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Roman Alice Kaplan- " Maison Atlas"

Date de création: 27-04-2022 19:07
Dernière mise à jour: 27-04-2022 19:07
Lu: 633 fois


POPULATION- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN ALICE KAPLAN- « MAISON ATLAS »

Maison Atlas. Roman d’Alice Kaplan (traduit de l’américain par Patrick Hersant). Editions Barzakh Alger 2022, 367 pages, 1000 dinars

J’avais déjà lu et apprécié son ouvrage sur Camus (voir plus bas) mais je ne l’ai vraiment découverte qu’à la sortie, d’abord en France, de son ouvrage « Maison Atlas » lorsque, reçue sur le plateau d’Arte : « 28 minutes », elle avait d’emblée -face à une question insidieuse – mis les « points sur les i »- prenant la défense de la lutte de libération nationale et de l’image de l’Algérie contemporaine. Américaine de nationalité, maîtrisant parfaitement la langue française, elle avait découvert ,lors de son (ses) séjour(s) en Algérie,   les « restes » bien ancrés de familles de confession israélite,  tout particulièrement ceux dont   les  origines berbères remontent à des siècles ….. ; familles ou personnes totalement intégrées -chacune à sa manière, avec ses héros de la Révolution et/ou ses citoyens anonymes ,  et ce sans ostentation-  dans la société algérienne nouvelle.

L’histoire ? Années 90. Bordeaux (France) . Deux jeunes étudiants se rencontrent et entament une relation amoureuse .Emily est une américaine , juive de confession. Daniel Atlas est un français (« de passeport ») mais se réclame algérien (sa famille, demeurée en Algérie après l’indépendance,  « vit en Algérie depuis mille ans »), juif du côté du père, politiquement libéral et partisan de la cause indépendantiste  (la mère étant  catholique).

Années 90. La décennie noire. Le père Atlas commerçant  influent ,respecté et  populaire,  est assassiné par les terroristes islamistes. Daniel , le fils revient à Alger pour soutenir sa mère et, surtout pour essayer de comprendre le pourquoi du comment. Il ne tarde pas à s’engager dans la clandestinité ,  les rangs de la police chargée du contre-terrorisme, laissant sans nouvelles Emily……enceinte. De guerre lasse , sans nouvelles, elle regagnera (après un bref voyage en Algérie à la recherche de son aimé) l’Amérique donnant naissance à une fille, Becca ……qui , elle-même, va rechercher ce père tant entouré de mystère et résidant dans un pays  qui est ,  vu d’Amérique et à travers « la Bataille d’Alger » et les généalogies publiées sur l’internet,  encore plus mystérieux… Une fin heureuse qui va réconcilier tout le monde ! Il était temps.   

 

 

L’Auteure : Phd en littérature française de l’Université de Yale (Etats-Unis), enseignante, écrivaine et chercheuse . Des travaux portant sur l’autobiographie, les mémoires, la théorie de la traduction, la littérature de langue française du XXè siècle. Plusieurs publications dont « Trois américaines à Paris : Jacqueline Bouvier Kennedy, Susan Sontag, Angela Davis », en 2012 (Gallimard). A séjourné en Algérie (Alger, Oran....) en mai 2018 afin de présenter son ouvrage et d’en débattre avec le public.

 

Extraits : « En Algérie, les indigènes sont des « sujets » dépourvus de droits civiques ; faire passer cette société coloniale pour une émanation de la France de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, relève de la fable cynique » (p 69) « Après l’octroi de la citoyenneté aux juifs, en 1870, le colonisateur continue de diviser la population : les musulmans en sont les grands perdants, Juifs et Européens étant unis dans une alliance artificielle » (p 69), « Je crois que la scène la plus marquante dans « La Bataille d’Alger », c’est celle où l’on voit Ben M’hidi sur la terrasse de la maison de la Casbah. Le vrai héros tragique du film, c’était lui » (p 311)

Avis : Un « récit-roman » émouvant, qui se lit d’un trait…..afin d’arriver très vite au dénouement. Une histoire romancée mais en bonne partie réelle car, semble-t-il basée sur une recherche in situ sur le destin de la communauté juive algéro-berbère  et les destinées de ses membres…..avec , pour beaucoup d’entre-eux, une «algérianité » incontestable

 

Citations : « L’Algérie méritait bien sa réputation : un asile de fous à ciel ouvert (note : lors de la décennie noire » (P 167), « Les Juifs d’Algérie ,même absents, hantaient le pays précisément parce qu’ils étaient des Juifs arabes » (p293), « Commencer une révolution n’est pas facile, la continuer plus difficile, la gagner encore plus, mais ce n’est qu’après notre victoire que commenceront les vraies difficultés » (p 311), « Selon tous les livres d’histoire qu’elle avait pu lire sur le sujet, les injustices étaient devenues si criantes en 1945 que la révolution apparaissait comme la seule solution possible. Et la révolution n’admettait pas les demi-mesures » ( p314), « Notre langue, c’est un mélange d’arabe, de berbère, de turc, d’espagnol et de français…..Alors, on aime jouer avec les mots « ( p353)