ECONOMIE- ETUDES ET ANALYSES- ETUDE COFACE /CROISSANCE
ALGERIE 2022
La Compagnie française d'assurance pour le commerce extérieur (Coface)
anticipe “une reprise contrainte” de l’économie algérienne “malgré des prix élevés
des hydrocarbures”. En 2022, indique l’assureur-crédit français, “la
croissance, largement dépendante du marché des hydrocarbures (près d’un tiers
du produit intérieur brut et plus de 93% des recettes d'exportations),
ralentira avec l’affaiblissement de l’effet de base, tandis que la production
de pétrole pourrait reprendre son déclin structurel lié à un
sous-investissement dans le secteur”. La Coface prévoit une augmentation des
investissements directs étrangers, mais qui resteront faibles.
“La suppression du plafonnement des participations étrangères au capital
des sociétés locales ne pourra générer qu’un léger surcroît, car elle exclut
les secteurs les plus attractifs (hydrocarbures, mines…)”, estime l’organisme
français d’assurance-crédit. Les faibles flux d’investissement et le refus du
gouvernement de faire appel à l’endettement extérieur, indique la Coface,
“continueront de faire pression sur les réserves de changes, en baisse depuis
2014 (de 193 milliards de dollars, elles sont tombées à 45,5 milliards de
dollars en septembre 2021)”.
Dans son évaluation, l’assureur-crédit français fait état de la réduction
du déficit du compte courant en 2021, dans le sillage du déficit commercial, en
raison de la forte reprise des prix et des volumes d'exportation
d’hydrocarbures, ainsi que des politiques d’encadrement des importations. Le
déficit courant continuera de se resserrer, pour l’exercice en cours, “puisque
ces politiques de restrictions des achats de l’étranger (principalement sur les
machines et les denrées alimentaires) continueront de réduire la facture
d’importations”, prévoit la Coface. “Malgré la fermeture du Gazoduc
Maghreb-Europe, la forte demande italienne et espagnole devrait se traduire par
une croissance des exportations de gaz”, note, par ailleurs, l’assureur-crédit
français.
En revanche, les exportations hors hydrocarbures, composées principalement
d’engrais, de produits minéraux, chimiques et de produits agroalimentaires
(dattes, sucre) resteront modestes cette année. La Coface constate que
“l'investissement public, concentré dans les secteurs des hydrocarbures, des
infrastructures et du logement, a repris en 2021 après le gel en 2020”.
Selon l’organisme d’assurance-crédit, les pouvoirs publics favoriseront, cette
année, “notamment le secteur des mines (fer, phosphate), en suivant le
programme national d’exploitation minière 2021-2023”. Cependant, soutient-il,
“la reprise de l’investissement sera largement limitée par la fragilité
budgétaire, tandis que sa part privée sera contrainte par l’environnement des
affaires encore difficile, malgré l’abrogation (hors secteurs stratégiques), en
juin 2020, de la loi plafonnant à 49% la participation étrangère dans une firme
algérienne, et un nouveau soutien aux startup”.
La Coface table sur une diminution du déficit public “grâce à une hausse de
9% des recettes pétrolières prévues par l’état”. Cependant, il restera élevé en
raison des importantes dépenses de fonctionnement et d’équipement de l’état, et
du poids des transferts sociaux (9,5% du produit intérieur brut). Alors que la
dette publique s’alourdit, l’endettement extérieur restera faible (moins de 1%
du produit intérieur brut), le pays étant encore réticent à solliciter une
assistance extérieure pour financer l'important déficit.