Date de création: 17-11-2021 18:15 Dernière mise à jour: 17-11-2021 18:15 Lu: 629 fois
CULTURE- ETRANGER- UNESCO 2021
Créée
en 1946 sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale, l'Unesco aspire à
construire la paix via la culture, la science et l'éducation. Si ce vœu pieux
n'a pas résisté à l'épreuve du réel, l'organisation, qui afêté ses 75 ans vendredi 12 novembre 2021,
affiche de nombreux succès.
Sa devise, ambitieuse, est gravée en dix langues sur un mur de pierre érigé
dans son siège parisien : «Les guerres prenant naissance dans l'esprit des
hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de
la paix.»
Quelque 28 chefs d'État ou de gouvernement se sont réunis vendredi soir à
Paris pour célébrer le 75e anniversaire de l'Organisation des Nations unies
pour l'éducation, la science et la culture (Unesco). Dans un message vidéo, le
secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a salué le rôle de
l'Unesco dans la promotion du dialogue et de la compréhension mutuelle.
«À une époque de grandes inégalités, de crise environnementale, de polarisation
et de pandémie mondiale, le rôle de l'Unesco est plus que jamais essentiel pour
restaurer la confiance et la solidarité, assurer un meilleur accès à
l'éducation pour tous, promouvoir la diversité culturelle et accélérer le
progrès technologique pour le bien commun, a déclaré le secrétaire général de
l'ONU. Le travail mené par cette organisation
prouve son importance dans «un multilatéralisme plus interconnecté, inclusif et
efficace qui offre des avantages tangibles aux populations du monde entier»,
a-t-il ajouté
La directrice générale de l'Unesco, Audrey Azoulay, a indiqué, de son
côté, que l'Unesco a été créée «sur la base d'une forte conviction (...) que la
paix doit être établie sur le fondement de la solidarité intellectuelle et
morale de l'humanité». Elle a également souligné le rôle de l'Unesco, notamment
pendant la pandémie de Covid-19, en tant qu'«outil
essentiel». Les chefs d'État ou de gouvernement ont
arpenté des lieux visités par les plus grands intellectuels : côté francophone,
l'anthropologue Claude Lévi-Strauss y prononça dès 1952 un plaidoyer contre le
racisme. L'écrivain malien Amadou Hampâté Bâ y
réclama la protection des traditions orales africaines en 1960.
Cette même année, un autre écrivain, André Malraux, alors ministre français, se
fendit d'un discours immense à l'Unesco : «Il n'est
qu'un acte sur lequel ne prévalent ni l'indifférence des constellations ni le
murmure éternel des fleuves, c'est l'acte par lequel l'homme arrache quelque
chose à la mort.» L'heure était alors à la sauvegarde des temples d'Abou Simbel, construits treize siècles avant J.-C. et que la
construction du barrage d'Assouan en Égypte menaçait d'ensevelir. Sous la
direction de l'Unesco, ces immenses lieux de culte furent découpés pierre par pierre
et déplacés.
Un chantier monumental à la base de la Convention du patrimoine mondial, la
plus connue de l'Unesco, signée en 1972, qui protège aujourd'hui plus de mille
sites culturels et naturels, classés dans 167 pays. «Après
75 ans d’existence, le bilan de l’Unesco est remarquable», particulièrement sur
le patrimoine, remarque Chloé Maurel, chercheuse associée à l'université de la
Sorbonne, spécialiste de cette institution et de l'ONU. D'autant que l'Unesco a
été, toutes ces années, «une tribune où se sont exprimés de nombreux orateurs
et oratrices, une enceinte pour les pays du Sud pour leur permettre de
s’affirmer», poursuit cette historienne, dans une réponse écrite à l'AFP.
L'Unesco, tout au long de son histoire, a ainsi tenté de définir des normes, au
travers de conventions longuement discutées, telles celles sur le droit
d'auteur (1952), le trafic illicite de biens culturels (1972), ou le patrimoine
culturel immatériel (2003), dont la signature a pris... soixante ans. «À l'origine, l'Unesco n'a pas été pensée pour être
opérationnelle. C'est une organisation extrêmement juridique qui a un rôle
essentiellement normatif», souligne Mathilde Leloup,
maîtresse de conférences à l'université Paris 8, autrice d'une thèse portant
notamment sur l'action de l'Unesco au Mali.
L'institution fonctionne en outre «avec très peu de fonds», qui lui «rendent
difficile de mener des actions d'envergure sur le terrain», remarque-t-elle.
Son budget n'est que d'environ 700 millions d'euros par an.
En 2015, l'Unesco a toutefois permis la restauration des mausolées de
Tombouctou par des artisans maliens. Elle est impliquée dans la reconstruction
de Mossoul, détruite par trois années de bataille urbaine contre l'État
islamique, et Beyrouth, après l'explosion du port ayant ravagé son centre en
2020. «L’Unesco est une jeune fille pleine de
projets : 75 ans, c’est la prime jeunesse. La fraîcheur et l'innovation sont intactes», se félicite Matthieu Guével,
son directeur de la communication. Et d'ajouter : «L’Unesco
protège les pyramides d’égypte, la muraille de Chine,
le Machu Picchu, des principes universels. Soixante-quinze ans, ce n’est que le
début de l’aventure.»