ENVIRONNEMENT- REGION- VALLÉE DU M’ZAB
(GHARDAIA)
© El Moudjahid, 29 avril 2022
Classée patrimoine universel par
l’UNESCO en 1982, la vallée du M’zab (Ghardaia), région chargée d’histoire millénaireet
de traditions ancestrales, célèbre cette année le 40e anniversaire de son
classement sur la liste du patrimoine mondial. Cette consécration revient à
l’œuvre des aïeux qui ont su façonner le paysage aride et désertique de la
région, en créant des centres urbains homogènes et singuliers par leur
architecture. La richesse patrimoniale et le style architecturale singulier de
la région est devenue pour de nombreux architectes et urbanistes "une
école universelle d’architecture" et un espace attractif pour de nombreux
chercheurs et touristes. Ce classement par l’Unesco de cet espace urbanistique
est aussi la concrétisation d’actions ponctuelles de réhabilitation et de
restauration effectuées par les pouvoirs publics pour sa préservation, et
également l’attachement de la population et acteurs locaux à leur patrimoine
matériel, a indiqué le
directeur de la Culture et des Arts de la wilaya, Abdeldjebbar
Belahsen. La pentapole du M’zab
avec ses cinq ksour (Ghardaia, Mélika,
Béni-Isguen, El-Atteuf et Bounoura) a su garder sa structure urbaine durant plusieurs
siècles, avant de devenir un centre d’intérêt de l’organisme onusien, a-t-il
souligné. Ce patrimoine urbanistique, les ouvrages hydrauliques ancestraux, le
système traditionnel de partage des eaux, allié avec un environnement oasien,
sont devenus des points attractifs pour des architectes, des chercheurs
universitaires et autres touristes. Depuis 1982, date du classement de la
vallée au patrimoine mondial, les pouvoirs publics ont engagé diverses actions
visant au renforcement du dynamisme d’attractivité touristique de la région, la
préservation et la valorisation de son patrimoine architectural et culturel,
ainsi que l’embellissement et l’accessibilité des espaces patrimoniaux. Une
centaine d’actions de restauration et de revitalisation du patrimoine
architectural et autres monuments historiques ancestraux, affectés par les
aléas du temps, ont été réalisés dans la région, a fait savoir Mohamed Alouani, responsable chargé du patrimoine à la direction de
la Culture de Ghardaïa. L’ensemble de ces opérations de restauration et de
réhabilitation ont été effectuées en étroite collaboration avec le tissu
associatif, a-t-il expliqué, en affirmant que "plus de 3.000 maisons
traditionnelles, les places de Souk, des monuments funéraires, aires de prière
et mosquées ont été réhabilitées et restaurées pour préserver ce patrimoine
unique". La vallée du M’zab apporte le
témoignage d'une civilisation urbaine "intelligente" créée depuis des
siècles, le selon Dr Ahmed Nouh, notable et président
de la fondation Amidoul , initiatrice du projet de réalisation du nouveau Ksar
de Tafilelt, situé près de Béni-Isguen. La fondation Amidoul tient à travers ce nouveau ksar de 1.050
habitations, contenant une population de plus de 5.000 âmes, à marquer, tout
comme l’on fait les aïeux, l’histoire de la région, en construisant avec des
matériaux du terroir et en alliant architecture et développement durable, avec
un intérêt particulier à la préservation de l’environnement et le bien vivre
ensemble, a expliqué son président. Nombre d'observateurs n'ont pas manqué,
cependant, de déplorer les effets d’une urbanisation accélérée, depuis quelques
années, se manifestant par des constructions illicites et anarchiques, un squat
du foncier et des espaces verts, notamment la palmeraie
envahi par le béton, en plus de la ruralisation de l’espace urbain de la
vallée. Pour cela, les pouvoirs publics ambitionnent d’insuffler un nouvel élan
à la région de Ghardaïa, durement touchée par la crise du tourisme
international à l’instar d’autres régions, en préservant et valorisant son
patrimoine architectural. A ce titre, les responsables du secteur de la Culture
annoncent la mise en œuvre prochaine d’un système d’information géographique
(SIG) pour répertorier et numériser le trésor civilisationnel de la région et
son patrimoine à la fois exceptionnel et authentique, et fédérer les efforts
afin d’aboutir à la sauvegarde et la mise en valeur de cet héritage ancestral
en tant que levier de développement durable.