ECONOMIE-
ETRANGER- DOING BUSINESS/SCANDALE FAVORITISME DG FMI
Six mois après le scandale "Doing
Business", la patronne du FMI reste sous surveillance
©latribune.fr (avec AFP et Reuters), 05 Févr 2022
Les soupçons de favoritisme
au profit de la Chine continuent de poursuivre Kristalina
Georgieva, directrice générale du FMI. En dépit de la
"pleine confiance" accordée par son conseil d'administration, elle va
devoir composer avec l'audit de ses procédures par des experts indépendants,
mené par Jens Weidmann, ancien président de la Bundesbank.
Kristalina Georgieva a beau avoir été maintenue à son poste
de directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) en octobre
dernier, elle fait désormais l'objet d'une surveillance rapprochée.
L'institution financière, dont le conseil d'administration avait pourtant assuré
la dirigeante de sa "pleine confiance", vient de faire appel à un
panel d'experts indépendants pour auditer ses procédures. C'est l'ancien
président de la Bundesbank, Jens Weidmann, qui en prend la tête.
En décembre, le FMI a annoncé qu'il allait remettre
à plat ses procédures suite au scandale "Doing
Business" qui avait éclaboussé sa patronne quelques mois plus tôt. Dans ce
cadre, ce groupe d'experts est chargé de renforcer les garde-fous
institutionnels afin de préserver la crédibilité du fonds monétaire.
Déterminer les responsabilités
Selon un communiqué, le panel doit "procéder
à un examen indépendant pour déterminer comment le Fonds peut s'assurer qu'il
dispose de canaux solides et efficaces en cas de plaintes, de désaccords et
pour déterminer les responsabilités." Le travail comprendra également
l'examen du cadre actuel du FMI pour le traitement des plaintes à l'encontre de
la directrice générale et des responsables du conseil d'administration. Le
panel doit finaliser un rapport et transmettre des recommandations au conseil
d'administration d'ici fin mars 2022.
Président de la banque fédérale allemande pendant
10 ans, Jens Weidmann a quitté son poste en octobre, cinq ans avant la fin de
son mandat, après avoir exprimé son désaccord avec la politique monétaire de la
Banque centrale européenne (BCE). Il était auparavant président du conseil
d'administration de la Banque des règlements internationaux et conseiller
économique de l'ancienne chancelière allemande Angela Merkel. Il sera épaulé
par Susan Raines, professeur au sein de l'université américaine de Kennesaw State University, par Olufemi Elias, juge au tribunal administratif de la Banque
islamique de développement et professeur de droit à l'université Queen Mary de
Londres et par Ruben Lamdany, ancien directeur
adjoint du Bureau indépendant d'évaluation du FMI et ancien économiste
principal de la Banque mondiale.
Le scandale "Doing Business"
En septembre 2021, Kristalina
Georgieva a été mise en cause suite à des soupçons de
favoritisme au profit de la Chine. Il lui a ainsi été reproché d'avoir fait
pression sur ses équipes pour la rédaction du rapport "Doing
Business" 2018, alors qu'elle était directrice générale de la Banque
mondiale. Cela aurait conduit à une manipulation des données afin de conférer à
la Chine un classement plus favorable sur la facilité à faire des affaires. Ces
allégations ont été publiées dans le rapport d'enquête du cabinet d'avocats WilmerHale, engagé par le Conseil des administrateurs de la
Banque mondiale. Un deuxième rapport sur l'incident est attendu dans les
prochains mois.
La dirigeante bulgare, qui a succédé à Christine
Lagarde à la tête du FMI fin 2019, a beau avoir toujours nié vigoureusement ces
allégations et reçu le soutien en apparence de son conseil d'administration
ainsi que de plusieurs gouvernements européens, dont la France, la confiance
n'est donc pas entièrement rétablie. Les Etats-Unis et le Japon avaient ainsi
émis quelques réserves lors de l'annonce de son maintien en octobre dernier.
Bien que favorable au maintien de Kristalina Georgieva à son poste, la secrétaire d'État au Trésor
américain, Janet Yellen, avait appelé à des "mesures proactives" pour
renforcer la crédibilité du FMI.