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Roman Rachid Ezziane - "De nos soeurs égorgées"

Date de création: 14-04-2022 18:38
Dernière mise à jour: 14-04-2022 18:38
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DEFENSE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH- ROMAN RACHID EZZIANE- « DE NOS SŒURS ÉGORGÉES »

De nos sœurs égorgées Roman de Rachid Ezziane. Editions Les presses du Chélif, Chlef 2022.153 pages, 800 dinars

Ils étaient 12 . Tous enseignants. Tous issus de familles modestes et/pauvres. Tous habitaient à Sfisef, un « village néant », un « sosie à l’insignifiance »  . Tous devaient se rendre chaque jour de l’année scolaire 1997  , en minibus (un vieux fourgon) ou en taxi « clandestin », en aller-retour à des heures fixes, à quinze kilomètres à leur établissement scolaire situé à Ain Adden . Parmi les douze, il y avait onze femmes : Zahia (mère de deux enfants) , Hassina (affectation nouvelle avec le rêve d’aller à Alger  pour devenir journaliste) , Faiza (fille unique projetant d’aller en Belgique rejoindre son oncle ), Alia (fan de poésie), Nacera (qui travaille pour toute la famille, le père ayant été assassiné par les terroristes), Karima (la toute belle, habitant un appartement « plus vétuste que des habits en haillons », voulant être historienne ), Assia (d’une famille aisée), Fadhila (unique fille) , Rabha (au corps chétif, grand fan des l’équipes nationales de foot et de hand….surveille constamment par un frère qui faisait de tout une affaire d’honneur), Samia  (orpheline de père , institutrice stagiaire), Aicha (qui venait de se marier et attendait un enfant). Toutes heureuses de se retrouver et de retrouver leurs classes et leurs élèves. Mais , le visage crispé et la peur au ventre. Car …… 

Au maquis terroriste, il y  avait une « fatwa » interdisant aux femmes d’enseigner ou d’aller à l’école. Emise par un « fou de Dieu »  au surnom sanguinaire : « Dhib El-Djiâane » , le loup affamé, déjà coupable , par égorgement, de mille et meurtres , toujours d’innocents (femmes, vieillards, bergers, automobilistes, enfants ……).

Après une journée d’enseignement bien remplie, c’est le retour au domicile , toujours dans le même fourgon , suivi par un taxi avec quatre  passagères .

Sur le chemin de retour, elles seront toutes (ainsi qu’un instituteur) égorgées par la horde sauvage. Onze « vierges » dont deux étaient mariées), ayant refusé le « diktat » de l’intolérance  ont préféré se sacrifier plutôt que de vivre enchaînées, « car nul ne peut prétendre avoir vécu s’il n’a pas vécu à la délectation de la liberté » 

Plusieurs années après,, Sfisef a quelque peu pansé ses blessures…..à un prix très, très fort. Puis vint Bouteflika qui, sous l’effet de discours « magiques »,  a imposé la « Concorde » et la « Réconciliation », comme si la « Rahma »   ne suffisait pas….. », avec un peuple devenue  masse qui suivit les « enjeux » sans rien comprendre » .On en a oublié les victimes…… »  « Dhib El-Djiâane » le loup affamé, abandonné, traqué, solitaire, affamé, saisissant l’ offre » ne tarda pas à se rendre…….et , il continue à purger sa peine d’emprisonnement à perpétuité  en compagnie de ses cauchemars et de sa folie

 

 

L’Auteur : Né en 1955 à Zeddine (Ain Defla). Ancien professeur de philosophie, journaliste chroniqueur. Plusieurs ouvrages à son actif (romans, essais, nouvelles)

Extraits : « Quand on vit dans une famille de huit personnes , entassées dans un deux pièces cuisine, on a beau aimer les poèmes de Nizar Kabbani ou de Mahmoud Darwich, on n’aura jamais ni le temps ni l’espace pour les lire ou les écrire » (p23), « Cette réconciliation avait surtout profité plus aux assaillants qu’à leurs victimes. « Cette paix à sens unique » avait fait naître chez tous ceux qui ont été écorchés dans leur chair comme une deuxième mort des leurs » (p115)

Avis :Emouvant.Se lit d’un trait…surtout pour arriver au châtiment du meurtrier

Citations : « Comme le vampire qui se nourrit de sang, le loup affamé se désaltère de la peur des femmes » (p47), « Seule l’instruction libère l’esprit.Donne des ailes aux racines.Ouvre les chemins de l’avenir » (p57), « Dans « l’offensive », il reste en arrière ; dans la fuite, il prend la tête de la course. Telles est la meilleure tactique des lâches, sans foi ni loi » (p87), « Il n’y a pas de lucidité sans liberté, et de liberté sans courage «  (pp 115-116)