000 étudiants, a enregistré lors de la dernière rentrée universitaire
(2021-2022) environ 10 500 nouveaux inscrits. «Les
meilleurs bacs sur tout le territoire national viennent faire Maths et
Informatique chez nous», faisait remarquer le recteur de l’USTHB, avant de
souligner : «Le problème est que ceux qui rentrent en ‘M.I.’ (Mathématiques et
informatique, l’un des domaines de l’enseignement LMD à l’USTHB), en grande
majorité, c’est pour le I, ce n’est pas pour le M. C’est malheureux. Les
mathématiques, c’est quand même très important.» Même
pour les étudiants qui ont choisi de faire Mathématiques comme science
fondamentale, nos matheux sont à la peine, notamment en première année. A
l’USTHB, le taux d’échec en première année, toutes spécialités confondues, est
de 65%. Le recteur impute cela à la fois à un problème d’adaptation et à un
problème d’orientation.
En parlant d’échec en première année, il
y a lieu de méditer cette information selon laquelle 94 étudiants de la
première promotion de la toute nouvelle Ecole nationale supérieure des
mathématiques (ENSM) et de sa «sœur jumelle», l’Ecole
nationale supérieure de l’intelligence artificielle (ENSIA), toutes deux
ouvertes récemment à Sidi Abdellah, ont été exclus et réorientés vers d’autres
établissements universitaires de moindre standing.
Selon la presse, la majorité de
ces étudiants ont eu la moyenne mais ont buté sur une note éliminatoire. «C’était un grand choc pour les étudiants après la
proclamation des résultats définitifs, surtout que la plupart d’entre eux
avaient plus que la moyenne générale. 94 étudiants ont été ainsi exclus sur 174
inscrits représentant la première promotion de ces écoles»,
rapporte Ennahar.
Selon la même source, les
étudiants exclus se sont plaints du fait qu’ils n’étaient pas au courant de
l’existence de cette règle de la note éliminatoire. Ils ont déploré le fait de
n’avoir pas eu droit à une seconde chance à travers une session de rattrapage
et aussi le fait d’avoir été réorientés vers des facultés plutôt que vers une
grande école, eux qui, pour la plupart ont obtenu un bac avec une excellente
moyenne. Un des étudiants interrogés par Ennahar TV
fulmine : «J’ai obtenu une moyenne générale de 14,11
et j’ai été malgré cela exclu de l’Ecole en raison d’une note éliminatoire au
module de physique qui est pourtant considéré comme secondaire. Et nous n’avons
pas été informés du système de passage de la première à la deuxième année
jusqu’à l’affichage des résultats.»
Sollicité par le même média, le ministre
de l’Enseignement supérieur, Abdelbaki Benziane, a d’abord précisé : «A
l’Ecole supérieure de mathématiques, le taux de réussite est de 52%.» Le
ministre a ensuite assuré que le cas de ces malheureux exclus sera examiné. «Nous avons chargé le comité pédagogique et scientifique de
l’Ecole de se pencher sur cette catégorie d’étudiants qui ont eu la moyenne
mais qui ont buté sur une note éliminatoire.»
En
août 2021, le même ministre faisait état, dans une déclaration à la presse , d’une forte demande sur les deux nouvelles écoles
de pointe de Sidi Abdellah, affirmant que «plus de 8000 demandes sur l’Ecole de
l’intelligence artificielle et 1000 demandes sur l’Ecole nationale supérieure
des mathématiques ont été enregistrées, sachant que les deux écoles réunies
proposent 200 places pédagogiques».
OBSERVATION : L’ensemble des dispositions relatives à la
préinscription et à l’orientation des titulaires du bac ont été notifiées dans
la circulaire du 31 mars 2022 (lire notre article dans l’édition du 21 juin
dernier). Pour un meilleur accompagnement, le ministère de l’Enseignement
supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS) a complété ladite circulaire
par celles n°3 et n°4 éditées respectivement les 7 juin et 6 juillet 2022.
Elles présentent l’éventail des formations assurées par chaque domaine. Le
secteur du supérieur comptabilise 15 domaines se déclinant en filières et
spécialités. Les séries de baccalauréat sont hiérarchisées par priorité donnant
droit à l’accès aux domaines et filières de formation, soit à celles à
recrutement local ou régional (FRL/FRR), ou national (FRN). Des conditions
d’accès au cursus universitaire ont été modifiées. Particulièrement en ce qui
concerne les Ecoles supérieures.
A
relever ainsi la séparation, au niveau de l’Ecole supérieure des technologies,
entre les mathématiques et l’informatique. L’inscription se fait désormais dans
l’une ou l’autre filière. Idem pour la filière des sciences exactes au niveau
des ENS. L’étudiant aura le choix entre les mathématiques ou la physique.
L’intégration de ces institutions demeure subordonnée à la réussite d’un
entretien devant un jury.