CULTURE-
PERSONNALITE- KATEB YACINE (II/II)
© Wikipédia….Texte revu et corrigé (février 2022)
En 1962, après un
séjour au Caire,
Kateb est de retour en Algérie peu après les fêtes de l'Indépendance. Il
reprend sa collaboration à Alger républicain, mais effectue entre
1963 et 1967 de nombreux séjours à Moscou,
en Allemagne et
en France tandis que La Femme sauvage, qu'il écrit entre 1954 et
1959, est représentée à Paris en
1963. Les Ancêtres redoublent de férocité et La Poudre
d'intelligence sont représentés à Paris en 1967 (en arabe dialectal
à Alger en 1969). Il
publie en 1964 dans Alger républicain six textes sur Nos
frères les Indiens et raconte dans Jeune Afrique sa
rencontre avec Jean-Paul Sartre,
tandis que sa mère est internée à l'hôpital psychiatrique de Blida (« La
Rose de Blida », dans Révolution Africaine, juillet
1965). En 1967, il part pour le Viêt Nam,
abandonne complètement la forme romanesque et écrit L'Homme aux
sandales de caoutchouc, pièce publiée, représentée et traduite en arabe en
1970.
La même année,
s'établissant plus durablement en Algérie et se refusant à écrire en français,
Kateb commence, « grand tournant », à travailler à l'élaboration d'un
théâtre populaire, épique et satirique, joué en arabe dialectal.
Débutant avec la troupe du Théâtre de la Mer, fondé et dirigé par Kadour Naimi à Kouba en 1971, prise
en charge par le ministère du Travail et des Affaires sociales, Kateb parcourt
avec elle pendant cinq ans toute l'Algérie devant un public d'ouvriers, de
paysans et d'étudiants. Ses principaux spectacles ont pour titres Mohamed
prends ta valise (1971), La Voix des femmes (1972), La
Guerre de deux mille ans (1974) (où réapparaît l'héroïne
ancestrale Kahena) (1974), Le Roi de l'Ouest (1975)
[contre Hassan II], Palestine
trahie (1977). Entre 1972 et 1975, Kateb accompagne les tournées
de Mohamed prends ta valise et de La Guerre de deux
mille ans en France et en RDA. Au retour de la
tournée en France, le groupe est délocalisé de Kouba à Bab el-Oued.
Kateb est par la suite « exilé » en 1978 par le pouvoir algérien
à Sidi-Bel-Abbès pour
diriger le théâtre régional de la ville. Interdit d'antenne à la télévision, il
donne ses pièces dans les établissements scolaires ou les entreprises. Ses
évocations de la souche berbère et de la langue tamazight,
ses positions libertaires, notamment en faveur de l'égalité de la femme et de
l'homme, contre le retour au port du voile, lui valent de nombreuses critiques.
Kateb avait définitivement opté
pour un théâtre d'expression populaire. Dès le départ, la langue utilisée dans
ses pièces était l'arabe maghrébin. Mais cela ne lui suffisait pas : il
rêvait de pouvoir faire jouer ses pièces en kabyle dans les régions kabylophones. En 1986, Kateb livre un extrait d'une pièce
sur Nelson Mandela, et reçoit en 1987
en France le Grand prix national des Lettres. En 1988, le festival d'Avignon crée Le
Bourgeois sans culotte ou le spectre du parc Monceau écrit à la
demande du Centre culturel d'Arras pour le bicentenaire de la Révolution française (sur Robespierre). Kateb s'installe
à Vercheny (Drôme) et fait un voyage
aux États-Unis, mais continue à
faire de fréquents séjours en Algérie. Sa mort laisse inachevée une œuvre sur
les émeutes algériennes d'octobre 1988. En 2003, son œuvre est inscrite au
programme de la Comédie-Française.Instruit dans la langue du colonisateur, Kateb considérait la
langue française comme le « butin de guerre » des Algériens.
« La francophonie est une machine
politique néo-coloniale, qui ne fait que perpétuer
notre aliénation, mais l'usage de la langue française ne signifie pas qu'on
soit l'agent d'une puissance étrangère, et j'écris en français pour dire aux
Français que je ne suis pas français », déclarait-il en 1966. Devenu
trilingue, Kateb a également écrit et supervisé la traduction de ses textes en
berbère. Son œuvre traduit la quête d'identité d'un pays aux multiples cultures
et les aspirations d'un peuple.Il meurt le 28
octobre 1989 à Grenoble, à l'âge de 60 ans d'une leucémie, le même jour que son cousin Mustapha
Kateb. Il est enterré au cimetière d'El Alia, à Alger.Il est le père de Nadia
Akkache, Hans Jordan et Amazigh Kateb, leader et chanteur du groupe Gnawa Diffusion.
Il est également l'oncle du plasticien