COMMUNICATION- OPINIONS ET POINTS DE VUE- ARTE/FILM
SUR ALGERIE FEVR 2022
© www.aps.dz, jeudi 17 février 2022
La chaine
franco-allemande, ARTE, se distingue une nouvelle fois par la production d’une
mini-série polémique, en l’occurrence "Alger Confidentiel", sur un
scénario d’Abdel Raouf Dafri, (et d’après le roman
" Paix à leurs armes" d’Oliver Bottini).
Si la
fiction est un genre libre, les ingrédients que mettent les cinéastes
européens, spécialement français dans ce cas, pour décrire l’Algérie, découlent
toujours des mêmes fantasmes et des mêmes récurrences intellectuelles.
Les pôles français et allemand d’ARTE et la chaîne
publique ZDF (actionnaire d’ARTE) ont mis 5 millions d’euros pour faire naitre
cette mini-série qui reprend les mêmes clichés auxquels nous a habitués ARTE
durant deux décennies.
L’Algérie y est forcément un "pays hostile",
dixit le scénariste gauchisant, décoré de la légion des Arts et des Lettres par
Fréderic Mitterrand, neveu de l'ex-ministre de la justice coloniale.
L’Algérie y est forcément "corrompue",
"non gouvernée", abrite une "junte militaire" méchante, et
des opposants, souvent des islamistes "gentils" sur un arrière fond
violent et insoutenable.
Et pour corser le cliché, l’acteur principal est
forcément un sympathique agent étranger qui a trouvé l’amour avec une
Algérienne (dans le cas d’espèce une magistrate), dont CNews
y va joyeusement de son cliché pour résumer le synopsis : "Quand un
vendeur d’armes est kidnappé, ils se retrouvent face à un conflit d’intérêt qui
va mettre leur amour à rude épreuve, sur fond de corruption et de lutte pour la
démocratisation d’un pays dirigé par un régime à bout de souffle". Voilà
pour l’intrigue.
Toutefois, le téléspectateur algérien est fatigué. Il
est atteint par une forme de lassitude par des raccourcis médiatiques et
audiovisuels répétés durant 20 ans, surtout à l’époque de "Qui tue Qui
?", ressuscité à l’occasion de cette mini-série.
ARTE,
comme les télévisions publiques françaises, n’en est pas à sa première
production où l’Algérie est, inévitablement, maltraitée, comme un
pays-prototype de gâchis politique, et concurrence souvent les deux victimes
préférées des programmateurs de cette télévision, à savoir la Chine et la
Russie, boucs émissaires préférés d’ARTE.
Leur propension à donner des leçons n’est pas propre
au "Régime" car d’autres productions ont même fini par faire réagir
leurs amis du Hirak, eux-mêmes dépeints comme des
jeunes délurés et immatures politiquement.
Mais bon, à quoi doit-on s’attendre d’une chaine qui
donne un chèque à blanc (et un chèque tout court), à toutes les réalisations
incongrues de Bernard Henri Levy (BHL pour les intimes), le fossoyeur de la
Libye, et dont elle a financé 12 films en dizaines de millions d’euros qui se
sont tous avérés être des bides commerciaux.
A quoi s’attendre d’une chaine dont le traitement des
événements historiques balance entre la sacralité, quand il s’agit d’évoquer
les camps de concentration pour les juifs, et la caricature, quand il s’agit de
parler d’un pays arabe.
A quoi s’attendre, également, d’une chaine qui
représente l’instrument froid d’une élite européenne qui semble avoir
l’obsession de connaitre mieux que les peuples des pays du Sud, leurs destins.
Si la
fiction est libre, la critique l’est aussi. Le scénariste qui est un
franco-algérien ne cache pas ses accointances extra artistiques, puisqu’il
déclare, avec des approximations vérifiables, que : "dans mes recherches,
j'ai appris par exemple qu'en 2014 l'Allemagne a ouvert des usines d'assemblage
de véhicules tout-terrains militaires alors que le peuple, lui, a besoin de
bien autre chose".
A priori, Abdel Raouf Dafri
n’est pas seulement scénariste mais également expert en armements, ministre de
l’Industrie, géopoliticien et accessoirement sociologue de la Nation algérienne
!
Ce dont a besoin le peuple est d’abord de la décence.
Que son pays ne soit plus décrit comme habitant une République bananière, où le
droit est absent, où un Etat "Couscoussier" inapte à la Bonne
gouvernance.
Ce qui est navrant et triste est que cette mini-série
a été faite avec l’argent du contribuable français et allemand, sans qu’on leur
demande leur avis.
ARTE est
cofinancée à hauteur de 140 millions euros par le couple franco-allemand, dopée
aux subventions de l’UE, et ce depuis 20 ans pour produire des documentaires
biaisés par le Wokisme rédactionnel.
Et si les médias européens sont faciles quand il
s’agit de critiquer les médias publics algériens, on est en droit de s’indigner,
en tant qu’Algériens, sur la destination de l’argent du contribuable européen
consacré à ternir l’image de ses partenaires stratégiques.
C’est
pour ces raisons que "Alger Confidentiel" est un programme
supplémentaire issu de ces subventions subjectives et orientées, sans égard aux
gouts de la masse. Car à ARTE, c’est connu, "la masse" ne réfléchit
pas. Car, en définitive, ce qui est "confidentiel" est le 1,3%
d’audience de cette chaine en France et 2,9 de points en audience cumulée avec
l’Allemagne.
On reprochera toujours aux Algériens d’être
paranoïaques en ce qui concerne l’atteinte à l’intégrité de leur pays ou les
tentatives d’ingérence diplomatique ou culturelle. Et c’est le cas.
La production audiovisuelle et culturelle autour de
l’Algérie a toujours privilégié l’angle uniquement rédhibitoire de la vision
européenne qui s’exprime parfois au Parlement de Strasbourg, à Bruxelles ou à
ARTE. Et si l’on doit être réellement paranoïaque, il y’a tout de même lieu de
s’interroger pourquoi cette mini-série a été tournée en grande partie au Maroc
qui a accueilli, à bras ouvert, les équipes d’ARTE.