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Dépenses militaires monde 2021/Etude Sipri

Date de création: 26-04-2022 19:42
Dernière mise à jour: 26-04-2022 19:42
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DEFENSE- ETUDES ET ANALYSES- DEPENSES MILITAIRES MONDIALES 2021/ETUDE SIPRI

Les dépenses militaires mondiales ont à nouveau réalisé des records, dépassant les 2 000 milliards de dollars pour la première fois, selon le rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri). Un think tank qui surveille et analyse chaque année le marché international de l’armement et prend en compte les salaires et les avantages sociaux des armées. Le total des dépenses militaires mondiales a augmenté de 0,7 % en termes réels, en 2021, pour atteindre 2 113 milliards de dollars, est-il précisé dans ce document.

Au tableau des cinq plus grands Etats en matière de dépenses militaires, en 2021, ce sont toujours les Etats-Unis, la Chine, l’Inde, le Royaume-Uni et la Russie qui sont présents. Ces cinq pays concentrent, à eux seuls, 62 % des dépenses militaires mondiales, selon le rapport du Sipri rendu public hier.
Ses données indiquent que c’est la septième année consécutive d’augmentation des dépenses militaires. «En plein retombées économiques de la pandémie de Covid-19, les dépenses militaires mondiales ont atteint des niveaux records», explique Diego Lopes da Silva, chercheur principal au programme «Dépenses militaires et
Production d’armes du think tank.
«En termes réels, il y a eu un ralentissement du taux de croissance en raison de l’inflation. Cependant, en valeurs nominales, les dépenses militaires ont augmenté de 6,1 , souligne-t-il dans la note de synthèse qui accompagne le rapport. Le document indique qu’avec l’accroissement des tensions en Europe, huit Etats membres européens de l’Otan ont atteint «l’objectif de l’Alliance qui vise à consacrer au moins 2 % de leur PIB aux forces armées». C’est un de moins qu’en 2020, mais deux de plus par rapport à 2014, ajoute-t-il.
L’Allemagne, troisième budget militaire en Europe centrale et occidentale, a dépensé 56,0 milliards de dollars pour son armée en 2021, soit 1,3 % de son PIB. Les dépenses militaires dans ce pays ont diminué de 1,4 % par rapport à 2020 en raison de l’inflation. L’expert Lopes da Silva a indiqué s’attendre à ce que les dépenses militaires continuent à augmenter en 2022.

Les Etats-Unis, qui ont dépassé de loin toutes les autres nations avec 801 milliards de dollars dépensés en 2021, sont allés à l’encontre de la tendance mondiale et ont diminué leurs dépenses. Leurs dépenses militaires se sont élevées à 801 milliards de dollars en 2021, soit une baisse de 1, 4% par rapport à 2020. D’après le Sipri, le fardeau militaire américain a légèrement diminué, passant de 3,7 % du PIB en 2020 à 3,5 % en 2021. Le financement américain pour la recherche et le développement (R&D) militaires a augmenté de 24 % entre 2012 et 2021, tandis que celui consacré à l’achat d’armements a chuté de 6,4% au cours de la même période. En 2021, les dépenses ont diminué pour ces deux lignes budgétaires. Toutefois, la baisse des dépenses de R&D (-1,2 %) a été inférieure à celle des dépenses pour l’achat d’armements (-5,4%).
Pour Alexandra Marksteiner, chercheuse au programme Dépenses militaires et Production d’armes, «l’augmentation des dépenses de R&D au cours de la décennie 2012-21 laisse penser que les Etats-Unis mettent davantage l’accent sur les technologies de nouvelle génération». «Le gouvernement américain a souligné à plusieurs reprises la nécessité de préserver l’avantage technologique de l’armée américaine sur ses concurrents stratégiques», rappelle-t-elle.

En ce qui concerne la Russie, ce pays a augmenté ses dépenses militaires de 2,9 % en 2021, à 65,9 milliards de dollars, alors qu’il renforçait ses forces le long de la frontière ukrainienne. Il s’agit de la troisième année consécutive d’augmentation et les dépenses militaires russes ont atteint 4,1 % du PIB en 2021. «Les revenus élevés du pétrole et du gaz ont aidé la Russie à accroître ses dépenses militaires en 2021. Les dépenses militaires russes avaient diminué entre 2016 et 2019 en raison des faibles prix de l’énergie combinés aux sanctions infligées en réponse à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014», précise dans la note de synthèse Lucie Béraud-Sudreau, directrice du programme Dépenses militaires et Production d’armes du Sipri.
La ligne budgétaire Défense nationale, qui représente environ les trois-quarts du total des dépenses militaires russes et comprend le financement des coûts opérationnels ainsi que l’achat d’armements, a été revue à la hausse au cours de l’année. Le chiffre final est de 48,4 milliards de dollars, soit 14 % de plus que ce qui avait été budgétisé à la fin de 2020. Alors qu’elle consolidait ses défenses contre la Russie, l’Ukraine a augmenté ses dépenses militaires de 72 % depuis l’annexion de la Crimée, en 2014. Les dépenses ont chuté en 2021, à 5,9 milliards de dollars, mais représentaient toujours 3,2 % du PIB du pays.

