COMMUNICATION- DOCUMENTS ET TEXTES REGLEMENTAIRES-CONFLIT EL WATAN
SYNDICAT/DIRECTION (JUILLET 2022)
Dans un communiqué rendu public, la section
syndicale du quotidien El Watan a tenu à répondre à
la dernière sortie médiatique du PDG de la SPA El Watan Tahar
Messaoudi. Voici le texte intégral de la section
syndicale du quotidien francophone signé par la secrétaire générale de la
section UGTA de l’entreprise Zineb Oubouchou,
plus connue sous le pseudonyme Salima Tlamçani
(vendredi 17 juillet 2022).
« Un texte a été publié, mercredi 13 juillet 2022, sur les réseaux
sociaux par un actionnaire de la SPA El Watan, signé
par des initiales correspondant au nom d’un autre actionnaire et membre du
Conseil d’administration de l’entreprise. Jusque-là, le bureau syndical ne
voyait pas la nécessité d’y répondre. Curieusement, le même texte est diffusé
le jeudi 14 juillet 2022 sur le site d’El Watan, sous
le titre : « A nos lecteurs », portant, cette
fois-ci, la signature du PDG, Mohamed Tahar Messaoudi.
Prenant prétexte d’une affiche collée à l’intérieur
des locaux de l’entreprise et portant un slogan des plus banals dans un
contexte de grève (Nous travaillons, ils profitent), le PDG a publié un
véritable pamphlet contre la section syndicale, et donc contre les
travailleurs.
Il faut préciser que, quelques moments à peine après
l’affichage, ce slogan a été retiré du mur sur initiative libre des membres du
syndicat, soucieux de privilégier des éléments de langage sereins et
constructifs. Il n’a donc pas été enlevé « subrepticement » comme
l’écrit le PDG.
Cette publication, désormais pleinement assumée par le
premier responsable de l’entreprise, comporte de graves accusations à l’égard
du bureau syndical et, à travers lui, l’ensemble des travailleurs qui l’ont
mandaté pour défendre leurs droits socioprofessionnels, principalement le
versement des salaires impayés depuis plus de quatre mois.
Ainsi, plutôt que de prendre conscience de la gravité
de la situation actuelle au sein de la SPA El Watan
et de s’investir dans la recherche de solutions urgentes, la direction de
l’entreprise préfère le langage du dénigrement et de la calomnie à celui du
dialogue. Elle accuse la section syndicale d’avoir des desseins inavoués et
insinue qu’elle fait l’objet de manipulation par l’ancien ministre de la
Communication, Amar Belhimer.
Dans le fond, le communiqué qui est la première
réaction publique et officielle de l’employeur aux revendications du syndicat,
ressasse un descriptif global des difficultés de l’entreprise, mais ne propose
aucune solution pour verser les salaires impayés des travailleurs.
Bien plus, l’employeur reproche au bureau syndical de
n’avoir pas relayé sa propre analyse et son discours sur la situation que
traverse l’entreprise, dans une étrange confusion des rôles. Il feint
d’ignorer que le syndicat n’est pas un organe de gestion et qu’en matière de
dialogue et de gestion participative, la SPA El Watan
est loin d’être un modèle.
Plus loin, le communiqué énumère tous les
« investissements » consentis par les actionnaires et met en avant
leur « mérite d’avoir privilégié la construction de l’entreprise et non
l’enrichissement personnel ». Puisque la Direction a choisi de se hasarder
sur ce terrain, le bureau syndical se dit prêt à un débat franc sur le sujet,
quitte public, pour évaluer l’engagement des uns et des autres, et les mérites
qui reviennent à chacun, salariés et actionnaires, sur le parcours du journal
durant ses trente-deux années d’existence.
Le bureau syndical rappelle que les employés d’El Watan, qui font le journal depuis plus de quatre mois sans
toucher leurs salaires, sont en grève pour interpeller la Direction sur sa
responsabilité d’honorer ses obligations légales, contractuelles et morales.
Mais celle-ci chercherait plutôt à justifier une
éventuelle fermeture de l’entreprise en pointant d’un doigt accusateur le
bureau syndical et à travers lui, l’ensemble des salariés.
La Direction ne devrait-elle pas regarder un peu du
côté de la gouvernance de l’entreprise depuis sa création ?
Le bureau syndical reste, cependant, ouvert à un
dialogue sérieux et efficace avec l’employeur. Toutes les polémiques et
diversions tentées pour le culpabiliser d’avoir demandé le minimum des droits,
à savoir la rémunération des travailleurs, ne passeront pas. »