© Djamila Kourta/El
Watan, jeudi 28 avril 2022
Les cris de détresse des associations et des parents
d’enfants atteints d’une maladie génétique grave, à savoir la phénylcétonurie
qui est la plus fréquente des maladies rares en Algérie, ont enfin trouvé écho.
Cela fait des années que des enfants souffrent en
silence sans qu’une oreille attentive ne vienne soulager leur douleur, malgré
toutes les sollicitations auprès des autorités concernées, en premier lieu le
ministère de la Santé.
Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné, dimanche 29 avril 2022, lors de la
réunion du Conseil des ministres, des instructions au ministre de la Santé
portant sur la prise en charge gratuite par l’Etat de 373 enfants atteints de
phénylcétonurie.
Ils étaient une quarantaine en 2014, lorsque
l’association Inner Wheel (roue dans roue) créée en
1999 avait tapé à toutes les portes pour sauver des nouveau-nés nécessitant une
alimentation spéciale pauvre en phénylalanine, dont le lait qui est importé.
Nul ne peut oublier le geste humanitaire accompli à cette époque-là, par Nabil
Mellah, directeur de l’entreprise pharmaceutique Merinal
qui avait importé une quantité de 1500 boîtes à marge nulle pour le compte de
cette association caritative.
Un produit considéré comme complément alimentaire et
soumis par la loi au marquage en langue nationale et à 56% de droits et taxes.
La direction de la concurrence et des prix (DCP) a refusé à ce moment là de délivrer le visa de contrôle qualité pour
absence de notice en langue arabe, malgré toutes les démarches de l’association
Inner Wheel. Le produit a fini, tant bien que mal
après les nombreux cris de détresse de l’association avec l’aide de la presse,
par être libéré et remis aux parents des enfants malades.
Un quota de 30 000 boîtes
importé deux années avant par la même entreprise au compte
de l’association a dû être réexporté à défaut de programme d’importation
qui n’a pas été délivré par la direction de la pharmacie au ministère de la
Santé.
Les difficultés de prendre en charge ces malades ne
cessent de croître au fil des années, sachant que le prix d’une boîte de lait
indiqué jusqu’à l’âge de trois ans était de 10 000 DA l’unité et il faut au
moins quatre mois pour assurer la ration normale pour le nourrisson sans
oublier les autres aliments nécessaires pour leur alimentation une fois
l’enfance dépassée.
Depuis, les appels des pédiatre et de l’association
n’ont pas cessé pour sensibiliser les autorités sur la gravité de la maladie,
sur l’intérêt du dépistage précoce facile et réalisable et sa prise en charge,
notamment le remboursement par la Sécurité sociale de ce lait en tant que
médicament essentiel .
D’autres aliments et des denrées spéciales sont
également nécessaires pour le développement de l’enfant. Ainsi, à l’issue de
l’exposé présenté lors de cette réunion, le président de la République a donné
des instructions au ministre de la Santé pour assurer des compléments
alimentaires et des médicaments et en autorisant la Pharmacie centrale des
hôpitaux (PCH) d’importer et de distribuer les médicaments et les compléments
alimentaires relatifs à leur régime thérapeutique.
Le Président a ordonné également de prendre en charge
les maladies rares à la charge de l’Etat, insistant sur l’importance de
coordonner avec les associations spécialisées dans les maladies rares pour «maintenir les cas atteints de maladie rare sous la
loupe de l’Etat pour leur dépistage précoce, leur suivi et leur examen en vue
de les cerner et de réduire leur propagation».
A noter que la phénylcétonurie (PCU) est une maladie
génétique liée à un déficit en phénylalanine hydroxylase (PAH) qui permet la
transformation d’un acide aminé : la phénylalanine (Phe) en un autre acide
aminé : la tyrosine (Tyr).
Le déficit entraîne une augmentation de la
phénylalanine plasmatique qui est toxique pour le cerveau. Le diagnostic de
cette maladie est généralement fait grâce au dépistage néonatal systématique
qui malheureusement ne se fait plus en Algérie au même titre que
l’hypothyroïdie congénitale et l’hyperplasie congénitale des surrénales.
Ces maladies peuvent être prises en charge dès la
naissance pour éviter leur évolution et des complications à l’âge adulte qui
peuvent constituer un fardeau plus coûteux que le dépistage, ne cessent de
rappeler les spécialistes.