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Essai Mohamed Mebtoul- "Covid 19. La mise à nu du politique"

Date de création: 27-06-2022 19:10
Dernière mise à jour: 27-06-2022 19:10
Lu: 508 fois


VIE POLITIQUE- BIBLIOTHÈQUE D’ALMANACH- ESSAI MOHAMED MEBTOUL- « COVID 19.LA MISE A NU DU POLITIQUE »

 

Covid-19.La mise à nu du politique. Essai de Mohamed Mebtoul. Koukou Editions, Alger 2021, 210 pages, 800 dinars

 

En 26 textes, l’auteur , réfutant de s’inscrire dans la moralisation de la pandémie,  dévoile les multiples interpénétrations entre le biologique, le politique et le social, en privilégiant la distance critique vis-à-vis du mal en soi. Il montre au contraire que la pandémie représente un analyseur pertinent des rapports sociaux, du fonctionnement du politique et des bouleversements dramatiques vécus en particulier par les populations les plus vulnérables.

Il a donc mobilisé les connaissances accumulées à la fois sur le  plan théorique et empirique durant plus de trente ans, sous -tendues par les multiples enquêtes de terrain sur les maladies chroniques, la médecine et la santé en Algérie pour tenter de comprendre  finement la pandémie Covid-19 et ses effets pervers et inédits sur la société et le fonctionnement du politique.

Pour lui (et pour presque tous, la majorité des citoyens ), la santé est un bien collectif qui appartient à tous, engageant notre Être organique, psychique , social et politique et il semble impossible de gérer politiquement la Santé publique sans comprendre du dedans la vie quotidienne des personnes .Il n’y a qu’à   se référer à l’étude (p 69 à 98) « Vivre avec la Covid -19 à Oran » : 29 entretiens approfondis qui représentent une richesse de données importantes

 

 

L’Auteur : Fondateur de l’anthropologie de la santé en Algérie. Professeur de sociologie à l’Université Oran 2. Chercheur associé au G.r.a.s (Unité de recherche en Sciences Sociales et Santé).Auteur de plusieurs ouvrages (dont la citoyenneté impossible ?) et  de travaux collectifs (direction et/ou en collaboration)

Table des matières :Première partie : Pandémie et société/ Deuxième partie : Vivre avec la pandémie Covid-19 à Oran/ Troisième partie : Enjeux sociopolitiques de la crise sanitaire/ Quatrième partie : Pour un savoir engagé/Epilogue/ Références bibliographiques

Extraits « Force est de relever que la société algérienne a été construite comme un roman national où tout est pour le « mieux », même dans le faire-semblant, montrant une Algérie arrogante grâce au pouvoir qui administre de façon « héroïque » la société du « ventre » dans le but d’obtenir la paix sociale »  (p37) , « La société du « ventre » qui ne date pas d’aujourd’hui, est hégémonique quand tout fonctionne à l’interdit culturel et politique, aux censures et aux autocensures, ne pouvant en conséquence que fabriquer de la transgression » (p57),  « Un système de santé sans débat contradictoire, sans émergence d ’un espace local décentralisé, s’inscrit dans l’interdit politique.Il ne permet pas d’ouvrir ce champ du possible » (p132)

 

Avis : L’impression du déjà entendu, dit et/ou lu mais en réalité parce que c’est l’exacte vérité tant et tant de fois répétée par l’auteur-chercheur.Hélas, il n’y a pire sourd que celui qui ne veut entrendre....et surtout qui croit savoir.Souvent le politique et parfois le citoyen lui-même.

 

Citations : « La société du risque est soutenue par la production des savoirs peu innocents » (p23), « Ne pas avoir confiance, c’est se positionner dans une logique de soupçon à l’égard d’un pouvoir donné » (p63), « Le mot médiation ne semble pas avoir le même sens pour ceux qui sont au pouvoir ou proches de celui-ci, et les populations qui souhaitent rompre avec la logique de

 l’attente et la « consommation » d’informations qui leur sont extérieures, produites sans aucune concertation » (p151), « Le scientifique est souvent étiqueté négativement par le politique. Il est toujours dans l’exagération et la critique radicale » (p179), « L’accumulation scientifique ne consiste pas à additionner mécaniquement les recherches, mais à s’inscrire résolument dans leur dépassement scientifique, pour produire des connaissances encore plus novatrices, plus actualisées, dans le but de permettre la belle concurrence-stimulation et la critique devant « nourrir » et renforcer le débat entre les pairs » (p195), « L’émancipation politique du système de santé se conjugue avec celle de la société.L’une ne va  pas sans l’autre » (p202)