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Cheval Barbe (II/II)

Date de création: 28-01-2022 12:36
Dernière mise à jour: 28-01-2022 12:36
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AGRICULTURE- ELEVAGE- CHEVAL BARBE (II/II)

© Kamel BOUSLAMA , Blog, www.radio-m.net,  01/01/22 19:01

 

Cavaliers  numides : «Ils manœuvraient avec la grâce «d’un vol d’oiseaux»

La première mention de la cavalerie numide nous est faite par l’historien grec Polybe lors de la première guerre punique en Sicile sur un général carthaginois nommé Hannon, il cite : «Hannon, voyant les Romains affaiblis, épuisés par la famine et par les maladies qu’engendrait une atmosphère empestée, […] prit avec lui, outre cinquante éléphants, son armée entière, et se dépêcha de sortir d’Héraclée. Il donna ordre aux cavaliers numides de pousser en avant, d’approcher le plus possible du retranchement des ennemis, de chercher à exciter par leurs provocations la cavalerie romaine, puis de battre en retraite jusqu’à ce qu’ils l’eussent rejoint». C’est la première mention que nous avons de l’utilisation des cavaliers numides par Carthage, et également de leurs tactiques dans les batailles.

Sur leurs chevaux Barbe, les cavaliers numides furent présents dans tous les affrontements importants des trois Guerres Puniques jusqu’à la défaite finale de Carthage, à partir du pacte passé entre Hamilcar Barca et Naravas à l’époque de la Guerre des Mercenaires. Ils furent utilisés massivement par Hannibal, général carthaginois, qui parvint à aligner plus de 4 000 de ces cavaliers à Cannes (région des Pouilles, dans le sud-est de l’Italie)[

L’historien romain Tite-Live, quand à lui,  rapporte que les cavaliers numides «emportaient deux chevaux et qu’ils sautaient du cheval fatigué à celui qui était frais, très souvent au moment le plus acharnée de l’échauffourée[ . Coureurs instinctifs, ils étaient réputés pour ne pas utiliser de selle ou des rênes. Guidant leurs chevaux avec la pression de leurs jambes, ils utilisaient seulement une baguette pour les diriger et manœuvraient avec la grâce «d’un vol d’oiseaux». Toutefois, le géographe grec Strabon affirme qu’ils passaient des cordes autour du cou du cheval, en guise de rênes[ : «là galopent librement les cavaliers numides, sur leurs chevaux sans rênes qu’ils font obéir avec une baguette souple, aussi efficace qu’un mors, et dont ils jouent entre les oreilles de leurs montures».

Les auxiliaires maures de la Colonne Trajane ainsi que les peintures murales de la région du Tassili N’Ajjer confirment l’usage d’une simple corde attachée à la tète du cheval sans mors dans la bouche, ce qui leur valut de la part de Romains le qualificatif «sine frenis» (sans mors).

Traditions équestres, la fantasia nous vient du fond des âges

En Algérie les origines de la fantasia remontent à la nuit des temps. C’est une véritable répétition d’un rituel guerrier pratiqué par les ancêtres, en l’occurrence les cavaliers numides dans leur résistance face à l’armée romaine. Aujourd’hui, la fantasia célèbre une fête religieuse (waàda), une fête civile ou alors le cheval lui-même, comme c’est le cas à Tiaret ou à M’doukal (W.de Batna) pour ne citer que ces deux localités. Et le cheval barbe, symbole de la fierté des populations des hautes plaines steppiques jouit d’une place privilégiée dans la vie affective du bédouin. Sa maniabilité en fait un cheval de fantasia par excellence.

La fantasia est alors soumise à un ensemble de comportements codifiés. L’ambiance, engendrée par les cavalcades bruyantes des groupes, les coups de feu retentissants et l’odeur de la poudre, est très particulière.

Dans l’ouest et le centre du pays, on peut assister encore à des fantasias de groupes qui s’opèrent avec au moins une dizaine de cavaliers qui galopent cote à cote et arrêtent leurs montures après la salve de coups de feu et ce, à quelques mètres à peine des spectateurs.   

A l’est du pays, les cavalcades s’effectuent par vagues successives de deux ou trois cavaliers et la fantasia devient exhibition de haute voltige et de jeux d’adresse.

La beauté des costumes des cavaliers ainsi que le harnachement des chevaux  procurent des sensations uniques. Pour témoigner des traditions hospitalières du peuple algérien, ces manifestations populaires se terminent toujours par des agapes joyeuses et conviviales, dont les méchouis et les couscous qui très souvent rivalisent de saveur et de finesse.

Autour du cheval et comme pour l’honorer, se sont à ce jour formés de grands artisans selliers, tant leur amour à façonner des harnachements et des selles brodées de fil d’or et d’argent s’apparente à de l’art proprement dit. Alors, pour tout dire, question qui tombe sous le sens : tant le cheval Barbe que la Fantasia qui perpétue sa renommée mondiale ne devraient-ils pas figurer au patrimoine immatériel de l’humanité ? N’est-il pas grand temps de procéder au dépôt de leur dossier pour classement à l’Unesco en tant que patrimoine national prouvé, fondé et ce, avant que d’autres pays ne se l’approprient au détriment de l’Algérie ?