En Asie-Océanie,
la Chine, qui représente le deuxième budget militaire au monde, a alloué environ 293 milliards de dollars à son armée en 2021, soit une augmentation de 4,7 % par rapport à 2020. Les dépenses militaires de la Chine ont augmenté pour la 27e année consécutive. 2021 est la première année budgétaire du 14e plan quinquennal chinois, qui court jusqu’en 2025. Après l’approbation initiale de son budget 2021, le gouvernement japonais a ajouté 7,0 milliards de dollars à ses dépenses militaires. Par conséquent, les dépenses ont augmenté de 7,3 %, pour atteindre 54,1 milliards de dollars en 2021, la plus forte augmentation annuelle depuis 1972. Les dépenses militaires australiennes ont également augmenté en 2021, de 4,0 %, pour atteindre 31,8 milliards de dollars.
Le renforcement des capacités militaires chinoises a incité ses voisins régionaux à augmenter à leur tour leurs budgets militaires. «La présence de plus en plus affirmée de la Chine dans et à proximité des mers de Chine orientale et méridionale est devenue le principal facteur des dépenses militaires de pays comme l’Australie et le Japon», souligne Nan Tian, chercheur principal au Sipri. «On peut citer, par exemple, l’accord de sécurité trilatéral Aukus entre l’Australie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis qui prévoit la fourniture de huit sous-marins à propulsion nucléaire à l’Australie pour un coût estimé à 128 milliards de dollars.».
L’Australie a également dépensé 4% de plus pour son armée, atteignant 31,8 milliards de dollars en 2021. Le Japon, quant à lui, a dépensé 7 milliards de dollars, soit une augmentation de 7,3%, la plus forte hausse annuelle depuis 1972. L’Inde, troisième pays le plus dépensier du monde avec 76,6 milliards de dollars, a également augmenté son financement en 2021, mais d’un pourcentage plus modeste de 0,9%. Le Royaume-Uni occupe la quatrième place, avec une augmentation de 3% de ses dépenses militaires, qui atteignent 68,4 milliards de dollars. Il remplace l’Arabie saoudite, qui a diminué ses dépenses de 17%, pour atteindre un montant estimé à 55,6 milliards de dollars. En 2021, les dépenses militaires du Qatar s’élevaient à 11,6 milliards de dollars, ce qui en fait le cinquième budget militaire du Moyen-Orient. Les dépenses militaires du Qatar en 2021 étaient supérieures de 434 % à celles de 2010, année où le pays a publié des données sur ses dépenses pour la dernière fois avant 2021.
Les autres évolutions notables sont à observer en Iran, dont le budget militaire en 2021 a augmenté pour la première fois en quatre ans, à 24,6milliards de dollars. Le financement du Corps des gardiens de la révolution islamique a continué d’augmenter en 2021 –de 14 % par rapport à 2020- ce qui représente 34 % du total des dépenses militaires de l’Iran. En Afrique, le Nigeria a augmenté ses dépenses militaires de 56 % en 2021, pour atteindre 4,5 milliards de dollars. Cette augmentation intervient en réponse à de nombreux problèmes de sécurité tels que l’extrémisme violent et les insurrections séparatistes.

En Afrique, selon le Sipri, les ventes d’armes dans le monde ont doublé en valeur entre 1996 et 2021. Durant cette période, de nouveaux points chauds ont apparu, le plus récent étant l’Europe où la guerre en Ukraine relance dans cette partie du monde le débat sur la «nécessité» de mobiliser des financements importants pour le réarmement, l’exemple majeur étant celui de l’Allemagne où les questions militaires occupent comme jamais auparavant le champ politique.
Autre point chaud, le Moyen-Orient où, toujours selon le Sipri, la progression des ventes d’armes a été de 3% et cela est en grande partie lié aux investissements du Qatar qui entretient des relations tendues avec ses voisins du Golfe. En Afrique, le Sahel, dont les pays sont confrontés au péril terroriste et connaissent des crises politico-institutionnelles à répétition, on achète beaucoup d’armes aussi. Le continent a vu ses dépenses militaires multiplier par 2,5 en trente ans, mais en fin de compte, le continent ne représente qu’une faible part des achats d’armes dans le monde en 2021, moins de 6%, et celle-ci est en chute de plus d’un tiers depuis cinq ans.
Parmi ses fournisseurs d’armes, le plus important est sans doute la Russie : 44% des importations d’armes en Afrique, loin devant les Etats-Unis (17%) et la Chine (10%). Le plus gros acheteur d’armes russes est l’Algérie (90 milliards de dollars entre 2010 et 2020), le Maroc s’approvisionnant auprès des fournisseurs occidentaux comme les Etats-Unis et la France, le royaume étant considéré comme un «allié majeur» non membre de l’OTAN. L’Egypte , 5e plus gros acheteur d’armes au monde, est en haut du tableau.