La première enveloppe pour l’allocation
chômage, vraisemblablement pour 10 mois et sur la base de 600 000
bénéficiaires, a été estimée à 79,168 milliards de dinars (environ 550 millions
de dollars).
C’est du moins ce qui est stipulé dans
le décret présidentiel n°22-158 du 12 avril 2022 portant création d’un chapitre
et transfert de crédits au budget de fonctionnement du ministère du Travail, de
l’Emploi et de la Sécurité sociale (Joradp n°27). L’article 1 stipule :
«Il est créé, au sein de la nomenclature du budget de fonctionnement du
ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, un chapitre
n°44-13 intitulé ‘‘Contribution au dispositif allocation chômage’’.» Youcef Cherfa, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité
sociale, a révélé l’acception de plusieurs dossiers.
En effet, il a annoncé le 21 avril que
plus de 900 000 dossiers avaient déjà été acceptés à la date du 18 avril,
sachant que le nombre d’inscrits s’élevait à 1 501 799. Le directeur
général de l’Agence nationale pour l’emploi (ANEM) avait révélé que plus d’un
demi-million de primo-demandeurs d’emploi, dont 63% de femmes, sont à ce jour
concernés par les allocations chômage. 38% ont des diplômes universitaires.
En outre, plus de 19% ont obtenu des
certificats de formation professionnelle, en plus de 43% représentant d’autres
catégories. C’est l’une des mesures sociales les plus ambitieuses du président
Abdelmadjid Tebboune depuis son accès au pouvoir en
décembre 2019. Prévu dans la loi de finances 2022, le nouveau dispositif
d’allocation chômage a été mis en œuvre le 25 février.
Il est destiné aux primo-demandeurs
d’emploi (ceux n’ayant encore jamais travaillé) âgés entre 19 et 40 ans. Le
bénéficiaire ne doit pas avoir déjà bénéficié des dispositifs publics de
soutien à la création et à l’extension d’activités, d’aide à l’insertion
professionnelle et d’aide sociale, alors que le conjoint ne doit disposer
d’aucun revenu, quelle que soit sa nature, le maintien du bénéfice de
l’allocation chômage est soumis à un nombre d’obligations, à savoir se
présenter auprès des services de l’ANEM de son lieu de résidence pour la
revalidation de son inscription, répondre aux convocations des services de
l’ANEM, ne pas refuser deux offres d’emploi correspondant à ses qualifications
n’y une formation visant à améliorer son employabilité. L’enjeu du gouvernement
est de lutter contre les contrats courts et donc la précarité, et inciter
davantage à la reprise d’activité.
La mesure vise à soulager une frange de
la population précaire, acculée par une flambée des prix sans précédent et un
ralentissement de l’activité du marché de l’emploi ces dernières années impacté
par la pandémie de Covid-19. Ce système de protection sociale veut ainsi
limiter les effets de la crise économique. Etre privé
d’emploi ne signifie pas uniquement être privé de revenus, mais aussi de la
sécurité d’existence, de la reconnaissance sociale et de l’estime de soi qui y
sont liés.
Par cette mesure, l’Exécutif pourra
éviter des mouvements de protestation qui risquent de s’élever dans une
conjoncture assez électrique (l’érosion du pouvoir d’achat des Algériens se
constate au quotidien).
Mais dans l’esprit du président de la
République, cette démarche est plutôt conforme à la déclaration de politique
générale basée sur la «justice sociale», l’«équilibre»
et «l’équité». Il avait déclaré, lors d’une rencontre avec les représentants de
la presse nationale : «Nous avons été
le premier pays après l’Europe à mettre en place cette allocation, afin de
préserver la dignité des jeunes.»
Le taux de chômage en Algérie est estimé
à environ 15%. Mais dans les faits, il serait bien plus élevé. Selon les
experts, au moins un jeune Algérien sur trois n’a pas d’emploi. Chaque année,
des milliers d’étudiants sortent de l’université avec leurs diplômes en poche,
sans autre solution que celle de se contenter de «petits
boulots», sans espoir de trouver un emploi à la hauteur de leurs études.
Le salaire national minimum garanti
(SNMG) est de 20 000 DA, et donc cette allocation équivaut à plus de
la moitié de celui-ci. L’enjeu pour le gouvernement est aussi d’assurer la
pérennité de l’assurance chômage et de trouver des modes et mécanismes de
financement efficaces, surtout dans un contexte économique particulièrement
sensible.