INFORMATIQUE- ENQUÊTES ET REPORTAGES- RÉSEAUX
SOCIAUX/ INFLUENCEURS ALGERIE
©Kamel Benelkadi/El Watan, dimanche 19 juin 2022. Extraits
Les récents procès suivis de condamnations à
l’encontre de jeunes influenceurs imposent le débat sur la définition juridique
de ce nouveau «métier» et les obligations de ceux qui
le pratiquent. La loi est insuffisamment adaptée pour traiter ce genre de
situation, d’autant plus que le créneau de la publicité était réservé jusqu’ici
à des entités dûment agréées.
La
plupart des entreprises trouvent dans l’influenceur une occasion en or pour
promouvoir leur marchandise, notamment lorsqu’il s’agit de produits destinés
aux jeunes et aux femmes, comme les vêtements et les cosmétiques, les offres de
formation et d’études, les centres de beauté.
Les
débats ont été relancés en Algérie à propos des stars des réseaux sociaux «accusées de fraude», après la
condamnation de trois influenceurs, jeudi 16 juin, à un an de prison ferme
chacun et une amende de 100 000 DA dans une affaire d’arnaque contre des
étudiants qui avait défrayé la chronique (l’affaire Future Gate)
(......................)
L’activité
de l’influenceur sur les réseaux sociaux est une profession encadrée
légalement, mais seulement en théorie. Les vides juridiques existants
favorisent la circulation de fonds importants en dehors des cadres légaux.
Depuis
le 17 avril 2021, de nouvelles mesures concernant l’activité d’influenceur ont
été prises en Algérie. Les influenceurs bénéficient désormais d’un statut légal
reconnu. Le Centre national du registre du commerce (CNRC) a ajouté une
nouvelle nomenclature d’activité permettant à cette catégorie de créateurs de
contenus sur les différents réseaux sociaux d’exercer leur activité dans un
cadre légal et régi par la loi.
En
l’absence d’un statut juridique propre aux influenceurs en France par exemple,
la nature du contrat conclu entre ce dernier et l’enseigne détermine les
modalités d’imposition de la rémunération perçue. L’idée étant que les
influenceurs perçoivent une rémunération de la part de la marque, ce qui
revient à dire qu’ils sont dans l’obligation de payer des impôts.
En
Algérie, des voix s’élèvent de plus en plus pour au moins codifier l’activité
des «influenceurs» sur les réseaux sociaux dans un
contexte d’organisation du paysage médiatique, en particulier au niveau
numérique.
Des
spécialistes ont appelé à mettre en place des mécanismes juridiques par rapport
au travail de ces influenceurs sur les réseaux sociaux, afin d’éviter de
nouveaux dépassements qui ne peuvent être contrôlés sans une loi réglementant
cette activité.
Certains
experts de la question exigent de faire la différence entre
«les influenceurs», et les «youtubers», parce
que l’influenceur a un rôle dans la sensibilisation et le comportement social.
Le
développement du monde, selon eux, doit s’accompagner de contrôles juridiques
qui protègent les consommateurs et les influenceurs, mais la loi doit être
équilibrée et équitable entre droits et devoirs.
Les
autorités avaient précédemment publié la loi relative à la prévention et à la
lutte «contre la discrimination et le discours de haine» en
2020.
Un
récent forum national organisé par l’université de Relizane
sur le marketing de réseau et les influenceurs a exhorté à l’adoption «d’une définition scientifique du terme
influenceur, car, actuellement, il s’applique à tous ceux qui possèdent un
téléphone intelligent, publient leur quotidien et leur vie privée sur les
réseaux sociaux pour obtenir le plus grand nombre d’abonnés en suscitant leur
curiosité».
Le
forum s’est concentré dès sa session d’ouverture sur la définition du concept
d’influenceurs, de créateurs de contenu et de marketing d’influence ainsi que
leurs aspects négatifs, tels que le «phishing
numérique» et la cybercriminalité.
Un
internaute algérien sur deux est abonné à un influenceur
La
deuxième session s’est concentrée sur le rôle des influenceurs dans le
changement du comportement de consommation de leurs abonnés et les mécanismes
de persuasion qu’ils adoptent en cela.
