HABITAT- PERSONNALITES- KAMEL LOUAFI (ARCHITECTE
PAYSAGISTE)
Architecte paysagiste algérien installé
à Berlin, Kamel Louafi a su s'imposer dans le monde
créatif du paysagisme par des projets de jardins, de places et de parcs de
grande envergure, dont certains sont inspirés des arts islamiques, faisant de
lui une icône du dialogue interculturel. Ce natif de Batna, qui qualifie le
métier qu'il exerce depuis une trentaine d'années de «geste
humaniste d'une grande importance pour le bien-être de toute société», a obtenu
un prix d'honneur dans le cadre du Prix
national d'architecture et d'urbanisme 2021, pour avoir conçu le jardin
islamique Oriental de Berlin, et un autre prix d'honneur du prix Aurasis de l'association Forum des Aurès. Après avoir
démarré sa carrière par une formation de topographe-cartographe, il a été cartographe
au service des eaux et forêts pour l'inventaire forestier des Beni-Imloul de 1976 à 1979. Ensuite, il a étudié le paysagisme
entre 1980 et 1986 à l'université technique de Berlin en Allemagne.
Kamel Louafi, pour qui l'envie d'un jardin ou d'un parc
correspond à «une envie de voyager et de s'échapper du
quotidien», a travaillé au sein d'une importante agence de paysagisme à Berlin
comme chef de projet principal. Il a, par la suite, créé sa propre agence en
1995 et s'est lancé dans l'aventure de conception de grands projets
architecturaux, comme les jardins et parcs de l'exposition universelle à
Hanovre, l'espace de la place d'Hermès, la place des Rois à Cassel, la place
d'Airbus à Brême, le parc de loisirs «Ziban Palmeraie» à Biskra, pour ne citer que ceux-là.
Auteur en parallèle d'une série de films et d'ouvrages sur le paysagisme, il
est également à l'origine des jardins de la mosquée Cheikh Zayed
bin Sultan Al Nahyan à Abou Dhabi, du jardin
islamique Oriental et la salle de réception dans les Jardins du monde à Berlin.
Appelé aussi Jardin des quatre fleuves, le jardin islamique Oriental de Berlin,
qui lui a valu le prix d'honneur du Prix national d'architecture et d'urbanisme
2021, est installé dans le parc de récréation de Marzahn.
K. Louafi présente ce jardin, qui «illustre les arts
islamiques et les cultures de différents pays s'étirant de l'Afrique du Nord à
l'Inde et liés par l'islam», comme «une contribution au dialogue interculturel
avec les jardins chinois, japonais, chrétien, juif et balinais».
«Le jardin est une expression culturelle, il est comme une carte de visite. Il
est à Berlin un peu l'ambassadeur de la culture musulmane»,
avance cet architecte paysagiste, dont l'œuvre complète a été décorée d'un prix
d'honneur lors de la 7e édition du prix Aurasis de
l'association Forum des Aurès en décembre 2021. «Le
projet s'appuie sur des formes primaires de l'art islamique. Je me suis
concentré dans mon concept sur une expression de l'époque mérinides 1492 en
Andalousie», explique-t-il encore à propos de cet espace inauguré en 2005.
Concernant le jardin dans le sens le plus large, l'architecte paysagiste qui
tente, par l'ensemble de ses réalisations, de «montrer la fusion d'éléments
d'Orient et d'Occident», estime qu'actuellement les jardins «sont devenus des
lieux de nostalgie et de préservation de la nature».
Les deux prix d'honneur obtenus en décembre 2021 représentent «beaucoup» pour
lui, car une distinction dans le pays d'origine a une «valeur importante» et
prouve que le travail réalisé jusque-là trouve «admiration et respect» chez ses
compatriotes, se réjouit-il.
Pour ses futurs projets : «Le voyage de la Pyramide», une illusion au milieu de
la ville qui se veut une action artistique sur la restitution des objets
confisqués par la colonisation, est une installation itinérante en cours de
réalisation, a-t-il confié.