© El watan, jeudi 24 mars
2022
Rudement touchés par le chômage et la précarité, les
jeunes Algériens sont également confrontés à une faible scolarisation et une
exclusion économique. Ce sont les conclusions d’un récent rapport sur «la
transition des 15-24 ans vers la vie adulte» réalisé
par Unicef Algérie et le Conseil national économique et social et
environnemental (Cnese).
Le
fait est, selon le rapport en question, que les jeunes sont largement plus
touchés par le chômage (26%). Et même ceux qui occupent un travail, notamment
dans le secteur privé, ne sont pas couverts par la sécurité sociale (88% des
jeunes travailleurs ne le sont pas contre 66% pour l’ensemble de la
population).
Les
jeunes femmes, elles, subissent une double peine. Selon ce rapport, la présence
des femmes sur le marché du travail en Algérie est parmi les plus faibles dans
le monde, puisque leur taux d’activité est de l’ordre de 16,4% seulement et il
est encore inférieur pour les jeunes âgées entre 16 et 24 (8,9%). Le taux de
chômage de 46,9% chez les femmes âgées de 16 à 24 ans signifie par ailleurs que
la moitié des femmes de cette tranche d’âge souhaite travailler, mais ne
trouvent pas d’emploi. Le décrochage scolaire est l’un des faits aggravants de
la situation.
L’état
des lieux fait par l’Unicef montre que près d’un jeune Algérien de 16 à 24 ans
sur deux n’a pas complété le cycle moyen. Le décrochage scolaire touche, par
ailleurs, essentiellement la gent masculine avec un taux de 56% chez les hommes
et un taux de 40% chez les femmes. Il apparaît ainsi que les jeunes hommes
scolarisés à 15 ans ont des acquis inférieurs à ceux des jeunes femmes. «L’analyse est reproduite sur l’achèvement du cycle moyen,
soit 9 années d’étude et il en ressort que 48% des jeunes n’ont pas achevé
l’enseignement obligatoire (primaire et moyen), un taux alarmant. Cette
fréquence est plus élevée en milieu rural et varie assez fortement d’un EPT à
un autre», peut-on lire sur le rapport en
question.
Cela
semble intimement lié au niveau scolaire des parents, passant de 14,9% parmi
les jeunes dont les parents ont suivi un enseignement supérieur, contre plus de
50% chez ceux dont les parents ont suivi un enseignement primaire ou n’ont pas
été à l’école. Fait curieux : les jeunes bacheliers se dirigent davantage
vers les filières de «sciences sociales et humaines»
et des «lettres et langues», à la défaveur des filières «technologie-Sciences
exactes» et celles des «sciences médicales» qui marquent un net recul.
Selon
le rapport de l’Unicef, les jeunes s’orientent davantage, contraints par
l’offre existante, vers l’option études supérieures, au moment où l’économie
nationale a plus besoin d’une main-d’œuvre qualifiée pour évoluer vers la
diversification économique. Sur le plan de la santé mentale des jeunes, le
constat établi par l’Unicef est, là encore, des plus alarmants. «La mesure AVCI des troubles mentaux montre que les
principales problématiques de santé mentale sont les troubles dépressifs,
anxieux, l’usage de drogue, la violence, les troubles bipolaires et les
suicides.
Chez
les femmes, les troubles dépressifs et anxieux sont les causes principales
d’AVCI, alors que pour les hommes, c’est l’usage de drogues et la violence. En
règle générale, ces chiffres soulignent l’importance de traiter la santé
mentale comme une priorité politique, notamment au passage à l’âge adulte.» Le fait est que les solutions politiques apportées aux
questions liées à la jeunesse se sont révélées inefficaces.
Les
dispositifs d’encouragement de l’emploi mis en place ont principalement conduit
à une forte création d’emplois temporaires (taux de pérennisation dans le PID
est de 2,8% en 2017) et une faible survie des entreprises/activités créées dans
le cadre de l’Ansej.
La
plupart des autres programmes – à l’instar de la santé – touchent les jeunes
comme toute autre catégorie de la population et n’apparaissent pas comme une
catégorie spécifique avec des besoins de santé propres.