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Cinéma/ Abdelhafid Boualem (I/II)

Date de création: 25-06-2022 19:20
Dernière mise à jour: 25-06-2022 19:20
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CULTURE- ETUDES ET ANALYSES- CINEMA ALGERIE/ABDELHAFID BOUALEM (I/II)

 

REALITES ET UTOPIES : DE LA RELANCE DU CINÉMA EN ALGÉRIE (Extraits)

© Abdelhafid Boualem, Auteur et Script-Doctor, fb samedi 25 juin 2022

 

Un ami, réalisateur Oranais installé à Alger depuis une dizaine d’années, et ayant réalisé plusieurs films et téléfilms pour le compte de boites privées, est retourné à Oran en ce mois de juin 2022, afin de dissoudre sa société de production cinématographique créée il y a plus de 3 ans, sans avoir pu produire le moindre film, ni le moindre documentaire, malgré tous les projets de films, séries et docs, qu’il a déposé auprès des organismes concernés, comme le FDATIC et la Télévision Nationale. La raison ? Pas d’argent !

Il me confia qu’arrivé chez le notaire chez qui il avait créé sa société, ce dernier lui apprit que depuis le début de l’année 2022, plus d’une dizaine de producteurs d’Oran et des wilayas voisines, lui ont rendu visite pour le même motif : Dissoudre leurs sociétés de productions cinématographiques, et pour les mêmes raisons ; Pas d’argent pour le cinéma !

Mon ami en question, m’apprit par la même occasion, sa décision de quitter définitivement le pays vers le Canada, emmenant avec lui bien évidement sa femme et ses enfants, mais surtout en emportant un savoir-faire et une expérience certains, que le pays regarde partir, sans réagir, ni tenter de les retenir. Et ils sont nombreux, très nombreux comme lui, à prendre cette décision extrême, hélas, lassés des montagnes d’obstacles dressés contre leurs réussites de cinéastes.

En effet, malgré toutes les promesses et les propositions de relance de ce secteur-clé de la culture algérienne, les obstacles à la relance et au développement de la production cinématographique en Algérie ne sont pas juste des problèmes de financements, mais sont de plusieurs sortes, et se situent à plusieurs niveaux :

1- Le premier obstacle majeur qui aurait pu être résolu depuis au moins le début des années 2000, vu les capacités financières du pays à cette époque, et les 15 années qui ont suivi, est l’inexistence de salles de cinéma. En effet, sur les 460 salles en parfait état de marche en 1962, seules moins d’une vingtaine sont encore opérationnelles aujourd’hui, à travers tout le territoire national.

Évidemment, sans salle de projection, aucun privé n’osera mettre un dinar dans la production d’un film, assuré qu’il est de l’impossibilité de rentabiliser son investissement.

C'est ce qui explique le pessimisme des cinéastes algériens, qui faute de pouvoir rentabiliser leurs œuvres par la billetterie, savent qu’ils devront continuer encore longtemps, à mendier des subventions, et même des financements entiers, aux organismes créés par l’état à cet effet, et dont le dernier en date, le FDATIC, a été dissous à la fin de l’année 2021, et son remplaçant annoncé, est toujours au stade des annonces de bonnes intentions. Ce qui fait qu’aucun projet de film n’a été mis en chantier depuis l’été 2021, faute de financement. D’où l’appel désespéré en mars dernier, des membres de l’association des producteurs algériens du cinéma (APAC), au président de la république afin de sauver un secteur à l’agonie.

2- Le deuxième obstacle :

Les lourdeurs bureaucratiques :

Tous ceux qui ont essayé de tourner un film, même avec leurs propres moyens, savent à quel point des démarches ordinaires, comme celle de l’obtention d’une autorisation de tournage, virent souvent au cauchemar, à cause de règlementations pointilleuses, et même parfois suspicieuses, bureaucratiques à souhait, exigeant toute sorte de pièces justificatives détaillées, mettant des délais insupportables avant de répondre, même si c’est souvent favorablement.

Dans un pays où on interdit aux touristes de prendre des photos de rues, immeubles, ou monuments, avec des appareils-photos, il est logique qu’avoir l’autorisation de mettre une caméra sur trépied et tourner une scène dans la rue, relève du parcours du combattant.

Au Maroc, une règlementation souple et adaptée, a permis en 2020, le tournage d’une vingtaine de films étrangers, et une quinzaine de séries.

Par ailleurs, la production cinématographique marocaine pour la même année, a été de 22 longs métrages, et 83 court-métrages, ainsi qu’un grand nombre de feuilletons, séries et sitcoms.

en Algérie, seulement 9 films longs métrages, et moins d’une vingtaine de court-métrages ont vu le jour.