CULTURE- MUSIQUE- EL BADJI
Des chansons incontournables dans
toutes les soirées interminables que le public finissait, inévitablement, par
réclamer quand l'artiste omettait l'une d'elles
On attribue très souvent, à tort,
les textes et les musiques du style chaâbi à leurs interprètes. Surtout quand
ces derniers sont des sommités de la trempe de Amar Ezzahi,
El Hachemi Guerouabi, Boudjemaâ El Ankis, etc. Les
mélomanes, non avertis, ne savent pas que derrière chaque chef-d'oeuvre
musical et poétique de la chanson chaâbie, il y a un géant de la création dont
on ne parle que très rarement. Il s'agit des auteurs compositeurs de ces textes
immortels et de ces musiques envoutantes. Dans leur majorité, les artistes
suscités et bien d'autres ne rataient pas l'occasion de citer les noms des
auteurs des chansons qu'ils interprètent. Ils leur rendaient hommage aussi.
Mais malgré cette attention, ils demeurent dans l'ombre. L'un de ces monuments
incontestables est Mohamed El Badji qui a contribué à hisser le chaâbi à son
plus haut niveau. Il est l'auteur de chansons que l'on peut qualifier, aujourd'hui,
de merveilles du chaâbi. Il s'agit de chansons magiques, qui ont marqué à vie
les esprits et qui ont été chantées par toutes les sommités du chaâbi. Des
chansons incontournables dans toutes les soirées interminables qu'animaient ces
géants et que le public finissait inévitablement par réclamer quand l'artiste
omettait l'une d'elles.
Parmi les merveilles d'El Badji, qui ne connait pas «Ya
bhar ettouffane»? Cette
chanson est une merveille à tous point de vue et ce, en dépit de la tristesse,
voire de la mélancolie qu'elle dégage à cause de son thème. Le fils de
Frais-Vallon (El Biar) qui a grandi à El Mouradia, est aussi l'auteur de l'inénarrable chanson,
également teintée de douleur, «Ya lmaqnin
ezzine». Sans compter tous les autres titres qui ont
fait le bonheur aussi bien des maîtres du chaâbi que des mélomanes et mordus de
ce style très prisé, surtout dans l'Algérois. C'est le cas de la chanson «El Khatem» qui revient également
sur toutes les lèvres des artistes chaâbi. Le chaâbi doit beaucoup à Mohamed
Badji car sans lui et tant d'autres compositeurs de l'ombre, à l'instar du
monstre sacré Mahboub Bati et bien d'autres encore
moins connus et très peu médiatisés, le chaâbi n'aurait jamais pu atteindre les
cimes qu'il a pu conquérir ni l'infini public qu'il a fait tomber sous son
charme en dépit de la concurrence féroce des autres styles musicaux destinés
surtout aux jeunes. Mohamed Badji est décédé le 28 juin 2003 à l'âge de 70
ans.