Même si elles se sont imposées sur le marché du
travail, les femmes sont exclues des postes de responsabilité et de décision.
C’est le constat établi par les participants à la conférence-débat sur
l’égalité des genres en milieu professionnel, ce lundi à Alger.
Les
participants à l’événement, organisé par l’Association des femmes cadres
algériennes (Afcare) en partenariat avec Philip
Morris International et Emploitic, ont débattu de la
question de l’inclusion économique des femmes en milieu professionnel.
Plusieurs aspects liés à cette problématique ont été traités, à savoir l’équité
salariale, l’accès des femmes aux postes de responsabilité et les freins de la
société à leur accès au travail. «Les femmes, certes,
se sont imposées sur le marché du travail, cela n’est venu facilement, mais
après un long combat.
Toutefois,
elles subissent une véritable exclusion des postes de décision et de
responsabilité. Cela n’est pas un jugement hâtif, puisque les chiffres en
témoignent. Plus de 61% sont dans les administrations en qualité de cadres
et cadres supérieurs, 22% dans les postes d’encadrement supérieur (chef de bureau)
et seulement 18% dans les hautes fonctions de l’Etat. Pourtant, la
législation plaide pour l’égalité des genres en matière d’emploi et de recrutement», a déclaré Aïcha Kouadri,
présidente d’Afcare.
En
matière d’égalité salariale, Christian Akiki, directeur
général de Philip Morris Algérie, entreprise détentrice de la certification
internationale Equal-Salary, a estimé que sur cette
question, le rôle des entreprises est «indéniable,
voire indispensable». «Nous nous sommes engagés à
fournir un environnement de travail de qualité où priment l’équilibre entre les
genres, la diversité ainsi que l’inclusion, qui représentent en même temps des
leviers majeurs de notre transformation et qui nous ont valu de nombreuses
distinctions en matière de pratiques managériales. Nous attachons beaucoup
d’importance à l’égalité salariale. D’ailleurs, Philip Morris International a
été la première entreprise internationale à obtenir la certification Equal-Salary, une preuve de la consécration de l’équité
salariale dans notre groupe», soutient-il.
Malgré
les indices positifs quant à l’accès des femmes aux différents postes de
travail, l’emploi et le chômage féminins restent sous évalués. Le volume de
l’emploi féminin s’élève à 2 620 000 en 2019, soit 20,4%. Il est
majoritairement urbain et salarié, avec un pourcentage de 78,51%.
Représentativité disparate
Ces
chiffres fournis par l’Office national des statistiques (ONS) témoignent du
manque de visibilité de la participation des femmes à l’activité économique
étant donné que ce chiffre ne prend pas en considération le travail des femmes
dans le secteur agricole, les aides familiales et les travailleuses à domicile,
encore moins celles qui activent dans l’informel.
Ce
qui n’est pas le cas dans d’autres secteurs, tels que la justice,
l’administration et l’éducation. La femme y occupe un espace important. D’après
les chiffres fournis par Mme Kouadri, de
l’association Afcare, le taux de présence des
femmes dans les hautes fonctions de l’Etat est passé de 21% en 2016 à 16,4% en
2018, un taux qui repart à la hausse en 2020 et qui atteint les 18,34% (source
DGFP). Il reste cependant très faible par rapport aux potentialités réelles
des femmes qui représentent plus de 60% de la catégorie cadres et cadres
supérieurs avec un niveau d’enseignement supérieur.
Cette
disparité trouve une explication dans les nombreux obstacles qui entravent
l’accès des femmes aux postes de décision, notamment le manque de structures
permettant de concilier vie professionnelle et vie familiale, telles que les crèches
et garderies d’enfants. Ce n’est pas tout, puisque les femmes rencontrent
plusieurs freins en matière de mobilité pour occuper des postes de
responsabilité et de hautes fonctions de l’Etat.
Abordant
le sujet, Louai Djaffer, directeur général d’Emploitic, évoque toutefois des indicateurs positifs sur le
marché du travail. Il estime que l’égalité des chances homme/femme pour l’accès
à l’emploi et aux postes de management devient un véritable avantage compétitif
pour les entreprises conscientes de l’impact de l’inclusion et de la diversité
sur l’attraction et la rétention des talents et donc sur leur performance. «L’une des dernières études que nous avons menées montre que
près de 60% des candidats pourraient refuser une offre d’emploi, si
l’entreprise en question ne partageait pas leurs valeurs en termes de diversité
et d’inclusion.
Les
motivations des demandeurs d’emploi ont complètement changé. Le salaire ne
figure pas dans le top 5. La première motivation est l’apprentissage et la
formation, puis avoir de bonnes relations au travail. Elle est suivie par les
possibilités d’évolution de carrière, puis la sécurité du travail par la nature
du contrat de travail (CDI). Une PME est mieux qu’une TPE,
puis le choix entre le secteur public ou privé.
Depuis
la crise sanitaire, le respect de la vie privée et familiale est en 5e place
des motivations des demandeurs d’emploi», ajoute notre
interlocuteur, qui souligne également que les femmes qui ont répondu à cette
enquête ont dévoilé chercher l’épanouissement et l’indépendance par le travail
et 74% d’entre elles pensent que les chances d’accès au travail sont assez
équitables.