DEFENSE- DOCUMENTS POLITIQUES- PLAN AFRICAIN CONTRE LE
TERRORISME/UA (février 2022)/ PROPOSITION ALGERIE
L'Algérie a appelé, dimanche 6 février 2022, au 35e sommet
de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, pour la finalisation du deuxième Plan
africain de lutte contre le terrorisme, l'activation du Fonds spécial africain
de lutte contre le terrorisme, la mise en place d'une liste africaine des
personnes et des groupes impliqués dans le terrorisme, ainsi que la
concrétisation du projet de mandat d'arrêt africain.
La nouvelle vision de l'Algérie de la
lutte contre le terrorisme en Afrique, contenue dans le rapport du président de
la République Abdelmadjid Tebboune, présenté, à cette
occasion, par le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale
à l'étranger, Ramtane Lamamra,
se traduit par «la finalisation du deuxième Plan africain de Lutte contre le
terrorisme qui viendrait remplacer celui adopté par l'UA en 2003, conformément
au mémorandum sur les piliers d'une action commune de l'UA contre le fléau du
terrorisme et de l'extrémisme violent soumis par l'Algérie, en sa qualité de
coordonnateur de la lutte contre le terrorisme en Afrique, et adopté par la
Conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement». «Il
est question également d'opérationnaliser le Fonds spécial africain de lutte
contre le terrorisme et l'activation du Sous-comité de lutte contre le
terrorisme relevant du Conseil de paix et de sécurité». Parmi les propositions
de l'Algérie dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l'intégrisme
violent en Afrique, figure celle de «la mise en place d'une liste africaine des
personnes, groupes et entités impliqués dans des actes terroristes, y compris
les combattants terroristes étrangers».
La vision algérienne plaide également pour «la concrétisation du projet de
mandat d'arrêt africain, instrument dont le Conseil de paix et de sécurité a
mis en évidence la nécessité lors de sa séance de novembre 2018 consacrée au
phénomène terroriste en Afrique».
Le Président Tebboune, à travers cette nouvelle
vision, réitère l'engagement de l'Algérie à «accompagner l'action de l'UA dans
le domaine de la prévention et de la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme
violent, afin de préserver la paix et la stabilité et promouvoir le développement
durable de notre continent».
Il a souligné qu'en dépit des efforts consentis par la communauté
internationale dans la lutte contre l'extrémisme violent et le terrorisme, «ce
fléau continue de sévir dans plusieurs pays du monde, en particulier sur notre
continent, où la menace terroriste a pris des proportions alarmantes, notamment
dans la région sahélo-saharienne».
Il a relevé, en outre, que «la menace est accentuée par les risques
qu'engendrent le déplacement et le retour des terroristes étrangers,
conséquence de la déconfiture des groupes terroristes, notamment au
Moyen-Orient». L'Algérie soutient que «les liens avérés entre le terrorisme et
le crime transnational organisé sont de nature à alimenter les groupes
terroristes en moyens financiers colossaux, à travers notamment le payement de
rançons, drogue, traite humaine, contrebande et le piratage».
Elle a fait observer, à ce propos, que l'effort en matière de lutte contre le
terrorisme et l'extrémisme violent «butte sur le redéploiement qui s'opère en
profitant des moyens de large mobilisation qu'offre l'espace virtuel, après
avoir perdu la bataille dans l'espace physique. Le cyberespace devient ainsi
«un théâtre d'endoctrinement et de recrutement pour les groupes terroristes»,
ajoute le Président Tebboune, soulignant que
l'accroissement de l'utilisation des technologies de l'information et de la
communication et de l'accès aux réseaux sociaux «offre des opportunités
inespérées à l'extrémisme d'accroitre sa capacité de nuisance».
«La radicalisation est en phase de gagner davantage de terrain, en particulier
au sein des couches de populations les plus défavorisées sur le plan
économique», a prévenu le Président Tebboune dans son
rapport.
Dans le même contexte, il a évoqué dans son rapport les «conséquences
désastreuses» de la pandémie de la Covid-19 et la récession économique
engendrée sur les pays africains qui se voient dans «l'obligation d'affecter
des ressources, qui se raréfient davantage, pour développer des stratégies et
acquérir des moyens de riposte à la menace terroriste».
«Au titre de l'accomplissement de son mandat de coordonnateur sur la lutte
contre le terrorisme et l'extrémisme violent en Afrique, confié par la
Conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement de l'UA en 2017, l'Algérie a
organisé, conjointement avec l'UA à Alger, en avril 2018, une réunion de haut
niveau de l'UA sur la lutte contre le financement du terrorisme», a-t-il
rappelé.
Les conclusions de cette réunion ont été adoptées par le Conseil de paix et de
sécurité en novembre 2018, qui a demandé à la Commission et aux Etats membres
de «mettre rapidement en œuvre les décisions et recommandations de la réunion
de haut niveau», précise le document, ajoutant qu'elles ont également été
présentées par l'Algérie lors de la Conférence sur la lutte contre le
financement de Daesh et Al-Qaida organisée à Paris sous le thème «No money for terror».
Consciente de l'impacte de ce fléau sur la paix et la
stabilité dans la région et au développement durable en Afrique, l'UA, a
affirmé le Président Tebboune, «s'est efforcée à
développer un large éventail d'instruments juridiques et organisationnels pour
endiguer l'expansion de ce phénomène sur le continent. Ainsi, une Convention de
prévention et de lutte contre le terrorisme a été adoptée en 1999, suivie d'un
Plan d'action de lutte contre le terrorisme en 2004».
Le Président Tebboune a tenu à affirmer, dans ce
rapport, que «la bataille contre le terrorisme et l'extrémisme violent ne
pourrait être gagnée en l'absence d'une approche compréhensive basée sur un
déploiement, sur un double front, à savoir la lutte contre les groupes
extrémistes, mais aussi et surtout en termes de prévention et d'efforts de dé-radicalisation».
Il a rappelé, à cette occasion, que «l'Algérie a toujours plaidé pour une approche
globale et intégrée dans les stratégies à mettre en œuvre, pour mieux
appréhender et combattre le terrorisme et la criminalité au niveau national et
international». «Mon pays a proposé, au courant de l'année 2021, une nouvelle
approche africaine, susceptible d'encadrer et de stimuler la prévention et la
lutte contre ce fléau, à travers une lettre adressée au président en exercice
de l'UA, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi Tshilombo», a-t-il
encore rappelé.
Cette nouvelle approche africaine proposée par l'Algérie consiste, a-t-il
expliqué, à «impulser un nouveau souffle à l'effort collectif de prévention et
de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, et tenant compte de la
situation d'instabilité que connait la région Sahélo-Saharienne et
l'aggravation de la menace terroriste et des autres menaces connexes sur
plusieurs région du continent». Ainsi, cette nouvelle vision, a précisé le chef
de l'Etat, est «basée sur une série de propositions visant à renforcer les
efforts collectifs des Etats africains et les mécanismes de l'UA en matière de
lutte contre le terrorisme».
Elle vise également à «redynamiser les institutions et renforcer les mécanismes
de l'UA de lutte contre ce phénomène transfrontalier et dangereux, en intégrant
les nouveaux concepts, moyens et ressources d'ordre normatif et opérationnel
afin d'améliorer l'action africaine», a indiqué le Président Tebboune.