Vous
insistez souvent sur la nécessité d’attirer de « nouveaux publics » à travers « la culture urbaine ». Pourquoi?
La
culture urbaine, c’est la danse, le breakdance, le rap, le street
art, le skateboard…Le programme culturel qui prend en compte ces formes
d’expression peut plaire et attirer les jeunes. Nous avons repensé notre
programmation au niveau des Instituts pour répondre à la demande du public,
notamment des jeunes. Une demande importante surtout que les jeunes sont
majoritaires en Algérie. Les gens veulent parfois des spectacles de théâtre, de
danse, etc (…) Nous avons commencé à présenter des
conférences en langue arabe.
Il y a
plus d’une année, nous avons organisé les rencontres Ibn Khaldoun. Des
conférences ont été faites en ligne en raison de la pandémie de Covid-19. Nous
voulons aller aussi vers un contenu en arabe pour consacrer l’idée que la
culture, c’est pour tout le monde, pas uniquement pour les francophones. Nous
voulons par exemple faire des podcasts sur les auteurs français en arabe.
Les
Instituts français d’Algérie (IFA) vont-ils sortir de leurs murs ?
C’est une
priorité. Il faut aller vers d’autres publics dans les quartiers où, par
exemple, il y a moins d’offres culturelles. Beaucoup de gens pensent que les
IFA sont fermés sur eux même, que l’accès est payant et que l’entrée n’est
réservée qu’à l’élite francophone. Pour montrer ce que nous faisons, nous
sommes obligés d’aller vers ce public, notamment vers les jeunes arabophones.
Il s’agit aussi d’aller vers des villes où nous ne sommes pas présents comme
Tamanrasset et Ouargla. Nous travaillons beaucoup avec nos partenaires publics
ou privés en Algérie. Nous discutons avec l’Office Riadh El Feth
(OREF) et avec le Théâtre national d’Alger (TNA) pour travailler ensemble. Nous
collaborons déjà avec le Théâtre régional d’Oran(TRO).
Il existe une demande de la cinémathèque algérienne aussi pour travailler
ensemble.
Avez-vous
préparé une programmation à l’occasion des 19ème Jeux Méditerranéens qui se
déroulent à Oran du 25 juin au 6 juillet 2022 ?
Oui, il y
a une programmation spécifique. Les Jeux Méditerranéens sont un moment important. La
délégation française est composée de 450 personnes dont 350 athlètes avec la
présence de franco-algériens. Le Comité d’organisation des jeux nous a
sollicités pour proposer une programmation culturelle. Il y aura du cinéma, du
théâtre, du breakdance, du basket de ville, des débats d’idées avec des
conférences autour du sport.
Il
existe cinq IFA en Algérie (Alger, Tlemcen, Constantine, Oran et Annaba).
Avez-vous un projet pour ouvrir d’autres antennes dans le pays?
C’est
important de travailler dans d’autres villes mais pour ouvrir une nouvelle
antenne, cela exige des moyens financiers et humains. On verra plus tard. Mais,
là nous travaillons pour déployer une activité culturelle avec nos partenaires
algériens.
Dans un
texte publié sur le site de l’IFA, vous évoquez « l’héritage méditerranéen
commun ». Existe-t-il des projets allant dans ce sens au-delà des Jeux
Méditerranéen ?
Nous
avons essayé de penser notre programmation culturelle en intégrant de façon
transversale la thématique de la Méditerranéen et de l’Afrique. Lors de la
semaine de la francophonie de mars 2022, la thématique était la francophonie
africaine. Au salon international du livre d’Alger, nous avons invité des
auteurs francophones africains et méditerranéens. Nous prévoyons des activités
avec l’Institut culturel italien à Alger pour le cinéma. Pour nos conférences,
nous voulons inviter aussi des intervenants d’Afrique ou de la région
méditerranéenne.
A propos
du cinéma, qu’en est-il de la coproduction cinématographique entre les deux pays?
Entre
producteurs des deux pays existe constamment des projets. Au niveau de
l’Institut français, il y a des appels à candidature et des programmes d’aide à
la réalisation cinématographique. Nous avons un programme de soutien à
l’écriture, à la réalisation et la post-production pour des films tels que
« La dernière sultane d’Alger » et « Meursault, contre enquête ». Nous continuerons à soutenir des
films algériens. Il y a une création cinématographique très riche en Algérie
qu’il faut appuyer….
Qu’en
est-il des échanges entre artistes algériens et français. Y a-t-il des projets
en ce sens?
Nous
finançons déjà des résidences d’artistes algériens en France. Actuellement, une
quinzaine d’artistes algériens sont en résidence. Nous demandons aux artistes
français, qui viennent en tournée en Algérie, de faire des master class. Des
artistes qui ont assuré un ciné concert ici à l’IFA ont animé un master class
avec des jeunes algériens.
La
restitution s’est faite sur scène autour du film Hassan Terro
(de Mohamed Lakhdar Hamina, sorti en 1968 ). Nous voulons que les artistes français prennent
contact avec les algériens au lieu de faire des concerts ou des spectacles et
repartir sans voir grand chose de l’Algérie. Nous
envisageons d’organiser une résidence d’artistes français et européens en
Algérie. Ils vont rester plusieurs mois pour faire des créations. Nous organisons
aussi des mini résidences comme avec le film documentaire avec
Lab Dz et une résidence d’écriture à Timimoun.
N’y
a-t-il pas de complication pour les artistes dans l’obtention des visas, dans
les deux sens ?
C’était
compliqué en raison de la Covid-19 et du manque de vols. Les flux artistiques
sont bien répartis actuellement. Les artistes algériens obtiennent des visas
sans difficultés. Idem pour les artistes français qui viennent en Algérie.
Les
artistes algériens ne sont-ils pas touchés par la réduction des visas, côté
français, de 50 % ?
Non. Les
étudiants, les artistes et les hommes d’affaires obtiennent les visas. C’est
important pour nous de continuer à garder ce flux de part et d’autre.