CULTURE- POÉSIE- DJAMILA AMRANE MINNE
Djamila Amrane-Minne,
née Danièle Minne, est une écrivaine, poétesse, militante et professeure des
universités née le 13 août 1939 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et morte
le 11 février 2017 à Alger.
Fille et belle-fille d'activistes
communistes condamnés à mort, elle est une militante du Front de libération
nationale, une porteuse de valise et une poseuse de bombe pour le compte du FLN
à Alger durant la guerre d'Algérie. Elle bénéficie de l'amnistie générale de
1962.
Installée en Algérie, après
l'indépendance, elle devient le premier professeur en histoire de nationalité
algérienne. Mariée durant la guerre à Khellil Amrane, tué peu avant le cessez-le-feu, elle épouse en
secondes noces le frère de Khellil Amrane, Rabah Amrane. Elle porte
en prénom son nom de guerre, Djamila. Durant les années 1990, fuyant la
violence en Algérie, elle enseigne l'Histoire de la décolonisation en France, à
l'Université Toulouse II-Le Mirail ; elle est membre du Groupe de recherche sur
l'histoire immédiate.
Les parents de Danièle Minne, Jacqueline
Netter, d'origine rouennaise, et Pierre Minne, professeur de philosophie,
arrivent en Algérie en 1948. Jacqueline Netter se remarie, en 1950, avec
Abdelkader Guerroudj, militant du Parti communiste algérien
; institutrice à Négrier (aujourd'hui Chetouane) puis
à Aïn Fezza près de Tlemcen elle adhère au Parti
communiste algérien (PCA). En avril 1955, Jacqueline et Abdelkader Guerroudj sont expulsés pour leurs activités. Après avoir
passé quelques mois en France, ils rentrent à Alger et participent à partir de
janvier 1956 à l'organisation des Combattants de la libération et du Réseau
bombes de Yacef Saâdi. Ils
sont tous les deux condamnés à mort comme complices de Fernand Iveton, seul Européen guillotiné durant la guerre
d'Algérie, mais seront graciés, avec Djamila Bouazza
et Djamila Bouhired, le 8 mars 1962.
Danièle Minne participe en 1956 à la
grève des étudiants et rejoint la rébellion des nationalistes algériens sous le
nom de Djamila. Membre du « réseau bombes » du FLN durant la bataille d'Alger,
elle fait partie du groupe de jeunes femmes poseuses de bombes dans les lieux
publics d'Alger, en particulier les cafés fréquentés par la jeunesse, causant
la mort de plusieurs personnes.
Le samedi 26 janvier 1957, Danièle qui
est encore mineure (17 ans) participe à un triple attentat du FLN dans trois
brasseries de la rue Michelet, située dans le quartier européen. Elle pose sa
bombe dans le bar Otomatic à Alger, tandis que ses
complices déposent d'autres engins explosifs au Coq-Hardi et à La Cafétéria.
Le bilan de ces attentats est de «
quatre femmes tuées, 37 blessés hospitalisés dont 21 femmes, dont deux dans un
état alarmant » selon Le Journal d'Alger.
Condamnée le 4 décembre 1957 à sept ans
de prison, incarcérée à la prison de Barberousse, transférée en suite en
France, elle est libérée en avril 1962 du centre pénitentiaire pour femmes de
Rennes et amnistiée en application des Accords d'Évian.
Après l'indépendance de l'Algérie,
Danièle Minne opte pour la nationalité algérienne et devient Djamila Amrane lors de son mariage en 1964. Elle travaille à
l'université d'Alger puis, après un doctorat d'État (1988), devient en 1999
professeur d'histoire et d'études féminines à l'université de Toulouse.
Outre des poèmes, elle a écrit plusieurs
ouvrages, dont l'un fondé sur 88 entretiens réalisés entre 1978 et 1986, sur la
participation des femmes algériennes à la
« Guerre de libération ».
Des poèmes de Djamila Amrane figurent parmi ceux de vingt-six auteurs dans Espoir
et parole, anthologie de poèmes algériens essentiellement écrits durant la «
guerre de libération » et rassemblés par Denise Barrat, que publie en 1963
Pierre Seghers, avec des illustrations d'Abdallah Benanteur.
Trois de ces poèmes ont été écrits à la
prison de Pau, Vous m'avez appelée, fenêtres de prison et Pourquoi ? en 1959,
Sept années de guerre en mai 1961. Danièle Amrane a
reçu le 1er prix Jeune Afrique en octobre 1962.
La nouvelle Le Couscous du rêve de Danièle
Amrane a été publiée dans Alger-républicain en 1963. Boqala, publié dans Espoir et parole, a été repris dans
'Algérie-Actualité en 1967.
Boqala reste un des plus beaux poèmes de la
guerre »