COMMUNICATION- ETUDES ET
ANALYSES- ARIQUE/CONSOMMATION MEDIAS 2021
Pour s’informer, les Africains
utilisent surtout la radio mais les médias numériques progressent à grands pas
© Servan Ahougnon/Rapport Afrobarometer/ Agence Ecofin/5 avril 2022
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En Afrique, la pénétration du smartphone et l’accès à internet haut débit
modifient les habitudes notamment dans la façon de s’informer de la population.
Ces dernières années notamment, les médias numériques se sont installés dans
les habitudes et commencent à rivaliser avec des médias traditionnels.
En Afrique, la radio continue d’être la source
d'information prioritaire, mais les médias numériques commencent à prendre plus
de place. C’est essentiellement ce que conclut la dépêche n°509 du rapport Afrobarometer publié en février 2022. « Entre
2014/2015 et 2019/2021, la proportion d'Africains qui s'informent au moins
quelques fois par semaine par le biais des médias sociaux ou de l'Internet a
presque doublé, passant de 24% à 43% dans les 31 pays concernés par les deux enquêtes »,
informe un des sondages. A partir de là, l’étude, basée sur les sondages
d’Africains résidant dans 34 pays du continent, essaie d’analyser les
changements liés à l’augmentation de l’usage des médias numériques.
Moyens d’accès à l’information (source Afrobarometer)
La principale source d’information reste
la radio
L’un des principaux enseignements du rapport concerne
la prépondérance de la radio comme source d’information. « En
moyenne, dans les 34 pays enquêtés, les deux tiers (68%) des personnes
sondées écoutent la radio au moins quelques fois par semaine »,
renseigne l’étude. Cela s’explique entre autres par la facilité d’accès à la
radio sur le continent. « La radio est le média le plus
« démocratique », dans la mesure où les disparités de l'accès en
fonction du lieu de résidence, du sexe, de l'éducation, et de l'âge sont
relativement faibles. Des écarts plus importants s'observent pour ce qui est
des autres sources médiatiques, dont l'accès pourrait nécessiter un niveau
d'éducation plus élevé, un revenu disponible plus important, ou la résidence
dans des zones plus peuplées », peut-on lire dans le rapport. En plus,
il y a toujours une forte demande pour la radio. C’est l’une des raisons pour
lesquelles, lors d’une session tenue du 28 juin au 02 juillet 2021, l’Union
Internationale des télécommunications (UIT) et l’Union Africaine des
télécommunications (UAT) ont travaillé à l’augmentation de l’accessibilité aux
fréquences FM. « L'accès à l'information est essentiel à la
réalisation du Programme des Nations Unies pour le développement durable, et
l'UIT est ravie de s'associer à l'Union africaine des télécommunications dans
ce projet visant à renforcer la portée de la radio en Afrique. La radio FM est
devenue l'un des médias les plus dynamiques, les plus réactifs et les plus
attrayants, touchant un large public et permettant une diversité accrue, où
toutes les voix peuvent être entendues », a expliqué Houlin Zhao, secrétaire général de l'UIT.
Les médias sociaux et internet en forte
progression : Malgré la pérennité de la radio, la principale information reste la
croissance de l’utilisation d’internet et des médias sociaux pour s’informer en
Afrique. « La consommation de médias numériques à des fins d'information
croît rapidement. Entre 2014/2015 et 2019/2021, la proportion d'Africains qui
s'informent au moins quelques fois par semaine par le biais des médias sociaux
ou de l'Internet a presque doublé, passant de 24% à 43% dans les 31 pays
concernés par les deux enquêtes », informe l’étude. Ce constat
s’explique par la croissance de la pénétration d’internet sur le continent. En
2019, par exemple, le continent africain affiche le plus fort taux de
croissance d’internet au monde avec une progression annuelle de 20%. Mais la
pénétration d’internet en Afrique est encore loin d’atteindre au niveau moyen
mondial. En 2020, selon la plateforme Internet World Stats,
l’Afrique affichait un taux de pénétration d’internet de 39,3%, pendant que la
moyenne mondiale était de 58,8%. Cela explique peut-être le fait que les médias
numériques soient moins utilisés en Afrique que dans le reste du monde. En
effet, internet et les médias sociaux restent derrière la télévision et la
radio. Mais, comme le montre le graphique ci-dessus, les courbes d’utilisation
de la radio et de la télévision sont descendantes tandis que celle des médias
numériques est en pleine croissance.
Médias sociaux, information,
désinformation et influence en Afrique : Les chiffres d’utilisation des médias
sociaux comme moyens d’information montrent à quel point les Africains
commencent à se baser sur ce moyen pour s’informer. A titre d’exemple, lors du
coup d’Etat guinéen de septembre 2021, les réseaux sociaux ont été les
principales sources d’informations sur la situation pendant plusieurs heures.
Le caractère instantané des médias sociaux les met en concurrence avec les
médias au niveau de la rapidité de l’accès à l’information. Mais dans le même
temps, le manque de régulation des médias sociaux expose la population à des
campagnes de désinformation ou d’influence qui ne seraient pas évidentes avec
du contenu publié par des médias astreints à certaines obligations. Face à
cette situation, de nombreux gouvernements africains veulent mieux contrôler
les médias sociaux. « La
majorité, 57%, des Africains considèrent que les médias numériques ont des
effets essentiellement positifs sur la société, tandis qu'un quart seulement
,24%, considèrent que leur impact est surtout négatif. Toutefois, même si les
Africains apprécient la capacité des médias sociaux à informer et à autonomiser
les citoyens, ils perçoivent également des menaces évidentes dans leur capacité
à diffuser de fausses informations et des discours de haine », déclare
le rapport à ce sujet.
Fréquence d’utilisation des différentes sources d’information. : Sur cette question,
aussi bien au niveau de l’étude qu’au niveau des sondés on observe une sorte de
confusion entre presse numérique et réseaux sociaux. Les sondés surtout ne
semblent pas réellement faire une grande différence entre la presse digitale et
les réseaux sociaux, comme source d’information en Afrique. Cette situation
pose un problème d’éducation aux médias assez rarement évoqué en Afrique.