HISTOIRE-
PERSONNALITES- DRIDI
FATIMA ZOHRA
© Amayas
D./Horizons, samedi 23 avril 2022
La mémoire enfouie d’une basketteuse
E lle avait à peine 19 ans, lorsqu’elle a brandi, à
Skikda, l’emblème national lors des manifestations spontanément déclenchées en
soutien aux manifestations du 11 décembre 1960 de Belcourt.
Fatima-Zohra Dridi, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, avait à ses côtés et en
première ligne du cortège, Mlle Fella Oudjani, et
Mouloud Belhadj (dit Derder). Issue d’une famille de
sportifs et aînée de quatre frères et trois sœurs, dont le père n’est autre que
Belkacem Dridi, dit Chéri, membre fondateur et numéro 10 de l’ASA M’lila et de l’Etoile sportive de Philippeville (actuelle
Skikda) durant les années 1950, F. Z. Dridi, était jeune, belle, rayonnante.
Elle venait à peine de sortir de l’adolescence quand elle décida de prendre
part à la plus glorieuse des causes et des révolutions. Avec un courage
exceptionnel et un goût prononcé de la liberté, elle adhère au FLN et rejoint
les rangs des moudjahidine, forçant leur respect et suscitant leur admiration.
Activant clandestinement comme agent de collecte de renseignements sous la
responsabilité de Mohamed Boukhdenna, elle ne
baissera jamais les bras et fera face, avec bravoure, à tous les dangers, et ce
jusqu’au dévouement, aux côtés de Rabah Djeffal,
comme responsable dès le lendemain de l’indépendance. Femme de caractère et de
convictions, elle était en avance sur son temps. Son émancipation et son
franc-parler lui ont valu beaucoup d’inimitié de la part de la communauté pied
noir. D’une grande culture, elle fait son cursus secondaire au lycée
Emile-Maupas (aujourd’hui Ennahda) et décrocha son
bac avec brio. Fatima-Zohra Dridi commencera sa carrière dans le monde des
sports à Skikda sous la férule d’une autre figure de proue du mouvement sportif
national, l’ancien DTN de football, Youcef El-Kenz.
Avec un mental d’acier, elle poursuivra sa carrière professionnelle à Alger et
plus précisément à la SN Répal, qui deviendra
Sonatrach. Recrutée en tant que cadre supérieure, elle travaillera aux côtés
d’illustres personnalités telles que le défunt Slimane Amirat et Sid-Ahmed Ghozali pour ne citer que ceux-là. Avec ses grandes
compétences et son esprit vif, F. Z. Dridi communique positivement son
engagement professionnel et son dynamisme à ses collègues qui le lui rendaient
bien. Après son mariage à Hadj Zennadi (ex DG de la
DNC, ERCA et autre OMRC), elle mettra un terme à sa carrière professionnelle en
1971. F. Z. Dridi était une basketteuse de talent et d’une grande classe. Elle
évoluera au sein du Sporting Club Philippeville (devenu
Widad Athlétique de Philippeville), avec lequel elle
décrochera en 1963, en tant que capitaine d’équipe, le premier titre de
championne d’Algérie dans la discipline. Elle prendra part au tournoi
international de Dakar avec le Widad au titre de
représentant de l’Algérie. C’est à l’USM Alger qu’elle deviendra
entraîneur-joueuse. Elle mettra définitivement fin à sa carrière de
basketteuse, non sans donner le meilleur d’elle-même. Ayant plusieurs cordes à
son arc, elle avait été
la première algérienne à traverser à la nage la rade de Skikda,
du phare rouge au phare vert, aux côtés des frères Sid et Siafa.
A l’indépendance du pays, elle se mettra au théâtre, où elle laissera
s’exprimer son talent de comédienne. Longtemps malade, F. Z. Dridi décédera à
Alger en octobre 1992. Elle avait tout juste 51 ans, laissant derrière elle
quatre enfants et un vide incommensurable. En somme, la regrettée F. Z. Dridi
fut une femme exceptionnelle, de l’avis de tous ceux qui l’ont connue de près
ou de loin. C’était la mère, la sœur et la conseillère. C’était l’asile le plus
sûr pour ceux qui se tournaient vers elle.