FINANCES- CONJONCTURE-
ECONOMIE ALGERIE/ RAPPORT FMI 22.11. 2021
Le conseil
d’administration du FMI a examiné le rapport de la mission de consultation
conduite sur l’Algérie du 14 septembre au 3 octobre 2021. A ce titre, le Fonds
monétaire a reconnu dans son rapport que les mesures prises au cours de cette
année par l’Etat algérien ont sauvé l’économie du pays.Le conseil d’administration du FMI «a salué les
réformes envisagées par l’Algérie, visant à renforcer les attributions de la
Banque d’Algérie et a félicité les autorités algériennes pour leur stratégie de
relance de la croissance et de réduction de la dépendance de l’économie
vis-à-vis des hydrocarbures». Le CA du FMI a également «salué
le nouveau plan d’action du Gouvernement, tout en partageant les priorités de
réformes identifiées pour aider à la transition de l’Algérie vers un modèle de
croissance plus inclusif et durable», indique un communiqué du ministère du
Commerce, qui rappelle que la reprise graduelle est toujours en cours, avec une
croissance économique projetée à plus de 3% cette année.
L’économie protégée,
mais les vulnérabilités persistent
Le conseil
d’administration du FMI a cependant relevé des vulnérabilités persistantes, qui
s’expliquent par la Covid-19 et la prépondérance des hydrocarbures dans la
structure de l’économie algérienne, mais «pas que»,
souligne Geneviève Verdier, cheffe de mission du FMI en Algérie. «Les déséquilibres macroéconomiques de longue date causés
par la politique budgétaire expansionniste menée depuis plusieurs années a
contribué à porter les déficits extérieurs courants à des niveaux élevés»,
écrit-elle dans son rapport du 4 octobre dernier. Le FMI met le doigt sur les
conséquences de cette situation, qui a «réduit», selon
elle, «considérablement la marge de manœuvre des décideurs actuels, obligés de
compresser les importations, contrôler les dépenses internes et booster la
production locale», l’endettement extérieur étant exclu de manière formelle par
le président Tebboune. «Ces
mesures ont permis de protéger l’économie», reconnaît le FMI.
Politique monétaire et
flexibilité du taux de change
Les déficits budgétaires
et extérieurs se sont creusés en 2020, passant de 62,8 milliards de dollars en
2019 à 48,2 milliards de dollars à la fin de 2020. «Ça
aurait pu être pire estiment plusieurs spécialistes», mais «ça aurait pu être
mieux», pense le FMI. «Il faut soutenir la stabilité
macroéconomique et promouvoir une croissance durable, résiliente et inclusive»,
indique le CA du FMI qui met l’accent «sur la nécessité de poursuivre les
efforts de la consolidation budgétaire en adaptant son rythme et sa composition
à l’évolution de la pandémie et aux conditions économiques nationales afin de
protéger les populations les plus vulnérables». Le Fonds monétaire préconise
aussi l’amélioration de l’efficacité du secteur public et la diversification
des sources de financement du budget. A la fin, le conseil d’administration du
FMI a recommandé le «calibrage de la politique
monétaire tout en l’associant à une plus grande flexibilité du taux de change».
L’endettement extérieur
exclu par le président
Le FMI avait prévu en
début octobre dernier l’essoufflement à moyen terme de la croissance que
connait l’Algérie ces derniers temps. Elle avait justifié sa prévision par «l’érosion probable de la capacité de production dans le
secteur des hydrocarbures dans un contexte de réduction des projets
d’investissements décidée en 2020». «De l’avis de
l’équipe de la mission, la persistance de déficits budgétaires élevés à moyen
terme engendrerait des besoins de financement sans précédent, qui épuiseraient
les réserves de change, et présenteraient des risques pour l’inflation, la
stabilité financière et le bilan de la banque centrale. Globalement, la
capacité des banques à prêter au reste de l’économie serait fortement entravée,
ce qui aurait des conséquences négatives pour la croissance»,
avait constaté le FMI. Pour éviter d’en arriver là, le Fonds Monétaire
International recommandait «un ajustement budgétaire
général qui devrait être entamé en 2022 et s’échelonner sur plusieurs années
pour maintenir la viabilité de la dette. Cet ajustement devrait être étayé par
des politiques visant à améliorer le recouvrement des recettes, à réduire les
dépenses et à accroître leur efficacité». Le rapport
du FMI préconisait aussi «une interdiction de tout
financement monétaire afin dit-il d’endiguer l’augmentation de l’inflation et
l’épuisement rapide des réserves de change, tout en diversifiant les sources de
financement budgétaire y compris à travers le recours à l’emprunt extérieur»,
une recommandation (l’endettement extérieur) que Abdelmadjid Tebboune a exclue lors de sa dernière rencontre avec la
presse nationale. «Ils veulent absolument voir
l’Algérie contracter des prêts auprès du FMI et des organismes financiers
internationaux ! On ne le fera pas ! On est souverains, on fera ce qu’on jugera
bien pour nous.»