COMMUNICATION- ETRANGER- TELEVISIONS
EUROPEENNES
POUR CAPTER UN PUBLIC VOLATIL ET
APRÈS DEUX ANS DE PANDÉMIE
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© Liberté/Afp, 5avril
2022
Après
deux ans de pandémie, la télé reste très regardée, mais façon puzzle,
multiplication des offres oblige, ce qui contraint les groupes audiovisuels
comme les plateformes de streaming à s'adapter pour capter un public volatil.
“La
pandémie mondiale a considérablement modifié la consommation de médias”,
constate l'Observatoire européen de l'audiovisuel dans son rapport sur les
tendances clés 2021/2022. Le temps passé chez soi et la limitation des loisirs
ont ainsi conduit à “une augmentation de la consommation de télévision”, qui a
culminé en 2020 à 3h58 par jour.
En 2021, si le temps passé devant la télé a diminué,
il demeure important: les téléspectateurs européens sont restés en moyenne 3h42
par jour à regarder la télévision, soit une hausse de 3 minutes par rapport à
2019, selon des données compilées dans 36 pays par Glance,
entité de Médiamétrie spécialiste des marchés internationaux de télé.Un regain entretenu par “le retour de séries
télévisées qualitatives, d'actualités intenses et d'évènements sportifs de haut
niveau”, relève Frédéric Vaulpré, vice-président de Glance, lors du MIPTV, deuxième marché professionnel de la
télévision qui s'est ouvert lundi à Cannes (sud de la France).
Course folle aux contenus
Un cocktail qui permet aux chaînes historiques de tirer leur épingle du jeu,
notamment en produisant des séries haut de gamme. Scénarii et réalisations
soignées, casting cinq étoiles : les “vieux” groupes de télé affrontent la
concurrence américaine du streaming avec des séries maison à l'origine de
belles audiences, comme la série Vigil, coproduite par la BBC et Arte, meilleur
lancement au Royaume-Uni en 2021, ou de HPI sur TF1, plus gros carton
d'audience en France depuis 2005.L'évolution des modes de visionnage – où le
consommateur choisit ses programmes, ses horaires et son support (télé, smartphone
ou ordinateur) – a aussi conduit les chaînes à accélérer sur leurs plateformes
en ligne, où les contenus se regardent en direct ou en différé.Certaines
adoptent de plus en plus “la pré-diffusion” de leurs programmes originaux,
proposant de les visionner en ligne avant leur passage à l'antenne. Cette
“tendance forte, depuis quelques années, s'installe au Royaume-Uni”, note Glance, citant l'exemple de la chaîne payante britannique
Sky Atlantic, dont 55% des programmes sont diffusés de cette manière.
“Chaque acteur fourbit ses armes dans un marché hyper
dynamique où l'on sent une volonté élargie de découvrir de nouveaux contenus”,
analyse auprès de l'AFP Frédéric Vaulpré. Entre les
géants américains du streaming, la concurrence devient acharnée.Si Netflix cavale toujours en tête, avec
221,8 millions d'abonnés dans le monde, il s'essouffle et sent se rapprocher
Disney, Amazon ou HBO. En témoigne la course effrénée à la production de
contenus dans l'espoir de générer des succès planétaires comme Squid Game,
série sud-coréenne regardée par 142 millions de personnes un mois après sa
sortie sur Netflix.Selon le cabinet Ampere Analysis, Netflix prévoit
la sortie en 2022 de 398 programmes originaux, un record. En face, Disney, avec
130 millions d'abonnés, a lancé la production de 340 contenus originaux hors
des États-Unis.Amazon Prime Video,
plus de 175 millions d'abonnés au compteur, vient pour sa part de finaliser le
rachat du mythique studio hollywoodien MGM, disposant désormais d'un catalogue
d'environ 56 000 titres, là où Netflix en compte moins de 20 000.
Succès des FastTV
Les poids lourds du streaming font aussi évoluer leur offre avec des
tarifications à la baisse selon les marchés ou via des formules d'abonnement
moins chères intégrant de la publicité. Après HBO Max, Disney a annoncé le
lancement fin 2022 d'une option avec publicité aux États-Unis, où le marché est
saturé.Une manière d'allier nouveau public et revenus
publicitaires, une recette déjà éprouvée par les acteurs du streaming gratuit
financé par la publicité (AVOD) qui ont trouvé leur public avec les “FastTV”, comme PlutoTV (Viacom
CBS) ou IMDb TV (Amazon).Financées par la publicité,
ces chaînes gratuites proposent des contenus thématiques à regarder en
direct... comme les chaînes de télé traditionnelles. “Ce retour vers le futur
audiovisuel séduit” : d'après Glance, 60% des
Américains avaient délaissé en 2021 leur offre sans pub pour adopter ces
services.