Votre
analyse sur la situation du secteur du livre en Algérie, naturellement de celle
de la maison édition ? La politique nationale du livre existe-t-elle réellement
? La politique nationale du livre a toujours existé…,
malheureusement, avec bien plus de bas que de haut… selon les gouvernants et
les situations économiques. On a connu une très belle période, dans les années
70, avec une stratégie originale liée au développement de la
«lecture publique». Malheureusement, comme dans beaucoup de secteurs
d’activités «immatérielles», il y a beaucoup
d’abandons en cours de route et beaucoup de restructurations désastreuses
(comme celle du cinéma, et celle des librairies d’Etat…), ce qui nous a ramenés
«doucement mais sûrement» à un niveau regrettable.
En 2022, le lectorat dans notre pays est-il plus
important par rapport à son passé ? Comment appréciez-vous la qualité et le
niveau de l’écrivain algérien en langue française et arabe à l’étranger ? Bien sûr que le
lectorat est plus important, car ne pas oublier que nous sommes plus de 40
millions de personnes avec un très fort pourcentage de lettrés capables de
lire… mais qui ne lisent pas tous. Hélas ! Il est vrai que la télé (qui, par un
passé récent, a littéralement laminé le cinéma), puis les Tic ont bouleversé
l’appréhension de la chose écrite. Surtout qu’à l’école et à la maison, on a
beaucoup appris et on apprend encore aux enfants à voir, à entendre et à
ingurgiter, mais pas à lire, à déchiffrer et à comprendre. Quant à la
production elle-même, c’est un peu comme pour le cinéma (encore qu’il y a
désormais, chez nous, bien plus de liberté de publier un livre que de réaliser
un film)… les super productions -celles intéressant, à
leur manière… financière et/ou politique… le marché extérieur - se réalisent à
l’étranger. Ceci dit sans diminuer de la qualité des écrits nationaux, en arabe
et en français… et désormais en tamazigh, qui sont, je le dis et le redis,
ayant lu plus de 1000 ouvrages (sans parler de l’expression médiatique) en plus
de dix années, d’une qualité et d’une profondeur, tant dans l’écriture que dans
le sens, assez supérieurs à ce qui se fait à l’étranger. Hélas, les tirages
faibles et les diffusions limitées font que l’auteur algérien n’est pas
apprécié à sa juste valeur. En tout cas, nous arrivions difficilement à faire
le tri (sic !) entre le bon et le moins bon, l’auteur de circonstance et celui
d’avenir. C’est, d’ailleurs, ce constat ancien qui a fait que j’ai travaillé
sur le dictionnaire des citations qui met en valeur la qualité de nos auteurs
et de leurs productions
Votre participation à l’édition du SILA 2022 se
limitera-t-elle à la présentation d’une seule œuvre littéraire ? D’abord ce ne sont
pas des œuvres «littéraires» au sens noble du terme,
loin s’en faut… je travaille sur un roman par exemple, mais je «cale» depuis
plus de 15 ans. Ce sont des œuvres mémorielles (les parcours de vie et
professionnel), documentaires (le dico) et journalistiques (les citations). Il
y en a en trois éditées, en 2021 et 2022, toutes, par El Qobia
éditions. La dernière œuvre Poing de vue, préfacée
par Ahmed Cheniki et postfacé par Tayeb Kennouche,
regroupe près de 150 chroniques toutes déjà publiées dans la presse nationale,
concernant la vie politique, sociale et culturelle. A noter que j’ai à mon
actif une dizaine d’ouvrages (dont deux éditées par l’Opu
dans le cadre de mes activités universitaires), dont certaines sur la vie
politique et sur la communication.
Nous serons très attentifs à votre commentaire pour
conclure cet entretien, d’autant plus que vous avez une très longue expérience
dans la communication, le journalisme, l’information et l’écriture de plusieurs
articles de presse, bien entendu, et des livres ? Le livre (et l’écrit)
a toujours existé, et ce, malgré l’apparition de formes nouvelles de
communication… car c’est lui qui a ouvert la voie à la connaissance vraie et au
progrès humain. D’où l’espoir têtu, le mien, que les choses ne peuvent se
développer que dans le bon sens. Il faut cependant que des facilitations soient
mises en œuvre par les appareils d’Etat et associatifs, ainsi que par des
entrepreneurs (en dehors des aides financières et matérielles… comme les foires
et salons, à travers le pays) afin de semer le goût de la lecture ; tout
particulièrement au niveau des écoles, au niveau des collèges et des
universités, avec une large ouverture sur les langues… en ne se focalisant pas
exclusivement sur l’internet… en multipliant les prix tout en les valorisant.