ENVIRONNEMENT – DÉCHET -DÉCHETS MÉNAGERS 2020
Depuis
le début des
années 2000, l’Algérie tente de s’engager
dans l’amélioration de la qualité de l’environnement et la promotion du cadre
de vie des citoyens.
Les insuffisances constatées sur le terrain montrent,
cependant, que les moyens mis en œuvre demeurent faibles et doivent
être renforcés pour que le pays enclenche sa transition environnementale vers
une économie circulaire (un système économique d’échange et de production
qui vise à augmenter l’efficacité de l’utilisation des
ressources et à diminuer l’impact sur l’environnement) qui devra être un levier
important pour la croissance économique.
De ces insuffisances, l’on citera le taux de recyclage des déchets ménagers
qui n'a pas dépassé les 10% sur l'ensemble des déchets collectés en 2020, tel
qu’évalué par des responsables de l'Agence nationale des déchets (AND), fin
décembre 2021.
La quantité de déchets ménagers recyclés en 2020 s'élève à près de 1,3
million de tonnes, une quantité jugée “très faible” par rapport à celle
produite durant la même année, soit 13,5 millions de tonnes. La volonté
politique à promouvoir une gestion saine et intégrée des déchets a été
affichée.
La gestion des déchets ménagers et assimilés (DMA)
constitue un des principaux défis auxquels
les pouvoirs publics sont confrontés
en permanence, car l’accroissement des quantités de
déchets dû à la forte expansion démographique, à la croissance
des activités économiques et à l’urbanisation rapide pose de sérieux problèmes
environnementaux, sanitaires et financiers.
Le pays a déployé, au cours des deux dernières décennies, des efforts tant
dans la prise en charge des
DMA que pour les déchets “spéciaux” et “spéciaux
dangereux” (DS/DSD). Des investissements significatifs entre 2002 et 2017
d’environ 88 milliards de dinars, dont 41 milliards de dinars destinés au
matériel de collecte et de transport et 37 milliards de dinars pour la réalisation
d’infrastructures dédiées au traitement des déchets (centre d’enfouissement
technique ou CET, centre de tri, déchetterie, etc.) ont été réalisés.
Néanmoins, de l’aveu même du Premier ministre, la gestion des déchets
ménagers nécessite une révision. Le dernier rapport de l’AND 2020 fait
ressortir que l’indice de performance sur la gestion actuelle des déchets en
Algérie est évalué à 5,38, ce qui est considéré comme une performance moyenne.
Pour que le service assuré soit performant, il doit dépasser la barre des 7,
précise le document.
Recyclage de 1,3 million de tonnes de
déchets
L’évaluation de l’état des installations et des décharges sauvages soulève de
sérieuses contraintes techniques et managériales. “Il s’agit, en l’occurrence,
de la saturation précoce des casiers, de la pollution du sol et des eaux
souterraines par l’écoulement et/ou l’infiltration des lixiviats hors casiers,
des biogaz issus de la dégradation anaérobique de la matière organique, de
l’exploitation non conforme au guide de gestion des CET…”, explique le rapport.
Ces défaillances sont dues, estiment les rédacteurs de ce bilan, “soit à
des erreurs de conception, de réalisation, soit provoquées lors de leur mise en
exploitation”. Pour faire face à toutes ces contraintes, les responsables de
l'AND plaident pour l'intensification des efforts, afin de généraliser le tri
sélectif des déchets au niveau de la source “bennes”, avant leur arrivée au
CET, affirmant que la benne à ordures contient 80% de déchets recyclables via
le tri sélectif.
Le chef de service d'audit à l'AND, Abdellah Aïchour,
a souligné, dans ce sens, que le tri sélectif des déchets ménagers à la source
(bennes) est “très faible”, ajoutant que 45% de déchets ménagers sont
transférés vers les CET (101 CET au niveau national), tandis que les 55%
restants sont déversés dans les points noirs ou des décharges anarchiques.
Pour sa part, la responsable du service des déchets ménagers à l'AND, Akila Boudraâ, a insisté sur
l'impérative amélioration du système de récupération et de valorisation des
déchets, et souligne que les métaux et les produits en plastique rapportent, à
eux deux, un gain estimé à 69 milliards de dinars/an.
Or, “certains obstacles freinent la participation des opérateurs
économiques surtout à cause du difficile accès au gisement des déchets au
niveau des installations de traitement”, déplorent les rédacteurs du même
rapport.
La plupart des opérateurs, indique le document, ne disposent, en outre, pas
d’un foncier suffisamment adapté aux activités de valorisation des déchets. Ce
qui influe directement sur la capacité de tri, de stockage et de valorisation.
Les installations de traitement et les décharges brutes constituent, selon
les responsables de l’AND, des facteurs de pollution potentiels de
l’environnement, notamment les cours d’eau et les nappes phréatiques.
De son côté, la responsable du
service d'appui des entreprises à l'AND, Samia Madoui,
a rappelé que la gestion des déchets ménagers coûte à l'État près de 127,05
milliards de dinars/an, soit 0,76% du produit intérieur brut (PIB). La gestion
des déchets au niveau des CET coûte au Trésor public 58 milliards de dinars,
a-t-elle ajouté.