Tous
les participants ont convenu de l’importance de la crédibilité de l’influenceur
dans la promotion de la marque pour fidéliser la clientèle. La plupart des
entreprises trouvent dans l’influenceur une occasion en or pour promouvoir leur
marchandise, notamment lorsqu’il s’agit de produits destinés aux jeunes et aux
femmes, comme les vêtements et les cosmétiques, les offres de formation et
d’études, les centres de beauté.
Ces
entreprises n’hésitent pas à proposer aux influenceurs beaucoup d’argent en
échange de quelques minutes de publicité, avec des éloges pour un produit qui
n’est pas testé à l’origine par ceux qui en font la publicité.
Selon
l’étude «Algeria Digital Trends», réalisée par
l’agence Amachal, un Algérien sur deux, environ 50%,
est abonné à un influenceur sur les réseaux sociaux.
En
effet, les internautes algériens, d’après la même étude, s’intéressent aux
influenceurs activant sur YouTube (61%), Facebook (59%), Instagram (59%), mais
également TikTok (6%) qui attire de plus en plus
d’abonnés. L’étude évoque aussi le réseau social Snapchat (3%) qui se classe à
la dernière place du classement.
«Les
‘‘followers’’ sont inspirés par ces personnages, qui partagent leur quotidien,
allant des recettes aux bons plans, make-up, voyage (…). 51% des personnes
révèlent suivre des influenceurs pour découvrir de nouvelles choses. 44% les
suivent pour apprendre, 25% pour se divertir et 18% par curiosité», a précisé la même source.
Les
influenceurs sont en concurrence déloyale avec les agences de publicité, qui
activent légalement, paient des impôts et disposent d’un registre du commerce,
et sont désormais en concurrence aussi avec les chaînes de télévision qui sont
les premières touchées par le phénomène et qui peuvent intenter des poursuites
contre elles.
Le
processus publicitaire doit se dérouler à travers des étapes juridiques, dont
la première est la signature d’un contrat légal entre la société propriétaire
du produit et l’influenceur numérique, contenant le sceau et la signature des
deux parties, et si le montant est important, il est versé via un compte
bancaire ou postal, pour le contrôler et en déduire la taxe.
Mode d’emploi d’un business
Ils utilisent tous les mêmes astuces : d’abord,
ils établissent une relation de confiance avec leurs abonnés, ensuite, ils
assurent qu’ils utilisent eux-mêmes le produit, même si ce n’est pas vrai et,
enfin, ils promettent à l’abonné qu’il fera une super affaire.
De
nombreux litiges peuvent apparaître à la livraison (service après-vente). La
qualité du produit reçu est souvent bien éloignée que celle de l’influenceur
avait promise.
Publicités
déguisées ou mensongères sur les caractéristiques d’un produit, commandes
jamais livrées, tromperie sur la marchandise et fausses promotions, des
milliers de signalements se multiplient.
Le
défaut de transparence est davantage le fait des influenceurs à faible
audience. Mais si la déontologie est plus respectée du côté des influenceurs
populaires, des manquements ont toutefois été identifiés chez des créateurs de
contenus.
Plusieurs
entreprises voient en ces stars du web un nouveau moyen d’attirer une clientèle
jeune et dynamique en faisant du placement de produits. Dans l’univers de la
communication numérique, l’influence marketing permet d’être plus intime avec
les consommateurs et de créer des conversations.
Les influenceurs sont censés capter l’attention d’un
public de plus en plus connecté et surtout des jeunes consommateurs une
dimension que n’aurait pas la publicité télé ou radio.
Les placements de produits en tête du
classement
Sans surprise, les placements de produits arrivent en
tête du classement. Ils sont suivis par l’invitation à un événement, la
production de contenu pour le compte de la marque, les partenariats du type
ambassadeur et les partenariats récurrents avec une marque.
Pour
les followers, s’inscrire sur un réseau social est un moyen de partager leurs passions
et centres d’intérêt, de s’informer de l’actualité d’une marque, d’un artiste,
d’une personnalité, d’un sujet qui les intéresse. La curiosité et l’envie de
passer le temps les mènent aussi vers les réseaux sociaux.
Ils
choisissent ainsi leurs réseaux privilégiés selon les thématiques qu’ils
suivent. Sur Facebook, ils s’intéressent aux influenceurs en matière de
cuisine, beauté et bien-être, sport.