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Essai Rachid Khettab- "Docteur Lamine Debaghine.Un intellectuel chez les plébéiens"

Date de création: 09-12-2021 11:33
Dernière mise à jour: 09-12-2021 11:33
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HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-ESSAI RACHID KHETTAB- “DOCTEUR MOHAMED LAMINE DEBAGHINE.UN INTELLECUEL CHEZ LES PLÉBÉIENS

 Docteur Mohamed Lamine Debaghine.Un intellectuel chez les plébéiens (Préface de Djilali Sari) .Essai de Rachid Khettab, Les Editions Dar Khettab,  par Daho Djerbal. Boumerdès  2021, 400  pages, 1500 dinars

Il est né à Hussein Dey (et non à Cherchell ainsi que beaucoup le pensent.Il y a effectivement vécu son enfance et il y est allé à l’école primaire). Collège (Blida). Baccalauréat….avec pour condisciples plus jeunes S. Dahlab, B. Benkhedda,M. Yazid, R.Abane, A. Boumendjel ….Maître d’internat au lycée Duveyrier de Blida (lycée Ibn Rochd ).  Ancien de l’Aeman, déjà militant du Ppa  , il aura une influence capitale dans leur politisation . Etudes de médecine (par accident , dit-il, car pour un Algérien à l’époque , on ne pouvait espérer devenir que professeur dans l’enseignement ou avocat), interrompues par des « séjours-prison »  ….Sétif  comme remplaçant du Dr Francis…..Installation à Saint Arnaud (El Eulma) … il y a habité.

La suite  est une grande aventure .Doctrinaire de l’aile activiste du Ppa -Mtld (celle qui enfantera l’Os) en 1947, opposant à Messali Hadj en 1949   (à propos de la rénovation du Ppa-Mtld et de la mise en place d’une stratégie de la lutte armée comme moyen de libération), occupant plusieurs postes importants au cours de la guerre de libération ,dont celui de  ministre des Affaires extérieures du Gpra après avoir  dirigé « avec autorité et intelligence » (F.Abbas, dixit) le bureau central du Caire……

 

 

Lui, c’est le Dr Mohamed Lamine Debaghine (décédé le 20 janvier 2003 à l’âge de 86 ans et enterré au cimetière de Sidi M’hamed) …..qui n’ a déposé son dossier de retraite (moudjahid) qu’en 1988….à l’âge de 71 ans.Il avait, aussirefusé un poste d’ambassadeur (du temps de Boudiaf) , il n’avait répondu à une invitation officielle qu’une seule fois (du temps de L. Zeroual) et il avait refusé la « sollicitude » de Bouteflika ….et le Colonel Ouamrane dira de lui : « Les deux personnes les plus honnêtes de la révolution algérienne furent Abane Ramdane et Lamine Debaghine » (p 324)

Un document à lire absolument.Alors député à l’Assemblée française, il prononça, lors des débats concernant le Statut de l’Algérie en 1947,  un discours retentissant.Une plaidoirie remarquable pour affirmer l’existence de la Nation algérienne et le rétablissement de la souveraineté, comme il dénia à la France de légiférer au nom du peuple algérien.Il revendiqua « une Assemblée constituante algérienne souveraine, seule légitime pour décider de l’avenir de l’Algérie ».Hocine Ait Ahmed dira de lui : « Lamine était fantastique ! »

L’Auteur : Sociologue de formation, diplômé d’universités (Montpellier et Paris) , après avoir exercé plusieurs métiers , il fonde sa maison d’édition en 2006.....et ce,  afin d’offrir au public des ouvrages de référence dans différents domaines.Déjà deux dictionnaires biographiques à caractère historique : « Frères et compagnons » consacré » aux Algériens d’origine européenne et de confession juive durant la Guerre de libération nationale et « Des amis, des frères » qui traite des soutiens internationaux à la lutte de libération nationale

 

Sommaire : Préface/Introduction/ 1ère partie (6 chapitres)/ 2ème partie (4 chapitres)/ 3ème partie (1 chapitre)/ 4ème  partie  (6 chapitres)/ 5ème partie (2 chapitres)/Conclusion/Bibliographie/Annexe/Table des matières

Extraits « La conscience politique de Lamine Debaghine est née de la juxtaposition de la revendication indépendantiste chère aux militants de la vieille garde de l’Ena, issus de l’émigration ouvrière et de l’émergence au sein de la société  algérienne d’une nouvelle couche urbaine moderniste née dans l’ombre de la colonisation , dont Lamine Debaghine est issu.Cette société est en pleine ébullition et sa culture n’a pas encore coupé totalement avec la culture traditionnelle » (p25), « Le débarquement des Américains fut l’un des moteurs de la dynamique de changement qui s’est opérée dans la mentalité des Algériens.Il a constitué sur plusieurs points une rupture, un choc tellurique qui ébranla à jamais leur perception qu’ils avaient de la suprématie de la France  et l’impératif de penser à la refondation d’une nation , d’un Etat » (pp 58-59), « Ils (les « trois B ») avaient besoin de civils parmi eux.Il leur fallait des têtes politiques.Ils s’allient aux civils, pour partager le pouvoir, mais dès que ces civils les contestent, ils les remettent à leur place » (p256)

Avis : Un ouvrage qui, enfin,   « rend à  César ce qui appartient à César ». Un illustre « méconnu » - du grand public-  du Mouvement national,des années 40 jusqu’à l’indépendance.C’est, peut-être , le vrai père de la Diplomatie algérienne .  Une personnalité et un rôle si peu mis en valeur….comme beaucoup d’autres presque victimes  des « non-dits » de notre histoire contemporaine  et du rôle de l’intellectuel dans le processus de prise de conscience nationale. Il est vrai que « sa doctrine reposait sur une martyrologie sans référent religieux, une forme de mysticisme de l’engagement politique.Il n’était pas seulement homme de pensée , mais homme d’action »(p 357). Sorte d’électron « libre », au caractère trop  « trempé », sans « soutien », se retrouvant presque toujours dans des positions fragiles. Trop (Très ?) Dérangeant ?

Citations : « J’ai toujours joué le rôle de remplaçant ; même plus tard lorsque la situation était difficile, on faisait appel à moi » (M-L Debaghine, p 384)