CULTURE- PATRIMOINE – FANTASIA
La fantasia est d’origine berbère comme l’attestent les
historiens, et elle remonterait à l’Antiquité. Elle a fait son apparition avec
les chevauchées de la célèbre cavalerie numide de Massinissa, qui ont développé
cette technique qu’on voit aujourd’hui dans la fantasia, technique de combat
par harcèlement à base de charges et de replis rapides.
La toute première représentation d’une fantasia, ce sont des dessins datant du xvie siècle, attribués au peintre flamand Jan Cornelisz Vermeyen (1500-1559).
Intitulé a posteriori « Une fantasia à Tunis », et éventuellement ses deux autres
dessins, intitulés « Tournoi militaire à Tunis », les trois exécutés lors de la
conquête de Tunis en 1535 par l’empereur Charles Quint.
D’autres peintres, et c’est juste un rappel, ont immortalisé cette fantasia
notamment Eugène Fromentin « Fantasia Algérie », une huile peinte
en 1869 et se trouvant au musée Sainte-Croix, Poitiers, déposé par le musée
d’Orsay et dans son œuvre « Une année dans le Sahel » (en Algérie). Lors de son
escale à Boutlelis dans l’Oranie, l’auteur J.
A. Bolle décrit ainsi cette exhibition équestre :
« Les cavaliers se donnent aussi souvent le plaisir d’exécuter des
fantasias, exercice qui consiste à faire faire des bonds, des sauts et des
cabrioles à son cheval, à le faire caracoler, se cabrer, ruer, hennir, piaffer
avec colère, blanchir son mors d’écume. » La fantasia est signalée à la fin du
XVIIIe siècle par les témoignages de voyageurs au Maghreb (donc Afrique du
Nord) elle sera formellement connue, et prendra ce nom de fantasia, dès 1832,
grâce au peintre français Eugène Delacroix et les tableaux qu’il en fait. Elle
deviendra ensuite l’un des sujets de prédilection des peintres orientalistes
les plus illustres, tels qu’Eugène Fromentin ou Marià
Fortuny.
18 septembre 1860, une fantasia a été organisée en l’honneur de Napoléon III,
le 18 septembre 1860, à Maison-Carrée, dans les environs d’Alger, dans laquelle
on a pu compter entre six et dix mille cavaliers.
La fantasia a même été transportée en Nouvelle-Calédonie avec l’arrivée des
déportés algériens, elle s’y perpétue depuis la fin du XIXe siècle.
L’un des plus grands livres d’Assia Djebar, l’académicienne algérienne,
s’intitule l’Amour, la Fantasia, publié en 1985.
La fantasia est aussi propre à l’Algérie, elle est pratiquée dans plusieurs
villes et villages que ce soit à l’Est, dans les Aurès, pays numide ou le noyau
de la Numidie très présente, ainsi qu’au Centre ou à l’Ouest ; Hodna, Oasis, Dahra, Titteri, Sersou, Saoura, Tafna et Sahara