Date de création: 31-12-2021 11:48 Dernière mise à jour: 31-12-2021 11:48 Lu: 673 fois
ENVIRONNEMENT- ETUDES ET ANALYSES-
CATASTROPHES EN ALGERIE /RAPPORT BM 2021
Plus de 99 % des zones boisées d’Algérie sont confrontées à un risque
d’incendie moyen ou élevé, selon un rapport de la Banque Mondiale.
Dans le chapitre consacré aux catastrophes naturelles contenu dans le
« Rapport de suivi de la situation économique » en Algérie, élaboré
par la Banque mondiale et publié ce mois de décembre 2021, il est précisé que le
nombre de départs de feu augmente depuis 2010 et la période de surveillance et
de mobilisation des services de lutte contre les incendies de forêt « a
été allongée depuis les incendies de 2016 et 2020 ».
« Les pertes annuelles sont estimées entre 15 et 19 millions de dollars.
En 2020, l’indemnisation versée aux victimes s’élevait à environ 6 millions de
dollars », est-il noté.
L’Algérie est, selon la même source, exposée à d’autres risques
climatiques. « Les périodes récurrentes de sécheresse intense qui ont
commencé en 1977 constituent une menace pour les ressources hydriques déjà
rares du pays. L’érosion des sols affecte plus de 13 millions d’hectares du
territoire national, qui perd chaque année près de 400 000 hectares. La
désertification menace plus de 17 millions d’hectares dans les zones de
steppes. L’érosion côtière entraîne des coûts directs à hauteur de 313 millions
de dollars par an (0,2 % du PIB) », est-il détaillé.
Il est indiqué que les zones urbaines sont particulièrement exposées aux
catastrophes naturelles. « 86 % de la population vivait en 2008 dans les
villes et la population urbaine devrait doubler d’ici 2030. Neuf Algériens sur
dix vivent dans les régions côtières du Nord, qui ne représentent que 12,6 % du
territoire national. Cette situation a entraîné la prolifération et la
marginalisation de quartiers informels, la construction de logements de
fortune, ainsi que la congestion des transports, la pollution et la vulnérabilité
aux risques majeurs », précise la Banque mondiale.
D’après le même rapport, Alger est vulnérable
aux risques climatiques, en particulier les tremblements de terre et les
inondations, et aux impacts des changements climatiques « en raison de sa
forte densité de population, de son taux d’urbanisation élevé et de sa
situation géographique ».« La région est exposée aux tremblements de
terre, aux tsunamis, aux inondations, à l’érosion côtière, aux glissements de
terrain et aux pénuries d’eau. Concernant les risques d’inondation, 53 % des
zones les plus densément peuplées d’Alger risquaient d’être inondées en 2021.
En termes d’infrastructures essentielles, 42 % des grands axes routiers, 19 %
des écoles, 21 % des hôpitaux et 41 % des casernes de pompiers de la capitale
sont situés dans des zones exposées à des risques d’inondation. De même, les
bidonvilles et la Casbah sont les plus vulnérables à l’activité
sismique », est-il précisé.
Selon le même rapport, entre 1954 et 2021, les inondations dévastatrices ont
été, en Algérie, plus fréquentes que les tremblements de terre, mais ces
derniers ont causé des pertes économiques plus importantes et frappé le plus
grand nombre de personnes.
Il est précisé dans le rapport que le nord de l’Algérie est sujet à de forts
épisodes sismiques qui ont causé 6 771 décès et plus de 10 milliards de dollars
de pertes économiques entre 1954 et 2021 : « Les tremblements de terre
sont la cause principale de pertes économiques et ont touché plus de personnes
que toutes les autres catastrophes naturelles. Les tsunamis représentent
également une menace pour les zones côtières du pays, avec des pertes annuelles
moyennes s’élevant à 170 000
dollars ».« Entre 1954 et 2021, les inondations ont représenté 60%
des événements catastrophiques en Algérie, impactant plus de 800 000 personnes
sur l’ensemble du territoire, et représentant plus de 1,5 milliard de dollars
de pertes économiques. Le nord du pays concentre les principaux risques
d’inondations dues aux crues des oueds et au ruissellement urbain. Le pays est
de plus en plus vulnérable aux inondations en raison des effets combinés du
réchauffement climatique et de l’urbanisation rapide », est-il souligné.
