HISTOIRE- TEMOIGNAGES-
GUERRE DE LIBÉRATION NATIONALE/RADIO ALGERIE LIBRE
Moudjahid,
ancien ministre, président de l’Association des anciens du ministère de l’Armement et des Liaisons générales (MALG), Dahou Ould Kablia
est revenu sur le rôle de la radio secrète durant la guerre de
Libération. «Une arme dont l’écho se faisait entendre
partout à l’étranger», a-t-il affirmé, lors d’une conférence animée, jeudi 16
décembre 2021, par la radio algérienne, au Centre culturel Aïssa-Messaoudi.
L’occasion
s’y prête car il s’agit de la commémoration du 65e anniversaire de la création
de la radio de la Révolution.Sa création a été
l’œuvre de feu Abdelhafid Boussouf,
chef de la wilaya V historique, rappelle Ould Kablia, afin de faire «retentir la voix du peuple algérien»
et constituer une «arme médiatique au service de la lutte armée».
Créée le 16 décembre 1956 , la radio siégeait dans un petit camion et comptait
un groupe de jeunes étudiants parmi les grévistes de mai 1956, a-t-il fait
savoir. L’ancien ministre de l’Intérieur a mis en exergue le rôle important des
rédacteurs et techniciens.
En dépit des conditions difficiles. La Radio secrète présentait un contenu
divers entre communiqués militaires, commentaires politiques et réponses à des
allégations coloniales. «Elle a œuvré à mobiliser le peuple algériens et
informer ultérieurement sur les visites effectuées par les responsables du GPRA
à l’étranger».
Conscients du rôle des médias pour contrecarrer l’influence des médias
colonisateurs, les leaders du FLN donnèrent naissance à une radio : «La Voix de
l’Algérie libre et combattante» (Sawt El Djazair El Moukafiha), qui de la
frontière ouest a émis son premier message sur les ondes : «ici, la Radio de
l’Algérie libre et combattante, la voix du Front de libération s’adresse à
vous, du cœur de l’Algérie». Cette dernière fera éclore un réseau de 16 radios
à travers le monde arabe, du Caire à Baghdad,
Benghazi, Damas et Rabat, mais également des pays de l’Europe de l’Est. Ce
réseau contribuera fortement à faire connaître les revendications de la cause
algérienne. Le conférencier a évoqué «l’appui» que le
FLN avait reçu des pays frères comme l’Egypte via la «Voix des Arabes», la
Tunisie et le Maroc qui évoquaient la lutte armée du peuple algérien et son
droit à la liberté et à l’indépendance. La radio secrète rendait compte des
combats menés par les moudjahidines et produisait une «forme
de propagande» composée de chants patriotiques, de serments religieux et de
commentaires militaires et politiques.
Les présentateurs radios dissimulaient leurs identités derrière des pseudonymes
et adressaient leurs messages en français, en arabe et en kabyle. Le
conférencier a indiqué que «parmi les voix percutantes
à l’époque, voire même après l'indépendance, il y a lieu de citer celle de Aissa Messaoudi, en sus des
autres voix qui se sont données à fond pour l’Algérie». La
«Voix de la révolution» restera gravée dans les mémoires, notamment
celle du journaliste Aissa Messaoudi,
décédé il y plus de 20 ans. Des membres de la délégation extérieure du FLN dont
le professeur Ahmed Taoufik El Madani, l’avocat Abderrahmane Kiouane, présentaient périodiquement des commentaires sur
la Révolution et ont beaucoup contribué à éclairer l’opinion publique arabe et
internationale en expliquant ses objectifs. Ayant également animé les
programmes de la radio secrète, il y avait Cheikh Réda, Madani Haoues et Rachid Abdeslam ainsi que Cheikh El Kadi El Hachemi Tidjani. La radio était
parfaitement adaptée aux conditions socio-économiques des Algériens marqués par
l’illettrisme et la pauvreté. Un outil efficace pour contrecarrer la propagande
mensongère de la France coloniale et mobiliser le peuple algérien autour de
l’objectif de l’indépendance nationale.
Cette radio diffusait ses programmes sur les ondes courtes à raison de deux
heures d’emission/jour, soit une heure en langue
arabe, une demi-heure en kabyle et une demi-heure en langue française, ouvrant
la fréquence par le saint Coran (Sourate Al-Moulk),
«à la demande de Boussouf», avant de passer à 3
plages horaires/jour.
Selon Dahou Ould Kablia, la France a tenté de brouiller la diffusion de la
Radio secrète, «en recourant aux Harkis pour connaitre et bombarder le lieu de
diffusion, ce qui a entrainé l’arrêt de diffusion pour une année, avant de
reprendre son activité à la faveur de nouveaux matériels et d'un nouveau site,
la radio étant même captée au Caire», a-t-il conclu.