POPULATION- ENQUETES ET REPORTAGES- COÛT
NAISSANCE ENFANT
© Horizons, Farida Belkhiri, samedi 5
février 2022
Les naissances en Algérie, ça coûte de
plus en plus cher. Entre les frais d’accouchement, les soins, la nourriture et
les couches, c’est 200.000 DA au minimum.
La baisse des mariages n’est pas la seule raison de la
décroissance de la natalité en Algérie. Un bébé, ça coûte cher. Ces dernières années, en raison de la crise économique
et financière, ayant impacté négativement le pouvoir d’achat des citoyens, les
nouveaux couples, notamment, ne peuvent plus faire beaucoup d’enfants. Les
frais de grossesse sont déjà élevés. Entre les analyses, les soins, les
médicaments et les vitamines, c’est 3.000 DA/mois au minimum. Un accouchement dans une clinique privée est facturé à partir de
100.000 DA. Dans le secteur public, c’est certes gratuit, mais la prise en
charge laisse à désirer, selon des témoignages. «Dans
les hôpitaux, les équipes médicales retardent la date de l’accouchement au
maximum, mettant parfois la vie du bébé en danger. Elles poussent ainsi les
couples à faire appel aux cliniques privées qui assurent, certes, une meilleure
prise en charge mais en cas de complications, les parturientes sont orientées
vers les structures publiques», rapporte un père dont
l’épouse a accouché récemment dans une clinique privée. Dans le privé, les
accouchements se font généralement par césarienne, cela engage des frais
supplémentaires en matière de soins, avec 4.000 DA au minimum par jour. «Si les cliniques privées étaient conventionnées avec la
CNAS, les frais auraient été amortis. Au lieu de payer par exemple 100.000 DA
la clinique privée, on paierait 20.000 DA»,
explique-t-il.
Par ailleurs, si la maman n’allaite
pas son bébé, c’est minimum 4.000 DA/mois de lait infantile. La marque la moins
chère coûte plus de 500 DA la boîte. Celle de qualité, c’est à partir de 1.000
DA. Sans oublier qu’il faut débourser au minimum 4.000 DA/mois pour les
couches. Si une famille compte un nourrisson et un enfant en bas âge, c’est
6.000 DA de couches par mois.
Selon les estimations de l’Association pour la
protection des consommateurs El Aman, un nouveau-né, c’est 15.000 DA/mois en
moyenne de dépenses. «Si la maman est obligée de faire
garder son bébé dans une crèche ou même chez une nourrice, c’est 8.000 DA au
minimum qu’il faut débourser. Les prix des crèches ont considérablement
augmenté depuis la crise sanitaire. Une crèche de qualité, c’est au moins
15.000 DA», indique le président de cette association,
Hacene Menouar. «Plus
l’enfant grandit, plus les frais augmentent : nourriture, vêtements,
soins médicaux, scolarité…», ajoute-t-il.
La plupart des couples ayant deux enfants que nous
avons approchés comptent ne pas en faire de troisième. «Nous
n’aurons plus de quoi manger», disent la plupart d’entre eux.