COMMUNICATION- ETRANGER- CONCENTRATION MEDIAS FRANCE 2022/MATHIEU
PIGASSE
©31/01/2022
- par SC avec AFP
Auditionné
par le Sénat, Matthieu Pigasse, propriétaire du
magazine Les Inrocks ou de Radio Nova, a pris la défense des petits groupes de
presse et appelé à des réformes en profondeur.
À contre-courant des discours vantant la
concentration des médias pour résister aux géants du numérique, le président du
groupe Combat, Matthieu Pigasse, s'est posé vendredi
28 janvier en défenseur des petits groupes de presse, lors d'une audition au
Sénat. Le banquier d'affaires, propriétaire du magazine Les Inrocks ou
de Radio Nova, a déroulé ses propositions pour garantir le pluralisme, passant
selon lui par une réforme de la loi sur les communications de 1986, «pré-numérique et donc préhistorique», et par le financement de médias de taille plus
réduite.
Sans s'opposer à l'émergence de champions
français, comme ambitionnent de le devenir TF1 et M6 avec leur projet de
fusion, Matthieu Pigasse a martelé la nécessité de
préserver la «voix particulière» des
acteurs indépendants. Rappelant l'effondrement des recettes et la hausse des
coûts dans la presse, liés notamment à la distribution, il a insisté sur les
difficultés des petits groupes à trouver du capital, «quasiment aucune banque» ne
voulant parier sur eux.
«Repenser les aides à la presse»
«Il faut que l'on réfléchisse collectivement à la manière
de leur assurer le meilleur financement possible», a défendu le président de Combat, devant un
auditoire visiblement séduit par ses propos. Face à la «position dominante» occupée
par Radio France, le dirigeant a ensuite durci le ton. «Je suis propriétaire d'une petite radio, Nova, face à un
groupe qui représente 54% du marché global, avec un tiers des fréquences, et
qui ne subit aucune des contraintes que nous subissons. Je pense qu'il faut
repenser les aides à la presse, et les moduler en fonction de certains critères»,
a-t-il proposé.
«Le seul critère qui est vraiment objectif, c'est l'indépendance,
et plus de 50% des aides vont à des groupes qui n'ont pas la presse comme
activité principale», a regretté l'homme d'affaires, se
distanciant des grands industriels auditionnés depuis 15 jours par le
Sénat. «Je sais que je vais en faire hurler certains, mais on
devrait réserver ces aides pour les groupes dont la presse est l'activité
centrale, voire unique», a-t-il défendu.
Délit d’intervention abusive
Alors qu'il vient de céder l'essentiel de
ses parts dans Le Monde à
son associé Xavier Niel, Matthieu Pigasse est revenu
sur sa trajectoire au sein du groupe, qu'il a présenté comme un exemple de «stricte séparation entre le pouvoir actionnarial et
éditorial» inédit en Europe. Le banquier
d'affaires, qui a tancé «une
volonté d'instrumentalisation de certains médias» en France, voudrait même aller plus loin avec la
création d'un délit d'intervention abusive d'un actionnaire dans la ligne
éditoriale d'un média.