Selon les estimations, le nombre de tempêtes exceptionnelles frappant l’Algérie
pourrait croître d’environ 41 %, générant des inondations, des glissements de
terrain et des dégâts importants.
En 2021, l’Algérie a subi de nombreuses catastrophes climatiques, dont les crues subites qui ont
touché, fin octobre, Alger. « Causées par des précipitations
soudaines et abondantes, ces inondations ont succédé aux incendies de forêt
dévastateurs de cet été et à une longue période de sécheresse qui a considérablement
réduit la sécurité hydrique du pays », est-il noté.
« Au cours des 15 dernières années (2004–2019), les dépenses publiques
annuelles allouées à la réponse aux inondations, aux tremblements de terre et
aux incendies de forêt se sont élevées en moyenne à 255 millions dollars. Alors
que les impacts des catastrophes naturelles historiques, essentiellement de
nature locale, n’ont eu en Algérie que des conséquences limitées sur les
agrégats macroéconomiques, ces catastrophes ont eu de nombreux impacts territoriaux
et redistributifs négatifs », est-il souligné.
Selon la Banque mondiale, l’impact économique des catastrophes historiques ne
reflète que partiellement les risques auxquels le pays est confronté.
« Des évaluations probabilistes indiquent que les pertes potentielles
liées aux catastrophes pourraient atteindre environ 0,7 % du PIB en moyenne et
par an, soit presque le double de la moyenne historique, cela étant largement
influencé par le potentiel dévastateur d’une catastrophe sismique majeure en
milieu urbain », a-t-elle averti.
L’institution financière mondiale souligne que l’Algérie a lancé des plans
qualifiés ambitieux pour lutter contre les effets du changement climatique et
s’adapter à ses conséquences, « à travers l’élaboration d’une stratégie
visant à intégrer les différentes activités sectorielles qui
soutiendront le renforcement de la résilience aux risques climatiques et de
catastrophe ».Elle reprend le Plan national climat qui anticipe les effets
suivants : « dégradation du couvert végétal et des sols entraînant une
érosion accrue, des événements météorologiques extrêmes plus fréquents (pluies
torrentielles, sécheresse, canicules, feux de forêt, submersion marine, etc.),
élévation du niveau de la mer, perturbation des zones côtières et des milieux
marins, perturbation de la recharge des aquifères, du ruissellement de surface,
de l’envasement ou du remplissage des barrages-réservoirs et détérioration de
la sécurité alimentaire et augmentation des déplacements de population dus à
l’avancée du désert ».
La Banque mondiale indique que l’Algérie dispose d’un cadre juridique moderne
de gestion des risques de catastrophe (GRC), un cadre clair de prise de
décision en matière d’intervention d’urgence, et reconnaît l’importance de
protéger les infrastructures stratégiques et les secteurs essentiels.« De sérieux efforts de réduction des risques ont été
menés, surtout dans la gestion des interventions d’urgence et la
reconstruction, au détriment de la prévention. De plus, le partage de
l’information n’est pas systématique, entraînant des incohérences notamment
dans la prévention des catastrophes, et l’application de la législation GRC
peut être améliorée. Des efforts importants devraient encore être fournis pour
la réduction et la gestion globale et intersectorielle des risques climatiques
et de catastrophe », préconise-t-elle.
Elle indique que plusieurs mécanismes de coordination intersectorielle de GRC
ont été mis en place, tels que la Commission nationale pour la protection des
forêts (CNPF), l’Organe national de coordination pour la lutte contre la
désertification (ONC/LCD) et le Comité intersectoriel chargé d’assister la
Délégation nationale aux risques majeurs (DNRM). « Cependant, la mise en
œuvre de ces différents mécanismes n’est pas efficace.Suite à l’approbation de la Loi n° 04/2046,
de nombreuses évaluations sectorielles des risques ont été menées. Par exemple,
un Atlas des zones inondables basé sur des données spatiales recense 865 sites
à risque dans tout le pays. Pour les risques sismiques, de nombreuses études
utilisent la cartographie des risques, le micro-zonage, la vulnérabilité, le
risque urbain et les géotechniques », est-il relevé.
La Banque mondiale indique que depuis 2000, d’importants moyens humains et
financiers ont été mobilisés pour protéger les villes algériennes exposées aux
risques d’inondation et depuis le séisme d’El
Asnam (Chlef) de 1980, un nombre important d’études ont été menées sur les
différentes composantes du risque sismique.