CULTURE- PERSONNALITE- CHAFIA
BOUDRÂA (ARTISTE)
L'actrice Chafia Boudrâa, grande figure du théâtre et du cinéma algériens
qui a incarné le fameux personnage de «Lala Aïni» dans le feuilleton télévisé «L'incendie» de Mustapha
Badie, est décédée, samedi 21 mai à
Alger, à l'âge de 92 ans. Révélée par la série «El Harik» du réalisateur Mustapha Badie, elle subjugue
les téléspectateurs dans le rôle poignant de la mère de famille qui trompait la
faim en faisant bouillir de l’eau. Une scène pathétique dans laquelle Chafia dévoila tout son talent avéré. On la revoit
encore en train d’appeler son fils «Omar» dans « Dar
el Sbitar » et « El Harik »
avec sa voix, un tantinet rocailleuse. Cette série la consacra dans le cinéma
comme une comédienne talentueuse. Ainsi, c’est par ce feuilleton qu’elle entra
de plain-pied dans le septième art et confirma son jeu de comédienne hors-pair.
Douée et chevronnée, elle entama une brillante carrière aussi bien au cinéma
qu’à la télévision. Sa filmographie prolifique égale ses capacités et aptitudes
dans divers longs métrages, dont « Une femme pour mon fils », « Le
thé à la menthe », « Leila et les autres », « Bleu, blanc,
rouge », « L’ évasion de Hassan Terro », « Ech chbka »,
« Le cri des hommes », « Les hors-la-loi », « Un
vampire au paradis » … Son interprétation parfaite, sa capacité à endosser
tous les rôles ont fait que tous les réalisateurs de cette période se l’arrachaient, notamment Mustapha Badie, Ghaouti Bendedouche, Sid Ali Mazif, Ali Ghanem, Rachid Bouchareb, Abdelkrim Bahloul,
Okacha Touita et Mahmoud Zemouri . L’actrice
avait cette prédisposition à s’adapter à tous les rôles qu’on lui
proposait. Toutes ses interprétations au cinéma ou à la télévision
étaient émouvantes et attendrissantes.
Née à Constantine en 1930, Chafia
connut les affres du veuvage suite à la mort de son mari en martyr de la guerre
de libération nationale . Après cette douloureuse
épreuve, elle quitta sa ville natale pour Alger en 1964 afin de subvenir aux
besoins de ses onze enfants où elle exerça comme aide-soignante, standardiste
et gouvernante avant d’intégrer la RTA pour travailler au cachet. Ses débuts de
comédienne furent dans «El Harik»
où elle creva l’écran de la petite lucarne, par la suite, elle interpréta dans « La
mégère apprivoisée », le rôle de
veuve qu’elle connaissait parfaitement, montée comme pièce de théâtre au TNA.
Après ces balbutiements cinématographiques et au théâtre, sa carrière fut
lancée et elle devint l’actrice la plus connue du public.