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Récit mémoriel Daho Djerbal- "Lakhdar Bentobbal.Mémoires de l'intérieur" (I/II)

Date de création: 09-12-2021 11:25
Dernière mise à jour: 09-12-2021 11:25
Lu: 652 fois


HISTOIRE- BIBLIOTHEQUE D’ALMANACH-RÉCIT MÉMORIEL DAHO DJERBAL-“LAKHDAR BENTOBBAL.MÉMOIRES DE L’INTÉRIEUR” (I/II)

Lakhdar Bentobbal.Mémoires de l’intérieur. Récit mémoriel par Daho Djerbal. Chihab Editions, Alger 2021, 399 pages, 1200 dinars

On aimera ou ou n’aimera pas…..Mais on ne ne peut que respecter et saluer  le travail d’enregistrement , de recherche , de transcription et de rédaction effectué par Daho Djerbal (« Un travail accompli en présence et avec la collaboration pour l’entretien du  Pr Mahfoud Bennoune » -aujourd’hui décédé-, ancien membre de l’Aln, ancien secrétaire du colonel Bentobbal …).Un travail qui a commencé fin décembre 1980 et achevé en juillet 1986.  Un travail  à chaque fois soumis à l’appréciation critique de Bentobbal.Un travail refusé d’édition par la défunte Sned (qui ne voulait garder que les initiales de toutes les  personnes citées ,  car le « livre était un brûlot pour la conjoncture de l’époque » !), et par les éditeurs français qui ne voulaient pas publier les deux tomes , mais un seul….. condensé, destiné surtout au « lectorat français ». Tout cela du vivant de Lakhdar Bentobbal. Un travail qui a attendu 35 années l’ «  accord »  de la famile Bentobbal (Voir l’entretien de Daho Djerbal accordé à Mustapha Benfodil/ El Watan, lundi 22 novembre 2021)

A vrai dire, il était temps que cet ouvrage , tant et tant attendu , paraisse, restituant aux Algériens, jeunes et moins jeunes, les détails (et non plus les généralités, ainsi que les « vérités » publiées outre-mer ) d’un pan important de leur Histoire.

Important et cela se vérifie au fil des pages, Bentobbal allant au fond des choses, et n’épargnant personne, lui-même et son environnement y compris. Le tout, accompagné chaque fois d’une analyse politique assez fine , ce qui permet de mieux comprendre les situations de l’époque…..et même celles d’après -guerre.

Cela a commencé avec la présentation de son enfance, au sein d’une famille milévienne (Mila) au départ extrêmement démunie , dont la vie allait se dérouler dans « une Révolution anonyme »  , avec la découverte du nationalisme, les premières épreuves (Ppa, Aml…) , le 8 mai 45, le tournant électoraliste , les premiers maquis, l’Os, la réunion des « 22 »…

Suit « l’An I de la Révolution par les armes » (et la mort de Didouche » , un « guide ») , les passes difficiles, le 20 août 55, l’organisation du peuple et la marche vers le Congrès de la Soummam….et, cerise sur le gâteau, un témoignage palpitant et assez dircet  du Colonel Ouamrane (p 286 à 304), cet autre grandissime  baroudeur, ayant pris le maquis bien  avant novembre 1954.

Et cela se termine avec « le tournant de la Soummam », la préparation et la tenue du Congrès et toutes les questions de « primauté », l’épreuve des faits, dont la mort de Zighout Youcef, la crise des Aurès -Nementcha, le deuxième congrès de la wilaya II….,  la question du pouvoir (dont l’arrestation des « cinq »), la grève des 8 jours…..et le départ « pour un autre monde » (pour la Tunisie !)

Vivement les « Mémoires de l’extérieur » ! Croisons les doigts.

 

 

 

Les Auteurs : Maître de conférences en histoire contemporaine (Université d’Alger).Directeur de la revue «  Naqd », depuis 1993. Plusieurs travaux en histoire économique et sociale….Et, il s ’oriente vers le recueil de témoignages d’acteurs de la guerre de libération nationale

-Lakhdar Bentobbal (8 janvier 1923-21 août 2010), originaire de Mila, militant de la lutte d’indépendance dès l’âge de 15 ans,membre du Ppa dès 1940, membre du Groupe des « 22 », Chef de la wilaya II, ministre de l’Intérieur du Gpra, un des négociateurs des Accords d’Evian.    

Sommaire : Avertissement/ Une Révolution anonyme (huit chapitres) / L’An I (trois chapitres)/ Le tournant de la Soummam (trois chapitres)/ Annexes/ Index des noms

Extraits : « Il y avait la domination des notables sur nos parents, la domination des hommes sur les femmes, des aînés sur les cadets, des adultes sur les enfants et, par dessus-tout, il y avait le colonialisme français qui trônait tout en haut de la pyramide de l’oppression (….) C’est dans cet univers oppresif que notre génération a grandi » (Lakhdar Bentobbal, 16), » Ce n’est que plus tard que nous avons compris que la lutte contre la présence française n’était pas la seule que nous avions à mener, qu’il fallait commencer par le début, c’est-à-dire par la transformation des mentalités rétrogrades (L.B , p 33), « Les gens n’ont jamais cru en eux-mêmes ; ils ne se sont jamais coinsidérés comme une force capable de chasser la France.Il était très difficile de les convaincre qu’un peuple, en acceptant le sacrifice suprême et ayant foi en lui-même pouvait l‘emporter sur n’importe quel adversaire.On ne trouvait pas un seul Algérien qui ait eu foi en lui-même » ( L.B, p 51) , « Nous étions jeunes et, comme tous les jeunes, nous avions besoin de héros mythiques ou d’hommes légendaires que nous prenions comme modèles » (L.B , p 92), « Toute loi, tout programme fait par une équipe, que ce soit celle que nous représentions ou une autre qui nous a précédés, n’est en fait qu’en fonction de ce que peut faire l’équipe dirigeante et non pas la base (L.B, p176), « Skikda était la kasma du Mtld la plus importante d’Algérie.C’était l’unique kasma qui comptait 2600 militants et elle venait    avant les        Aurès qui en comptait 2400 » (L.B, p 206), « Les premières institutions de l‘Etat algérien indépendant ont vu le jour dans ces parcelles de terres libérées que les Français avaient déclarées « zones interdites » (L.B,  249)